Björk et le Sinfonietta de Lausanne illuminent le public à Montreux
(Keystone-ATS) La star islandaise Björk et le Sinfonietta de Lausanne ont offert un magnifique concert orchestral dimanche soir au Montreux Jazz Festival (MJF). L’osmose intimiste entre la chanteuse de Reykjavik et l’ensemble vaudois a déployé sa magie durant une heure trente.
L’Auditorium Stravinski a fait salle comble pour le grand retour de Björk dans le cadre de son « Orchestral Tour » (reporté à deux reprises en raison de la pandémie), 24 ans après son premier passage à Montreux en 1998. Le public a semblé conquis, applaudissant avec ferveur et admiration l’elfe de l’électro-pop à la fin de chacune de ses 16 chansons, dont deux en rappel. La soirée restera sans aucun doute comme l’un des temps forts de cette 52e édition du MJF.
Pour l’accompagner sur les bords du lac Léman, c’est le Sinfonietta de Lausanne qui avait été choisi par l’équipe du MJF. L’orchestre à cordes de 32 musiciens était composé de dix violons, dix altos, dix violoncelles et deux contrebasses. L’ensemble a été dirigé par le jeune chef d’orchestre islandais Bjarni Frimann Bjarnason, en t-shirt, membre de l’équipe de production de Björk.
Mi-ange, mi-fée
L’auteure-compositrice-interprète de 56 ans, également actrice, s’est parée d’une imposante robe blanche bouffante, avec un haut bleu asymétrique, et coiffée d’un masque d’or pour l’occasion. La charismatique musicienne a ainsi pris des airs de « Björk au pays des merveilles », mi-ange boréal, mi-fée excentrique.
L’artiste a revisité une partie de son répertoire hybride de ces 30 dernières années, puisqu’elle a même chanté un titre de son deuxième album studio sorti en 1993, « Debut », avec le titre « Come to Me ». Le concert de dimanche soir a essentiellement vibré au son des albums « Vulnicura » (2015), « Homogenic » (1997) et « Post » (1995).
Björk a aussi glissé deux morceaux de la bande originale du film « Dancer in the Dark » (2000) de Lars von Trier, qu’elle a elle-même composé. Un long-métrage dans lequel elle a tenu le rôle principal. Elle a laissé jouer seul le Sinfonietta sur « Overture ». Une chanson de l’album « Vespertine » (2001) a complété la « setlist ».
Entre douceur et intensité
Débuté avec le morceau « Stonemilker », le concert s’est terminé sur le très techno « Pluto », en passant par les très remarqués « Hunter », « Isobel », « Bachelorette, « Joga » ou encore « Hyperballad ». Un long souffle islandais pour une soirée très lumineuse, caressée d’atmosphères à la fois douces et intenses, entremêlant intimité, onirisme et magie. Beaucoup de chuchotements et quelques cris.
Entre Björk et le Sinfonietta de Lausanne, le courant pop et classique est parfaitement passé, le dialogue harmonieux infusant rapidement sur la scène de l’Auditorium Stravinski. La connivence entre la chanteuse islandaise et l’orchestre lausannois, très inspiré, n’a donc pas manqué son rendez-vous. Les subtils arrangements acoustiques ont été maîtrisés avec classe.
Fondé en 1981, le Sinfonietta est habitué à ce type d’événement musical. Sa collaboration informelle avec le MJF existe depuis une vingtaine d’années. Il est presque systématiquement appelé lorsqu’il s’agit de répertoire pop ou jazz. Avant Björk, l’ensemble est déjà monté sur scène avec Gilberto Gil, Young Gods, Zaz ou Woodkid.