La Suisse lance un plan d’action de prévention du terrorisme
Enseignants, policiers ou membres d’associations sportives ou culturelles: tous les acteurs doivent être impliqués dans la prévention du terrorisme. C’est ce qui ressort du plan d’action national lancé ce lundi à Berne par la ministre en charge de la Sécurité Simonetta Sommaruga.
Si la Suisse a été jusqu’ici épargnée par les attentats terroristes liés à l’islamisme radical, elle n’est pas pour autant une île isolée au milieu de l’Europe. Selon les derniers chiffres publiés par le Service de renseignement de la Confédération (SRC), une centaine de personnes présenteraient un risque élevé pour la sécurité de la Suisse dans le domaine du terrorisme.
«Il ne faut pas attendre que le terrorisme soit là pour prendre des mesures», a ainsi souligné le conseillère fédérale Simonetta Sommaruga lundi devant la presse, à l’occasion de la présentation du plan d’action national de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent.
«Il ne faut pas attendre que le terrorisme soit là pour prendre des mesures»
Simonetta Sommaruga
Ce plan, qui compte 26 mesures et doit être mis en œuvre durant cinq ans, prévoit que la Confédération verse cinq millions pour soutenir des projets développés au niveau cantonal ou communal, ou lancés par la société civile.
Travail de proximité
L’objectif est d’effectuer un travail de proximité de tous les jours. La détection à un stade précoce n’est pas seulement du ressort des policiers. Dans le cadre scolaire, comme extra-scolaire, le plan d’action recommande de développer des moyens didactiques, du matériel pédagogique et des projets liés aux thèmes de la radicalisation et de l’extrémisme violent.
Des interventions ciblées peuvent être envisagées auprès des jeunes en situation difficile. Des contre-discours à la propagande devraient être proposés sur Internet. Les milieux de l’éducation, des affaires sociales et de la jeunesse doivent être sensibilisés et se voir proposer des formations et des perfectionnements appropriés. Ils doivent avoir la possibilité de s’adresser à un service spécialisé au besoin.
Les personnes accompagnantes dans un contexte religieux et celles en charge des requérants d’asile doivent aussi être sensibilisées. Idem des responsables d’associations culturelles et de loisirs.
Détection à un stade précoce
Un pool d’experts nationaux devrait pouvoir aider cantons et communes à désengager et réintégrer les personnes radicalisées. Chaque canton devrait désigner une autorité pour la prise en charge de ces individus hors procédure pénale. Des conseils devraient être donnés aux professionnels confrontés à des situations concrètes pour accompagner les proches.
Les cantons devraient parallèlement développer une gestion interinstitutionnelle de la menace. Conduite par la police, cette approche vise à détecter à un stade précoce le potentiel de danger de personnes ou de groupements déjà connus des forces de l’ordre.
Le plan d’action propose également d’encourager les études sur la radicalisation, d’institutionnaliser la collaboration entre l’Etat, les associations de migrants, sportives, de jeunes et de femmes, les professionnels, les œuvres d’entraide et les organisations actives dans le domaine religieux.
Bilan positif pour le projet pilote genevois
Dans ce domaine, la Suisse ne part pas de zéro. A Genève, le projet pilote «GardezLeLien», lancé en juin 2016 et visant à prévenir la radicalisation, a pris en charge 66 situations, se félicite le conseiller d’Etat (ministre) genevois en charge de la Sécurité Pierre Maudet.
«Il a permis de traiter des cas qui n’auraient pas été repérés autrement. A l’époque, certains pensaient que l’on surréagissait. Les chiffres nous donnent raison d’avoir ouvert un réceptacle», explique Pierre Maudet dans un entretien diffusé lundi par la Tribune de Genève.
La plate-forme internet GardezLeLienLien externe doit permettre d’évaluer les situations, voire de les désamorcer. Une ligne téléphonique anonyme accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 a également été ouverte (0800 900 777).
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