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Alain Chevallier nous manque : il est parti faire rire ailleurs…

Tristesse dans le monde du théâtre franco-suisse : le comédien genevois Alain Chevallier est mort subitement près de Paris, où il vivait depuis de nombreuses années.

Tristesse dans le monde du théâtre franco-suisse : le comédien genevois Alain Chevallier est mort subitement près de Paris, où il vivait depuis de nombreuses années.

Un rire géant, et une belle folie. Une fougue, une volonté incroyables, et puis beaucoup de générosité. Alain Chevallier était détenteur de toutes ces qualités, et ces amis l’aimaient pour cela. «J’ai une admiration totale pour lui qui a une énergie et une volonté d’exister magnifiques. Et puis il a vraiment prouvé ses qualités d’acteur dans son spectacle San-Antonio, où je le trouve étonnant», me disait un jour Jean-Luc Bideau. Il est vrai qu’il y avait phagocyté l’univers de Dard avec une flamme formidable, son goût pour les femmes, l’amitié, la vie, quoi.

Alain Chevallier, fils de pasteur, était né en 1940 à Genève. Il était passé par le Conservatoire de Genève, puis par l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique de Strasbourg. Il a ensuite beaucoup fréquenté la télévision, dans le cadre de plusieurs feuilletons (Le chirurgien de Saint-Chad, Marc et Sophie, Lune de miel etc), mais aussi en tant qu’animateur à la TSR. Au théâtre, il a joué aux côtés de Jean Marais et d’Edwige Feuillère dans «La Maison du Lac», et avec Michel Galabru dans «Le bourgeois gentilhomme».

Mais le véritable Chevallier se révélait surtout dans les spectacles qu’il produisait lui-même, des rêves qu’il portait en lui et qu’à force de travaux “alimentaires», publicités et films industriels”, il parvenait à financer et à monter. Ce fut «Le roi de Sodome» d’Arrabal, «Série blême» de Boris Vian, «Deux Suisses au-dessus de tout soupçon» (plus de 1500 représentations à Paris), «Le livre de ma mère» d’Albert Cohen ou encore «San-Antonio», déjà cité. Il travaillait à une nouvelle production inspirée du «Vol de nuit» de Saint-Exupéry.

Alain ne m’en voudrait pas de faire figurer ici l’extrait d’une lettre que Frédéric Dard lui avait écrite à propos du fameux commissaire qu’ils partageaient désormais: «Mon sublime, je suis ravi d’apprendre que notre San-Antonio continue d’esbaudir les foules en délire. Je sens qu’il va devenir ton bâton de vieillesse, et que tu le joueras à Ris-Orangis pour tes quatre-vingt-quinze ans! Je t’espère heureux, donc bandant!».

Il ne le jouera pas à Ris-Orangis. Mais là où il est maintenant, où que cela soit, on va enfin retrouver le sourire.

Bernard Léchot


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