Les salaires sous la pression des travailleurs européens
La libre circulation des travailleurs de l'Union européenne en Suisse fait pression sur les salaires, constate une étude de l'Union syndicale suisse.
Pour maintenir le niveau salarial, il faut davantage de conventions collectives de travail et l’établissement d’un salaire minimal, estime le syndicat.
La sous-enchère salariale liée à la libre circulation est «une réalité» dans les branches sans CCT, a déclaré lundi Daniel Lampart, secrétaire central à l’USS. Exemple dans l’horticulture où le salaire moyen a dégringolé de 3456 francs à 2570 francs (- 25,6%) entre octobre 2002 et octobre 2004.
Le syndicat dénonce aussi des sous-enchères salariales dans l’agriculture, les petites entreprises de nettoyage et le divertissement (culture et sport).
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Union syndicale suisse
Construction
Dans la construction, ainsi que dans l’hôtellerie et la restauration, deux secteurs au bénéfice d’une CCT, les salaires moyens ont par contre augmenté. La hausse est 4,1 % dans la construction et de 8,2% dans l’hôtellerie et la restauration.
Les mesures d’accompagnement représentent un instrument efficace pour contrer le dumping salarial. Il est ainsi possible d’instaurer dans les branches problématiques des salaires minimaux obligatoires par le biais de conventions collectives ou de contrats types.
Ces dispositions doivent être mises en œuvre «maintenant», exige l’USS. Leur application est «d’autant plus urgente» qu’il faut s’attendre à partir du 1er juin 2007, date de la fin du contingentement et de l’ouverture complète des frontières, à un nouveau flux de travailleurs des pays européens, selon le syndicat.
Le bémol des patrons
Les comparaisons de salaires entre 2002 et 2004 faites par l’USS ne donnent pas d’indication claire sur les conséquences de la libre circulation des personnes, estime Ruth Derrer Balladore, de l’Union patronale suisse. Il n’y a pour l’instant pas d’explication à certains bas salaires, a-t-elle indiqué.
Seule la comparaison des années 2004, 2005 et 2006 permettra de chiffrer les conséquences de la libre circulation. Il n’y a donc actuellement aucune raison d’introduire le salaire minimum dans la législation fédérale. Les éventuels problèmes doivent être résolus au sein des branches et dans les régions, selon l’Union patronale.
Calculateur de salaire
Depuis l’entrée en vigueur de l’Accord sur la libre circulation, le volume de travail assuré par de la main-d’œuvre provenant de l’Union européenne s’est accru de 32’250 équivalents à plein temps, a ajouté de son côté le syndicat. Cela représente 1,1% de l’ensemble du volume de l’emploi en Suisse.
Afin d’instaurer plus de transparence, l’USS a mis en ligne sur internet une version actualisée de son calculateur de salaire. Le syndicat publie également une deuxième édition de sa brochure présentant les salaires usuels selon les régions.
Le calculateur de salaire, disponible depuis mai 2005, a rencontré un «énorme succès», souligne l’USS. Plus de 350’000 visiteurs ont été dénombrés sur le site en 18 mois, ce qui correspond à 1500 requêtes par jour ouvrable.
Etabli sur la base d’informations de l’Office fédéral de la statistique (OFS), le calculateur analyse 54 branches, soit sept supplémentaires: santé, action sociale, horticulture, industrie automobile, traitement des déchets et des eaux usées, production et distribution d’énergie, recherche et développement.
swissinfo et les agences
Après le refus par le peuple du projet d’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen, en 1992, le gouvernement a suivi la voie des accords bilatéraux avec l’UE.
En mai 2000, un premier paquet d’accords sectoriels a été approuvé par les deux tiers des citoyens. Parmi ces accords figurait celui prévoyant une mise en œuvre graduelle de la libre circulation des personnes à partir du 1er juin 2002.
Avec l’élargissement de l’UE, en mai 2004, ces accords ont été automatiquement étendus aux dix nouveaux Etats membres.
Pour éviter un afflux massif de main d’œuvre étrangère en provenance des pays de l’Est, le gouvernement suisse a demandé quelques modification à l’accord sur la libre circulation des personnes sous la forme d’un protocole additionnel.
Ce protocole, accepté par le peuple suisse en septembre 2005, est entré en vigueur le 1er avril 2006.
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