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L’interdiction de mendier a produit ses effets dans l’espace public

L'interdiction de la mendicité qui est entrée en vigueur il y a un an dans le canton de Vaud a produit ses effets dans les rues de Lausanne (archives). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Entrée en vigueur il y a un an, l’interdiction vaudoise de la mendicité a produit ses effets dans l’espace public lausannois. Les trottoirs ne sont occupés que très sporadiquement. En 2019, 125 dénonciations ont été transmises à la préfecture. Les Roms, eux, errent.

A Lausanne, « le bilan général, par rapport aux situations antérieures vécues, est considéré comme très satisfaisant. L’interdiction a eu un effet immédiat et très efficace », a indiqué à Keystone-ATS le municipal en charge de la sécurité Pierre-Antoine Hildbrand.

Si les trottoirs ne sont occupés qu’occasionnellement, une mendicité résiduelle existe parfois. Elle est moindre et moins visible, puisque les personnes la pratiquant se mêlent au flux des piétons et le font en marchant, de façon non agressive dans la plupart des cas.

Le dispositif de lutte contre le deal de rue, avec des agents en uniforme qui patrouillent à pied, a beaucoup aidé à concrétiser cette interdiction, estime-t-il.

A la gare

Les personnes interpellées en train de tendre la main, dont certaines pour motifs de toxicomanie, sont systématiquement dénoncées à la préfecture. Environ un quart des dénonciations ont été faites sur le territoire de la gare CFF. Le municipal précise que la Ville sanctionne des comportements, sans distinguer les nationalités.

Il est très rare qu’un montant soit retenu par la police en prévision de l’amende encourue (entre 50 et 100 francs). Pour les personnes sans domicile fixe, la Préfecture délivre une ordonnance pénale, avec une notification via la Feuille des avis officiels. Elle se transforme ensuite en jours-amendes, ce qui a un effet très dissuasif, note encore M.Hildbrand.

Situation préoccupante

Quant aux Roms qui mendiaient à Lausanne, « leur situation est très préoccupante », a déclaré Anne Catherine Reymond, présidente de la communauté chrétienne Sant’Egidio qui avait mené un programme de scolarisation des enfants roms. « La vie est très dure, on sent une grande détresse. »

Une grande majorité des familles qui venaient à Lausanne sont parties en France à Grenoble, à Chambéry, puis au sud, puis en Allemagne. A chaque fois, elles se sont fait chasser, relève Mme Reymond.

L’une est revenue à Lausanne depuis deux mois. Elle espère repartir en Roumanie dans le cadre du projet « Un futur au pays » mis sur pied par Opre Rom et le canton de Vaud. Une opération qui devrait permettre à six familles de se réinsérer dans leur pays.

Précaires du travail

De nouvelles personnes viennent à Lausanne, des familles ou des couples qui tentent intensément de trouver du travail. Les hommes sont engagés pour la journée, dans les domaines de la construction ou de l’agriculture. « Ce sont les grands précaires du travail », explique Mme Reymond. Par effet de chaîne, ils sont les derniers à être reçus dans les structures d’accueil.

Nouvelle réalité, les hommes n’ont pas droit à plus de 90 jours en hébergement d’urgence et se retrouvent à la rue. Le mois d’octobre, froid et humide, a été catastrophique pour un certain nombre de ces personnes, relève-t-elle.

« Une bonne nouvelle dans ce magma complexe et hostile: cinq enfants ont pu reprendre l’école », se réjouit la présidente de Sant’Egidio.

Recours pendant

La loi contre l’interdiction générale de la mendicité est entrée en vigueur le 1er novembre 2018. Elle permet d’infliger une amende de 50 à 100 francs aux personnes tendant la main.

Fin mars, un recours a été déposé à la Cour européenne des droits de l’homme contre l’arrêt du Tribunal fédéral confirmant cette interdiction dans le canton. « Pour l’heure, nous n’avons aucune nouvelle », note Mme Reymond.

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