Aujourd’hui en Suisse
Amies lectrices, amis lecteurs, bonjour,
C’est Marc-André qui vous parle de Fribourg, et je sais que la formule semblera facile. Mais si vous êtes de ma génération, de la suivante, voire des deux ou trois précédentes, nous pouvons sûrement dire que nous avons en nous quelque chose de Bébel.
Qui ne s’est jamais reconnu dans la décontraction (aujourd’hui, on dirait «cool attitude»), la vigueur, la gouaille du personnage qui en 1960 déjà osait déclarer, face à la caméra de Jean-Luc Godard (une première au cinéma semble-t-il): «Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas la ville, allez vous faire foutre!»? Venant de lui, ça passait. Parce que venant d’une star aussi naturelle et sympathique, tout passait.
Jean-Paul Belmondo s’est éteint à 88 ans, après avoir lutté pendant 20 ans, avec le courage qu’on lui connaissait, contre les suites d’un AVC. Les hasards de l’actualité font que nous vous présentons aujourd’hui le récit d’une fin de vie bien différente. Yoshi, un Japonais fauché dès la quarantaine par une forme rare de sclérose des neurones, a choisi de faire le voyage en Suisse pour bénéficier du suicide assisté, interdit dans son pays. Ma collègue Kaoru Uda l’a suivi, ainsi que sa famille, jusqu’à la fin.
Son récit est poignant, mais plein d’humanité et d’espoir.
Bonne lecture,
Les hommages ne viennent pas seulement de la francophonie. Ils pleuvent du monde entier. Avec Jean-Paul Belmondo, c’est un authentique monstre sacré du cinéma qui s’est éteint. Même s’il n’était plus apparu à l’écran depuis 10 ans, l’acteur aux plus de 80 films était encore très présent dans le cœur de plusieurs générations de spectatrices et spectateurs.
Bébel, c’est d’abord le triomphe de ce que Serge Gainsbourg nommera «la beauté cachée des laids»… qui «se voit sans délai». Alors qu’on ne donnait pas cher de son avenir de comédien à la gueule de boxeur et au nez cassé, il est devenu un des sex-symbols indiscutés du cinéma français et mondial. Sans complexes face à la gueule d’ange de son faux rival (et camarade) Alain Delon.
En plus de l’énergie, il y avait chez lui l’élégance, la générosité toujours discrète et jamais ostentatoire de l’homme. La générosité de l’acteur aussi bien sûr, qui n’aurait dit-on jamais refusé un autographe à une ou un fan et qui a si souvent risqué sa vie sur les tournages. Pour lui en effet, il aurait été «malhonnête envers le public» de demander à un autre de faire ses cascades et de venir ensuite parader devant la caméra.
Alors oui, Jean-Paul Belmondo a souvent (mais pas que) joué les mâles alpha – une catégorie qui n’a plus vraiment la cote de nos jours. Sauf que ça aussi, il l’a fait avec élégance. Quand à un voisin excédé par son boucan qui lui hurle «Qu’est-ce qui se passe ici?!», l’acteur, ton jubilatoire et diction parfaite, répond «Il se passe que je vous emmerde, Monsieur», on dirait du Molière. Molière qu’il a d’ailleurs beaucoup joué sur les planches, avec l’ensemble du répertoire du théâtre classique.
- Le « Magnifique » du cinéma français est mort à 88 ansLien externe – RTS
- Les hommages du monde entier à BelmondoLien externe – Radio France internationale
- Huit choses que vous ne saviez peut-être pas sur BébelLien externe – FranceInfo
- Jean-Paul Belmondo: répliques et castagnes cultesLien externe – Youtube
Mourir dans la dignité – c’est pour cela qu’un quadragénaire japonais a fait la moitié du tour du monde. Sa maladie ayant rendu sa vie insupportable, Yoshi s’est résolu à venir finir ses jours en Suisse. Avec une sérénité impressionnante.
«Si j’avais une maladie curable, je pourrais essayer. Mais je n’ai ni plan B, ni plan C», constate lucidement Yoshi. Son souhait, alors que de nombreux pays, dont le Japon, interdisent encore le suicide assisté: une légalisation, «afin que les gens comme moi puissent mourir paisiblement chez eux».
Très calme dans ses derniers instants, l’homme estime aussi que le suicide assisté est un choix éthique et solidaire. «Si un patient atteint d’une maladie en phase terminale veut mourir et peut renoncer à la vie, alors d’énormes ressources médicales peuvent être allouées à quelqu’un d’autre», dit-il.
- L’article de mes collègues Kaoru Uda et Ester Unterfinger
- Point fort – Pourquoi l’assistance au suicide est considérée comme «normale» en Suisse
Il n’y a pas si longtemps, en Suisse, le mariage était d’abord l’affaire des Églises. C’est donc à elles que les associations homosexuelles se sont adressées en premier pour demander un mariage pour tous. Et à l’époque, elles se sont montrées plus ouvertes que le monde politique.
Un oui au mariage pour toutes et tous le 26 septembre constituerait l’aboutissement d’un combat entamé dès les années 1960. Jusqu’en 1942, l’homosexualité en Suisse était un crime devant la loi. Dans l’après-guerre, elle est certes partiellement dépénalisée, mais les gays sont toujours extrêmement mal vus, surveillés, fichés, et régulièrement soupçonnés de traitrise à la patrie.
Mais à l’époque déjà, les Églises accueillent les revendications homosexuelles. Les catholiques suisses vont très loin dans leurs réflexions sur le sujet, même si leurs décisions se voient cassées par le Vatican. Et aujourd’hui, alors que le mariage pour toutes et tous n’est pas entré en vigueur certaines églises bénissent déjà les couples homosexuels.
- L’interview de l’historien Thierry Delessert, par ma collègue Katy Romy
- SWI Arena: les meilleurs moments du débat sur le mariage pour tous – en vidéo
- Point fort – LGBTIQ: les mentalités peinent à évoluer en Suisse
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Clown, acrobate, contorsionniste, comédien et metteur en scène issu d’un petit village zurichois Martin Zimmermann est une star mondiale. Son pays vient de l’honorer en lui décernant le Grand Prix suisse des arts de la scène/Anneau Hans Reinhart 2021.
L’artiste en a pleuré. «Ce prix est ma médaille d’or, confie-t-il, je n’ai jamais osé y croire. Vous vous rendez compte, je fais maintenant partie d’une famille de lauréats et lauréates bien plus illustres que moi, comme Bruno Ganz et Christoph Marthaler».
Acclamé en Europe, au Japon ou en Australie, c’est cependant de New York qu’il parle avec le plus d’émotion. «J’y ai présenté ‘Hallo’ en 2015, programmé à la Brooklyn Academy of Music, une enseigne qui fait même rêver les stars. Moi, elle m’a fait trembler. J’avais un trac épouvantable avant de monter sur cette scène mythique où Michael Jackson et James Brown s’étaient produits».
- L’article de ma collègue Ghania Adamo
- «Le clown est le dernier punk» – portrait en vidéo de Martin Zimmermann, par mes collègues Eduardo Simantob et Carlo Pisani – novembre 2019
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