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Ce qu’est la FINUL et comment la Suisse contribue au maintien de la paix

Soldat suisse de l ONU surveillant une zone avec des jumelles
Un observateur militaire suisse balaie le plateau du Golan, annexé par Israël lors de la guerre des Six Jours en 1967. swissinfo.ch

La force de maintien de la paix des Nations unies a essuyé des tirs alors qu’Israël cible le Hezbollah au Sud-Liban. swissinfo.ch revient sur le rôle de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) comme sur celui de la Suisse dans cette région des plus instables.

Qu’est-ce que la FINUL?

Déployée au Sud-Liban, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) est une force de maintien de la paix aujourd’hui forte de 10’000 hommes et femmes. Sa création par le Conseil de sécurité de l’ONU remonte à 1978 dans le fil de la première invasion du Liban par Israël en réponse aux attaques palestiniennes à partir du territoire libanais. Le mandat initial de la FINUL consistait à constater le retrait israélien du Liban, à restaurer la paix et la sécurité entre les deux pays et à aider le gouvernement libanais à rétablir son autorité dans la région.

La FINUL est essentiellement composée de membres des corps nationaux militaires et de police, détachés pour venir travailler dans le cadre onusien. Les civils représentent un petit pourcentage des personnes engagées sur place. En Europe, l’Italie, la France, l’Espagne et l’Irlande participent à la FINUL. L’Italie domine la contribution occidentale avec près de neuf-cents soldats déployés. Mais avec ses 1231 militaires, l’Indonésie est à l’échelle planétaire le plus important contributeur de troupes à cette mission.

>> Le travail des forces de FINUL en 60 secondes:

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Comment la mission de la FINUL a-t-elle évolué?

Au fil des ans, la FINUL s’est trouvée confrontée à des défis considérables. Les changements apportés à son mandat ont été le reflet des évolutions de la situation militaire entre Israël et le Liban.

En juin 1982, Israël lance une deuxième invasion du Liban. Elle conduit à la création d’une zone de sécurité au Sud-Liban. Une zone préservée par Israël jusqu’en 2000, avec le soutien de l’Armée du Liban Sud (ALS). Le mouvement de résistance Hezbollah, appuyé par l’Iran, nait de la résistance à la seconde occupation d’Israël avant de devenir une force politique et militaire influente au Liban.

Israël annonce son retrait total du Liban en avril 2000. En mai, Tsahal («Force de défense d’Israël») et l’ALS se sont retirées, conduisant l’ONU à établir la «Ligne bleue» afin de valider le retrait. C’est la fin de l’occupation. En octobre de la même année, le Conseil de sécurité des Nations unies entérine cette évolution au moyen de la résolution 1310, laquelle incite le Liban à renforcer sa présence dans le sud du pays, alors bastion du Hezbollah.

En 2006, après une guerre entre Israël et le Hezbollah, le Conseil de sécurité adopte la résolution 1701, qui élargit sensiblement le mandat de la FINUL. Elle porte ses forces à 15’000 hommes et femmes, avec un déploiement équivalent côté libanais, et crée un Groupe d’intervention navale qui assistera la marine libanaise dans la surveillance des eaux côtières et la lutte contre les livraisons illégales d’armement.

Quelle est la différence entre la FINUL et l’ONUST?

La FINUL opère dans le cadre plus large de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), qui fournit les observateurs militaires en soutient des opérations de paix. Un organisme au sein duquel la Suisse est très active.

Créé en 1948, l’ONUST est la toute première mission de maintien de la paix des Nations unies. Elle est grosso modo composée de cent-cinquante militaires non armés et de plus de deux-cents agents civils.

Les observateurs de l’ONUST assistent la FINUL au Sud-Liban et la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) sur le plateau du Golan. Une région annexée au détriment de la Syrie durant la guerre des Six jours en 1967 et qu’Israël occupe toujours militairement. Pour promouvoir le dialogue et la coopération régionale, l’ONUST dispose aussi de bureaux de liaison en Égypte, en Israël, en Jordanie, au Liban et en Syrie.

