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Appel à repenser les barrages pour 100 ans lors d’un sommet à l’ONU

De nombreux responsables des questions liées aux hautes montagnes se sont rassemblées pour la première fois à l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dirigée par le secrétaire général Petteri Taalas à Genève et ont approuvé un dispositif (archives). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Les barrages, y compris en Suisse, doivent être repensés pour « les 50 ou 100 prochaines années ». Le coprésident du sommet sur les hautes montagnes, organisé pendant trois jours à l’ONU à Genève, a affirmé jeudi qu’ils n’étaient pas adaptés au changement climatique.

« Les barrages suisses sont vraiment les meilleurs au monde », a expliqué devant la presse l’universitaire canadien John Pomeroy. Mais « nous sommes au 21e siècle et le climat change rapidement », avec comme effet la fonte des glaciers, a-t-il dit au terme de la rencontre à l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

Selon lui, les critères doivent être révisés avec les évaluations des conséquences du réchauffement. Les pluies changent, les inondations et la sécheresse augmentent. Au Canada, la production d’électricité liée à un barrage a été réduite pour éviter que les réservoirs d’eau ne provoquent de nouvelles inondations comme celles de 2013.

Mardi, le conseiller fédéral Alain Berset avait affirmé que la Suisse était « plus fortement touchée que d’autres » par les effets du changement climatique. Sur 150 ans, la température a augmenté de 2°C en Suisse en moyenne contre 0,9 °C dans le monde.

Le volume total des glaciers en Suisse a reculé de 2% en un an, avait rappelé le chef du Département fédéral de l’intérieur (DFI) en ouvrant le sommet. Et 500 ont disparu depuis le début du 20e siècle, alors que les 4000 restants sont menacés d’être réduits de 90% d’ici 2100.

Plus d’un milliard d’habitants

Quelque 150 scientifiques, responsables politiques et autres acteurs étaient rassemblés pour la première fois à Genève sur la question des hautes montagnes. Ils ont approuvé un appel à l’action pour « établir des capacités, investir dans les infrastructures et rendre les montagnes et les communautés en aval plus sûres ».

Au total, environ 1,1 milliard de personnes habitent dans des zones de montagne qui constituent environ un quart des terres émergées. Mais ces régions affectent l’ensemble de la population mondiale, a insisté la secrétaire générale adjointe de l’OMM Elena Manaenkova.

La fonte des glaciers contribue à la montée des océans. Celle-ci va provoquer des déplacements de populations et des investissements considérables.

Efforts suisses « en avance »

Au centre de l’appel à l’action approuvé jeudi est mentionné une Initiative intégrée pour l’observation et la prévision sur les hautes montagnes. « Nous devons garantir que la science répondre aux besoins des populations », estime la coprésidente du sommet, la Suissesse Carolina Adler.

Les collaborations entre climatologues, météorologues, hydrologues et d’autres acteurs devront être étendues pour aboutir à de meilleures données, difficiles dans ces zones. « Nous sommes en avance » sur ce type d’efforts, a dit à Keystone-ATS le directeur de MétéoSuisse Peter Binder. La Suisse a aussi été la première à utiliser une technologie hybride de données météorologiques qui pourrait, selon elle, être exploitée par d’autres pays.

Le sommet devra être réitéré, dit M. Binder. Selon Mme Manaenkova, la rencontre était importante parce que le changement climatique est plus rapide dans les hautes montagnes que dans les autres zones. Les larges discussions sur cette question ne constituent une priorité que depuis quelques années, ajoute-t-elle également.

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