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Entrepreneurs en quête du graal à Boston

La feuille d'aluminium, une invention suisse. imagepoint

Depuis plus d'une décennie, les jeunes entrepreneurs suisses bénéficient d'une formation sur mesure pour entrer par la bonne porte dans le monde des affaires. Avec un encadrement approprié et un passage aux Etats-Unis, ils peuvent atteindre plus rapidement le marché et éviter des erreurs coûteuses.

Vous placez une portion de pâte sur le dessus de la machine, vous appuyez sur un bouton, et hop, une tortilla chaude sort de l’autre côté. Son inventeur – fondateur d’une start-up suisse – espère que son produit sera commercialisé.

Pour ce faire, Carlo Ruiz participe avec 19 autres jeunes entrepreneurs issus de hautes écoles suisses au cours venture leaders à Boston. L’objectif est de leur fournir une formation et des contacts d’affaires aux États-Unis.

«J’espère en savoir plus sur les partenariats et l’esprit d’entreprise sur la côte est des Etats-Unis », explique Carlo Ruiz à swissinfo.ch. Il veut également réseauter avec ce qu’il appelle les «bonnes personnes» en vue de tester le marché pour son produit et de prospecter chez les investisseurs.

Parmi les apprentis-entrepreneurs suisses envoyés à Boston figurent des personnes qui souhaitent développer des prothèses à bas prix pour les pays en développement, produire des médicaments contre le cancer ou encore aider les agriculteurs à économiser de l’argent sur leurs achats à travers un réseau en ligne.

Venture Leaders est organisé par venturelab, une société qui entraîne de jeunes entrepreneurs de l’industrie et des services. La structure fait partie du programme de formation pour les startups de la Commission fédérale pour la technologie et l’innovation (CTI). Elle est conçue pour transformer les idées en produit commercial, selon Jordi Montserrat, responsable de venturelab en Suisse romande.

«Les gens doivent aussi apprendre à se vendre eux-mêmes et à vendre leurs innovations à un stade précoce, même quand elles ne sont pas complètement terminées, afin de s’adapter au marché, ajoute Jordi Montserrat. Nous les aidons aussi à réaliser qu’être un entrepreneur est un choix de carrière valable.»

Jordi Monserrat estime que les entrepreneurs potentiels doivent être drillés pour comprendre la nécessité de répondre rapidement aux attentes. Ils doivent aussi intégrer la prise de risques et à penser marché international.

«Le pays ne dispose que de huit millions d’habitants. Le marché est donc limité. Même ainsi,  les entreprises gardent des liens étroits avec la Suisse, soit pour des raisons personnelles ou en raison de leurs liens avec le monde académique suisse », ajoute encore Jordi Montserrat.

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Le rôle de l’écoute

Arnaud Bertrand, co-fondateur d’un site de location de vacances, est l’un des anciens de Venture Leaders qui a réussi. Avec 60 millions de francs suisses levés pour son entreprise, il a élargi sa base financière à Londres et au Portugal.

Au bénéfice également d’un financement de démarrage fourni par un groupe de fondations privées et d’un groupe pharmaceutique, Arnaud Bertrand dit que l’encadrement de venturelab l’a aidé à affiner son modèle d’affaires bien plus efficacement qu’il aurait pu le faire lui-même.

«Nous avons décidé d’en faire moins que prévu initialement. Ce qui s’est avéré payant, ajoute le jeune entrepreneur. Car nous n’aurions pas eu les ressources nécessaires pour faire tout ce que nous imaginions au début.»

Fabrice Moscheni, un ancien élève de NETS, l’ancêtre des Venture Leaders, plaide également en faveur de cette formation: «Les cours sont là pour rappeler aux gens ce qui est important quand vous créez une entreprise. Cela permet d’optimiser le processus de décision».

Arnaud Bertrand affirme que sans cet encadrement, il aurait fallu plus de temps pour comprendre les biais de son projet. Toutefois, la formation ne remplace pas nécessairement l’expérience de la vie réelle.

«Il y a des situations où il aurait été utile de savoir comment les éviter. D’autre part, un entrepreneur est quelqu’un qui n’a pas forcément à entendre ce que les autres ont à dire,  parce que s’il les écoutait, il n’aurait pas lancé son affaire.»

Fabrice Moscheni estime cependant que l’apprentissage fondé sur les expériences des autres est important, d’autant qu’il ne figure pas dans la plupart des cours.

«Nous présentons seulement des succès, alors qu’en fait, il y a plus à apprendre des échecs, souligne l’entrepreneur. Ce qui permet de connaitre les erreurs à éviter.»

Venture Leaders est l’un des programmes offerts aux jeunes entrepreneurs en Suisse par venturelab, qui fait partie de l’Institut pour les jeunes entrepreneurs (FIJ) basé à St-Gall.

Plus de 100 startups s’inscrivent chaque année à ce programme. Quarante d’entre elles sont invitées à  se présenter devant un jury d’experts. Les 20 premières entreprises sélectionnées rejoignent cette « équipe nationale » des startups.

Durant la formation de 10 jours à Boston, les participants apprennent à présenter leur projet à des investisseurs et des experts de l’industrie. Ils rencontrent également un grand nombre de créateurs américains de startup pour partager leurs expériences.

Le coût, couvert par des sponsors, est d’environ 10 000 francs suisses par participant.

Les financements en question

Reste à trouver le bon modèle de financement pour de tels programmes de formation.

venturelab repose sur un mélange de financement public et privé. Avec le soutien financier de la CTI, l’organisme propose deux types de cours dans les universités, visant à encourager l’esprit d’entreprise et aider les étudiants à développer des idées d’affaires.

Ces cours ont été récemment retirés à venturelab pour être remis à des consortiums régionaux, un changement qui s’explique, selon la CTI, par la volonté de remplacer une approche « top-down » par une approche « bottom-up ».

En conséquence, le programme venture leaders a perdu une grande partie de son financement. Jordi Monserrat précise que les bailleurs privés ont comblé la différence pour cette année.

Quoi qu’il en soit, la capacité de ces formations à créer les grandes entreprises de demain reste une question ouverte. venturelab affirme avoir aidé à la création de centaines d’entreprises, en créant ce qu’il appelle une masse critique pour les entreprises qui réussissent à émerger. «Les grands noms suisses comme Nestlé ont une longue histoire derrière eux, rappelle Jordi Monserrat. Vous ne pouvez pas dire après quelques années seulement, si une entreprise est un véritable succès.»

Traduction de l’anglais: Frédéric Burnand

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