Quels sont les défis auxquels fait face aujourd’hui la FINUL?

La FINUL a subi plus de vingt attaques depuis début octobre au Sud-Liban, quand Israël a lancé son offensive terrestre visant à la destruction du Hezbollah. Le groupe militant et Israël échangent des tirs transfrontaliers depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023.

Le 29 octobre, une roquette probablement lancée par le Hezbollah ou un groupe affilié a touché le quartier général de la FINUL à Naqoura, au Sud-Liban. Huit soldats de maintien de la paix, tous Autrichiens, ont subi des blessures mineures et superficielles quand la roquette a atteint un atelier pour véhicules et allumé un incendie.

L’offensive terrestre israélienne a mis en danger à réitérées reprises les soldats de maintien de la paix de l’ONU. Le 7 novembre, six casques bleus malais ont été blessés par une frappe meurtrière de drone israélien alors qu’ils franchissaient un point de contrôle avec un bus de l’ONU. Trois personnes ont perdu la vie dans une voiture voisine. Le jour suivant, la FINUL a indiqué que des soldats de Tsahal avaient utilisé des excavatrices et des bulldozers pour détruire une clôture ainsi qu’une structure en béton sur une de ses positions de maintien de la paix.

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La FINUL considère ces actions comme étant délibérées. En octobre, elle a accusé les forces israéliennes de violation de la résolution 1701Lien externe, qui prévoyait la fin des hostilités antérieures entre Israël et la Hezbollah. La FIBUL relevait les multiples incidents au cours desquels les frappes Israéliennes ont ciblé son personnel. Résultat de tout cela: des blessés, des opérations perturbées, des infrastructures endommagées.

Israël rejette les accusations qui veulent la voir cibler délibérément les casques bleus. Dans une déclaration vidéo en date du 14 octobre, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a invitéLien externe la FINUL à se mettre en sécurité et «se retirer temporairement de la zone de conflit». Pour la FINUL, Tsahal a réclamé à plusieurs reprises que la mission de l’ONU «évacue ses positions le long de la Ligne bleue et a délibérément endommagé les positions de l’ONU».

Le mois dernier, le secrétaire général des Nations unies António Guterres a prévenu que les attaques contre la FINUL «pourraient constituer des crimes de guerre». La mission de maintien de la paix indique qu’elle prévoit de rester sur place malgré les pressions exercées à son encontre et sur les pays qui contribuent au contingent.

Quel rôle joue la Suisse dans les opérations de maintien de la paix des Nations unies?

La Suisse ne participe pas directement à la mission de la FINUL au Liban ni à celle de la FNUOD au Golan. Chef de la communication de SWISSINT, Daniel Seckler nous a précisé par courriel: «L’ONUST est l’unique mission au Moyen-Orient où des militaires suisses sont déployés».

SWISSINT est chargé d’exécuter les engagements de promotion de la paix de la Suisse à l’étranger, conformément à la Constitution fédérale et à la loi fédérale sur l’armée. C’est l’une des trois missions de l’Armée suisse inscrites dans cette loi.

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La Suisse envoie des observateurs militaires et des officiers de liaison dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’ONU partout dans le monde depuis 1990. Actuellement, près de trois-cents hommes et femmes – du simple soldat au divisionnaire – participent à ces missions dans dix-huit pays.

Dans le cadre de l’ONUST, la Suisse a du personnel militaire stationné en: Israël (trois personnes dont le chef de mission), Syrie (six), Liban (trois) et Égypte (une). Aucun Suisse n’est déployé en Jordanie bien que le pays appartienne à la zone d’opérations de l’ONUST.

La contribution helvétique à l’ONUST a franchi une étape en octobre 2021 avec la nomination par le secrétaire général de l’ONU du divisionnaire suisse Patrick Gauchat à la tête de l’ONUST. Il est le premier officier suisse à prendre le commandement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU.

Texte relu et vérifié par Lindsey Johnstone/ds/livm. Traduit de l’anglais par Pierre-François Besson/eri

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