La Suisse organisera à la mi-juin une conférence sur la paix en Ukraine
Le gouvernement suisse a annoncé ce mercredi qu’il organiserait les 15 et 16 juin une conférence de paix de haut niveau visant à garantir une «paix globale, juste et durable» en Ukraine. Selon la presse helvétique, le président américain Joe Biden pourrait assister au sommet organisé par la Suisse.
Où et quand la conférence aura-t-elle lieu?
Après avoir accepté en janvier d’accueillir un sommet sur la paix à la demande du président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Suisse a annoncé mercredi 10 avril que la conférence devrait avoir lieu les 15 et 16 juin au Bürgenstock, un hôtel cinq étoiles surplombant le lac des Quatre-Cantons, dans le canton de Nidwald.
Après une phase exploratoire qui a consisté à consulter différents États pour étudier les options possibles, le gouvernement suisse a déclaré dans un communiqué que «les conditions pour que la conférence puisse impulser un processus de paix sont remplies dans une mesure suffisante».
La première étape consiste à développer une «compréhension commune parmi les États participants concernant la voie à suivre en faveur d’une paix globale, juste et durable», a souligné le gouvernement suisse. Au cours de la phase exploratoire initiale, la Suisse s’est entretenue avec les États membres du G7, l’UE et des représentants de «pays du Sud» tels que la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil, l’Éthiopie et l’Arabie saoudite, a indiqué le Conseil fédéral.
«La conférence doit servir de plateforme de dialogue de haut niveau pour identifier les voies susceptibles de mener à une paix globale, juste et durable pour l’Ukraine, fondée sur le droit international et la Charte des Nations Unies. Elle vise à développer une compréhension commune des conditions propres à favoriser la réalisation de cet objectif et à déboucher sur une feuille de route concrète pour la participation de la Russie au processus de paix», précise encore le communiqué du gouvernement.
Quels pays pourraient participer à la conférence?
La Suisse a mené un intense travail de relations publiques pour encourager le plus d’États possible à participer à la conférence.
Le président ukrainien, Volodymr Zelensky, a déclaré le 6 avril: «Nous nous attendons à ce qu’il y ait 80 à 100 pays… c’est le nombre de pays, je crois, qui pourront au moins essayer de forcer la Russie à une paix équitable.»
La présence éventuelle du président américain Joe Biden fait l’objet de spéculations. La Neue Zürcher Zeitung (NZZ) a rapportéLien externe mardi, en citant plusieurs sources, qu’il se rendrait en Suisse pour la conférence de paix.
Le gouvernement suisse a très tôt fait savoir qu’il considérait la participation des pays dits BRICS – Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud (moins la Russie) – comme cruciale. Le ministre suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, s’est rendu en Chine et en Inde en février pour promouvoir la conférence. Le ministre de l’Économie, Guy Parmelin, a également discuté de ces projets lors d’une visite au Qatar. Le Bürgenstock Resort appartient à un groupe hôtelier détenu par l’État qatari.
Volodymr Zelensky a déjà présenté un plan de paix en dix points qui prévoit la restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, le retrait de toutes les troupes russes, la protection de l’approvisionnement en nourriture et en énergie, la sécurité nucléaire et la libération de tous les prisonniers de guerre.
Qu’en est-il de la participation russe?
Il est peu probable que la Russie participe au premier cycle de discussions, a déclaré Viola Amherd, la ministre suisse de la Défense, en février. Moscou estime que la conférence de paix sur l’Ukraine est «inutile» et vouée à l’échec si elle ne prend pas en compte les intérêts de la Russie. Elle affirme que la réunion proposée en Suisse est également une ruse utilisée par l’Occident pour tenter de rallier le soutien international du «Sud global» à l’Ukraine.
Moscou a rejeté catégoriquement la formule de paix proposée par le président ukrainien. Elle se dit prête à entamer des pourparlers sur l’Ukraine, mais ceux-ci doivent respecter les intérêts de la Russie en matière de sécurité et refléter ce qu’elle appelle les «nouvelles réalités» sur le terrain, où ses forces contrôlent un peu moins d’un cinquième du pays et où Moscou a revendiqué quatre régions ukrainiennes comme lui appartenant.
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Qu’en est-il du rôle crucial de la Chine?
Le grand point d’interrogation est de savoir si la Chine participera à la conférence suisse, selon Bloomberg. Wang Shihting, ambassadeur de Chine en Suisse, a déclaré en mars à la NZZ que Pékin «examinait la possibilité de participer».
Il y a plus d’un an, Pékin a présenté son propre document en 12 points qui énonçait des principes généraux pour mettre fin à la guerre, sans entrer dans les détails. À l’époque, ce document a reçu un accueil mitigé tant en Russie qu’en Ukraine. Les États-Unis ont affirmé que la Chine se présentait comme un artisan de la paix, mais qu’elle reflétait le «faux récit» de la Russie et qu’elle ne condamnait pas son invasion.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a de son côté estimé que le plan de paix de la Chine était le plus raisonnable à ce jour. Mardi, il a rencontré le dirigeant chinois Xi Jinping à Pékin en signe de soutien mutuel et d’opposition commune aux démocraties occidentales dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Les deux parties ont convenu que les réunions internationales sur l’Ukraine ignorant les intérêts de Moscou étaient «futiles», selon les déclarations de Sergei Lavrov lors d’une conférence de presse, rapportés par l’agence de presse russe Tass.
«La Chine soutient la convocation, au moment opportun, d’une réunion internationale reconnue par la Russie et l’Ukraine, à laquelle toutes les parties peuvent participer sur un pied d’égalité et discuter équitablement de toutes les solutions de paix», a de son côté déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à la presse.
La Confédération devrait contribuer à hauteur de 5 milliards de francs à la reconstruction de l’Ukraine d’ici 2036. Un premier montant de 1,5 milliard doit être débloqué sur le budget de la coopération internationale d’ici 2028.
Cette aide financière, qui sera étalée sur douze ans, est un «signe fort de solidarité à l’égard des personnes touchées par la guerre en Ukraine», a indiqué mercredi le Conseil fédéral. La Banque mondiale a estimé le montant total nécessaire à la reconstruction à 440 milliards de francs.
La Confédération soutient déjà des projets en Ukraine visant à remettre en état les infrastructures énergétiques et sanitaires civiles ainsi que les routes détruites. Lors de la Conférence de Lugano de juillet 2022, les points essentiels du processus de reconstruction politique ont été fixés.
Texte relu et vérifié par Balz Rigendinger, traduit et adapté de l’anglais par Samuel Jaberg
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