Les travailleurs du Nord de l’Europe affluent

Les étrangers des deuxième et troisième générations sont relativement rarement ouvriers. Keystone

En Suisse, un travailleur sur cinq est étranger. Une population en croissance, toujours plus souvent originaire du Nord du continent, Allemagne en tête.

Une enquête de l’Office fédéral de la statistique montre qu’Italiens et Espagnols, par contre, perdaient du terrain entre juin 2003 et 2004.

A fin juin 2004, 20,6% de la population active était étrangère (résidents permanent uniquement). C’est 0,4% ou 817’000 individus de plus qu’un an auparavant. La proportion des Suisses au travail a, elle, connu un léger fléchissement de 0,2%.

Au total, la Suisse compte 3,959 millions d’actifs occupés. Dont, notamment, 251’000 travailleurs frontaliers.

Les étrangers actifs en Suisse ont un profil relativement clair. 62,2% d’entre eux viennent de l’Union européenne ou de l’Association économique de libre échange (AELE – Norvège, Islande).

Mieux: par rapport à 2003, les nationaux des pays du Nord et de l’Ouest de l’Europe sont proportionnellement toujours plus nombreux (+ 3,8%, +7000). La palme revient aux Allemands, dont le nombre a progressé de 7,9% (84’000 au total, soit 10,3% des actifs étrangers occupés).

Inversement, les Italiens (-3%), les Espagnols et les Grecs (-5,1%) sont toujours moins nombreux. Petite exception pour les pays du Sud: la population de travailleurs portugais a augmenté de 1,7% (+ 2000).

Le niveau de formation s’accroît

Cette enquête suisse sur la population active éclaire un autre phénomène: 65,1% des personnes actives étrangères de plus de 25 ans et 89,2% des Suisses ont une formation de niveau secondaire II (maturité).

La situation des différents groupes d’étrangers varie toutefois fortement. La part des personnes actives bien formées est la plus élevée (93,7%) chez les ressortissants des pays du Nord ou de l’Ouest de l’Europe. Que ceux-ci soient immigrés ou qu’ils appartiennent à la deuxième ou troisième génération.

S’agissant des Européens du Sud et des originaires des Balkans, le tableau est plus mélangé. Seuls 40,2% (Europe du Sud) et 47,3% (Ouest des Balkans) des personnes arrivées il y a plus de dix ans ont achevé au moins une formation du degré secondaire II.

Pour les deux et troisième générations de ces populations, cette proportion est toutefois nettement plus élevée (87,2% et 77,3%). Tellement, même, qu’ils embrassent des activités professionnelles semblables à celles des Suisses, constate l’étude.

Cadres supérieurs et intellectuels

Cette similarité entre les deux groupes de population est particulièrement nette chez les conducteurs et assembleurs ainsi que chez les ouvriers et employés non qualifiés.

Seuls 7,5% des actifs occupés étrangers de deuxième et troisième générations (et 8,1% pour les Suisses) travaillent dans ces deux catégories, contre 23,6% des immigrés arrivés en Suisse il y a plus de 10 ans.

Le contexte historique de l’immigration joue également un rôle. Un tiers par exemple des actifs occupés immigrés vivant depuis moins de dix ans en Suisse sont cadres supérieurs ou exercent une profession intellectuelle ou scientifique.

Cette part n’est que de 13,1% parmi les étrangers en Suisse depuis plus de 10 ans. Elle atteint 18,6% chez les étrangers de 2e et de 3e générations et 24,2% chez les Suisses

swissinfos et les agences

Faits

Population active en Suisse au deuxième trimestre 2004:

3’142’000 Suisses
817’000 étrangers
Dont 184’000 d’Europe du Nord
Et 313’000 du Sud du continent.

En bref

– Entre juin 2003 et 2004, la Suisse a attiré 817’000 travailleurs étrangers supplémentaires, venant principalement des pays du Nord de l’Europe. D’Allemagne surtout.

– Les travailleurs du Nord du continent sont particulièrement bien formés. Les deuxième et troisième générations venant du Sud du continent et des Balkans le sont davantage que les migrants récents.