98e Congrès de la diaspora: des thèmes récurrents, mais débattus avec un nouvel élan
Le «Parlement des Suisses de l’étranger» s’est réuni vendredi à Lugano, dans le canton du Tessin. Le vote électronique, la question européenne et les prestations de la Suisse pour sa diaspora étaient au programme du Conseil.
Après une pause de trois ans due à la pandémie, plus de 85 des 140 membres du Conseil des Suisses de l’étranger en provenance du monde entier se sont retrouvés en présentiel à Lugano, où se tient cette fin de semaine le 98e Congrès des Suisses de l’étranger.
L’ordre du jour comportait des sujets récurrents, soit des thèmes qui préoccupent depuis longtemps les Suisses de l’étranger: le vote électronique, la collaboration avec le Département fédéral des affaires étrangères, la question européenne et celle des assurances maladie.
Les discussions ont été très animées. Il régnait une atmosphère festive, avec une joie générale de se retrouver – de nombreux membres du Conseil se connaissent depuis des décennies – en même temps qu’une ambiance de renouveau, grâce à quelques nouveaux délégués au Conseil.
Pour une identité électronique
Après l’échec dans les urnes d’une première tentative de mise en place d’une identité électronique (E-ID) en mars 2021, une consultation est en cours pour relancer ce projet. Désormais, un passeport numérique devrait être délivré par la Confédération et non plus par des entreprises privées comme cela avait été envisagé dans un premier temps.
Le président de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE), Filippo Lombardi, a résumé ainsi les arguments en faveur d’une identité électronique du point de vue des Suisses de l’étranger: celle-ci est une condition préalable pour l’accès aux services de cyberadministration. «L’E-ID facilite le vote électronique», a déclaré Filippo Lombardi. Elle pourrait également améliorer l’accès des Suisses de l’étranger aux banques suisses. La résolution visant à ce que l’OSE intervienne de manière favorable dans la procédure de consultation a été acceptée à l’unanimité.
L’État et sa diaspora
À la tête de la Direction consulaire du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), Johannes Matyassy a fait part d’un fossé entre les attentes des Suisses à l’étranger et les possibilités réalistes de soutien dont dispose le DFAE en situation de crise. Il a cité la pandémie de Covid-19, le Sri Lanka, Taïwan et l’Ukraine. «Dans toutes ces situations, nous pensons toujours en priorité aux Suisses de l’étranger».
Le DFAE a récemment développé sa communication à destination des Suisses de l’étranger et l’a dotée d’une stratégie claire: l’information et la prévention sont désormais une priorité. Johannes Matyassy a présenté des projets allant dans ce sens, comme la campagne de sensibilisation «Aging abroad».
>> Pour en savoir plus sur cette campagne à destination des retraités suisses à l’étranger:
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La Suisse veut mieux gérer ses retraités à l’étranger
Des réunions virtuelles dans des halls d’immeubles avec des retraités suisses au Maghreb auront lieu en novembre, à titre de projet pilote. Le représentant du DFAE a également évoqué l’application mobile «SwissInTouch», qui permettra dès novembre de mettre en réseau la communauté des Suisses de l’étranger avec les représentations extérieures de la Suisse.
Vendredi à Lugano, il a également été question d’un rapport du Contrôle fédéral des finances, qui vient de soumettre les ambassades et les consulats suisses à un contrôle approfondi. Les contrôleurs ont attesté de bonnes prestations du DFAE, sauf en ce qui concerne la numérisation. «Oui, il y a des documents des Suisses de l’étranger qui s’empilent. Mais au final, c’est un bon rapport», a déclaré Johannes Matyassy.
Le vote électronique, encore et toujours
Le thème du vote électronique a provoqué la plupart des votes de la séance du Conseil. Ce thème figure depuis des années en tête de l’agenda de l’OSE. Aux yeux des membres de la diaspora, l’e-voting est en effet le seul garant de leur participation à la vie démocratique dans leur patrie d’origine. Près de 800’000 Suisses vivent à l’étranger et près d’un quart d’entre eux souhaitent participer aux élections et aux votations.
«Nous élaborons une solution de vote électronique avec la Poste, a annoncé Filippo Lombardi, et nous allons insister sur ce point». Mais un tel système ne devrait pas être disponible à une large échelle pour les élections fédérales d’octobre 2023.
Le système d’assurance maladie suisse a également fait l’objet de nouvelles discussions. Les citoyens suisses à l’étranger doivent dans certains cas renoncer à leur assurance de base helvétique. Beaucoup rencontrent alors des difficultés à conclure ou à conserver des assurances maladie privées, d’autant plus lorsque l’âge ou des maladies préexistantes interviennent.
«Quand on est vieux et fragile, on est exclu de ces assurances. C’est une injustice», a déclaré Josef Schnyder, délégué de Thaïlande. Il a souligné que les soins de santé sont moins chers à l’étranger et que, comme pour l’AVS, beaucoup ont payé leurs primes toute leur vie et sont pourtant exclus.
>> La question européenne figurait également au menu des discussions du Conseil des Suisses de l’étranger:
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Traduit de l’allemand par Samuel Jaberg
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