OMC: l’accord de Doha est en sursis
Malgré le rendez-vous manqué de l'Organisation mondiale du commerce à Genève, l'ambassadeur de Suisse auprès de l'OMC reste optimiste.
Luzius Wasescha estime que, même si l’échéance de fin avril n’a pas pu être respectée, un consensus sur la libéralisation du marché devrait être trouvé d’ici la fin de l’année.
Les Etats membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont renoncé à convoquer leurs ministres à Genève à la fin du mois. Ils ont pris acte de l’impossibilité de réunir un consensus sur la baisse des droits de douane appliqués aux produits agricoles et industriels.
«Il faut oublier le 30 avril. Les travaux n’ont pas suffisamment progressé pour réunir les ministres, explique le chef de la délégation suisse à l’OMC, Luzius Wasescha. Nous avons constaté que le processus est plus lent que nous l’espérions.»
Même s’il regrettait ce rendez-vous manqué, le directeur général de l’OMC Pascal Lamy estimait lundi que les négociations n’étaient pas pour autant dans l’impasse et que certains progrès avaient été réalisés. Il n’a toutefois pas fixé de nouvelle date butoir.
Pour sa part, le négociateur suisse n’exclut pas qu’un accord puisse être trouvé d’ici la fin de l’année et que le cycle de Doha puisse être conclu pour autant que «les grandes puissances montrent la souplesse nécessaire. Sinon, cela ne sera pas le cas».
Les 149 pays membres de l’OMC avaient prévu, en décembre, à Hong Kong, de se mettre d’accord à la fin avril sur les modalités des négociations lancées à Doha en novembre 2001 – donc sur les formules de réduction des droits de douane sur les produits agricoles et industriels.
Positions inchangées
Depuis, les positions des principaux partenaires commerciaux n’ont pas changé. Les grands pays exportateurs de produits agricoles (menés par le Brésil) «continuent de nourrir l’illusion que l’Union européenne peut faire un grand pas en avant, alors que les Etats-Unis ne montrent pas de flexibilité sur leurs soutiens internes», résume Luzius Wasescha.
Un point de vue partagé par le commissaire européen au commerce. La semaine dernière, Peter Mandelson a accusé les Etats-Unis de «manquer de réalisme» et de ne pas faire assez de concessions sur leurs soutiens internes «en pleine escalade».
«Un grand paquet sur l’accès au marché des produits agricoles n’est pas réaliste», ajoute l’ambassadeur suisse. Parallèlement, les pays émergeants comme l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Egypte ne sont pas prêts à faire un effort supplémentaire pour ouvrir leur marché aux produits industriels.
«La situation n’a pas changé. Les pays exportateurs de produits agricoles ont de grandes ambitions, mais ne veulent rien donner en échange», observe Luzius Wasescha.
Quant à la Suisse, elle est aussi mise sous pression. Les membres de l’OMC souhaitent qu’elle réduise ses subventions à l’agriculture et ses droits de douane à l’importation.
swissinfo et les agences
– Les 149 membres de l’Organisation mondiale du commerce négocient une libéralisation accrue des échanges dans le cadre du cycle «de Doha», lancé en 2001.
– Dans le cadre de ces négociations, la Suisse assume une position défensive sur le dossier agricole et offensive sur la libéralisation des services ou la baisse des droits de douane pour l’industrie.
– L’OMC souhaite que la Suisse réduise ses subventions à l’agriculture et ses droits de douane à l’importation pour les produits agricoles.
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