Pilatus boycotté par la Turquie, Berne intervient
La Turquie a exclu l'avionneur suisse d'un appel d'offres, entraînant l'implication directe du ministère suisse des affaires étrangères.
Les relations déjà crispées entre les deux pays n’en sortent pas améliorées.
Nouveau couac dans les relations tumultueuses entre les deux pays, avec ce boycott décidé par le Ministère de la défense turc. Un boycott confirmé par le patron de Pilatus.
L’avionneur discutait pourtant depuis quatre ans avec les autorités turques autour de la livraison de son appareil d’entraînement PC-21.
Oscar J. Schwenk précise que ce boycott est une première dans l’histoire de la société basée à Stans (Nidwald). «Les raisons de cette interdiction ne nous ont pas été données», précise le patron.
A l’appui, une lettre des autorités turques indiquant qu’en tant qu’entreprise suisse, Pilatus est exclue d’un appel d’offres de 500 millions de dollars.
Ce montant était donné il y a une semaine par le Turkish Daily News, qui mettait ce boycott sur le compte des grippages diplomatiques entre les deux pays.
Le même journal citait aussi un représentant du Ministère de la défense. Ce dernier indiquait ne pas considérer les Suisses comme des partenaires fiables pour des contrats militaires.
A Berne et en Turquie
Berne est intervenue à la suite de la décision des autorités turques. «Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) est informé de cette question», indique sa porte-parole à swissinfo.
«Nous avons évoqué le cas au niveau diplomatique à Berne et en Turquie», poursuit Carine Carey, laquelle précise que le département suit les choses de près.
Le Département fédéral de l’économie (DFE) s’est aussi saisi du dossier. Le ministre Joseph Deiss a offert de trouver une solution lors de sa prochaine visite en Turquie.
Mais aucune date n’est fixée après qu’une première visite avait été repoussée en septembre dernier.
L’Arménie en arrière-plan
Les relations entre les deux pays sont loin d’être au beau fixe. En 2003, elles ont même connu un fort durcissement après la reconnaissance par la Chambre basse du parlement suisse du «génocide» arménien.
Un terme auquel le gouvernement suisse préfère du reste celui de «déportation de masse» et de «massacre».
swissinfo et les agences
Pilatus est leader mondial des avions monomoteurs turbopropulsés et la seule entreprise suisse à développer, produire et vendre des appareils et systèmes d’entrainement
Dans le monde, l’ex-filiale d’Oerlikon-Bührle emploie 1200 collaborateurs
Pilatus a développé son PC-21 depuis 1999 pour répondre aux besoins d’entraînement des forces armées modernes pour les trente prochaines années
– De 1915 à 1919, entre 800’000 et 1,8 million d’Arméniens ont été déportés ou tués. L’interprétation historique de ces événements cause des tensions entre la Turquie et de nombreux pays d’Europe.
– Ces massacres ont été reconnus comme génocide par les parlements de plusieurs pays, dont la France, la Russie et l’Italie.
– Le parlement européen a reconnu le génocide en 1987. En Suisse, le Conseil national a fait de même en 2003.
– Le gouvernement suisse quant à lui ne parle pas officiellement de «génocide» mais de «déportations de masse» et de «massacres».
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