Une exoplanète presque à portée de télescope
Une nouvelle exoplanète excite la communauté scientifique. Non seulement, Proxima b se trouve dans l'orbite de l'étoile Proxima du Centaure, la plus proche de notre système solaire, mais en plus, elle pourrait être habitable. Selon le professeur Willy Benz de l'Université de Berne, elle ouvre des perspectives scientifiques pour tous les experts du cosmos.
C’est la première fois qu’une exoplanète, une planète en dehors de notre système solaire, se situe à la fois dans la zone habitable et qu’elle présente une masse à peu près comparable à celle de la Terre, à savoir 1,3 fois de plus, a commenté Willy Benz de l’Université de Berne dans un entretien accordé à l’ats.
D’autres exoplanètes ont déjà été trouvées dans la zone habitable. Mais elles avaient une masse bien trop grosse, comparable à des mini-Neptune ou des Super Terre.
On ne sait cependant pas encore clairement si les conditions propres à la vie règnent sur Proxima b. « Cela ne dépend pas seulement de la distance entre l’exoplanète et l’étoile autour de laquelle elle est en orbite, mais aussi de son atmosphère », poursuit le professeur Benz. Or nous ne connaissons pas encore sa composition.
Les auteurs de l’article paru dans « Nature » restent encore prudents sur les caractéristiques de Proxima b. Ils ont effectué leurs recherches sur la base de mesures à l’Observatoire européen austral (ESO), au Chili. Ils ont pu mesurer une perturbation de l’étoile, qui se produit à cause de la force d’attraction de l’exoplanète.
Or aujourd’hui, un nouveau télescope est en cours de construction au Chili, le Extremely Large Telescope; un site qui sera opérationnel en 2025, rappelle M. Benz. Doté d’un miroir de 39 mètres de diamètre, il permettra de voir directement Proxima b.
Une percée
Cette découverte renouvelle complètement la recherche dans le domaine des exoplanètes. « En 1995, la première a été observée et, depuis, plus de 3000 corps spatiaux similaires ont été trouvés », raconte le chercheur.
Mais ce champ d’exploration a aussi amené son lot de désillusions: il a été assez vite clair que la plupart étaient trop éloignées pour pouvoir les étudier dans les années à venir ou même à moyen terme.
Désormais on a une exoplanète potentiellement habitable et située dans l’orbite de l’étoile la plus proche du système solaire, Proxima du Centaure. « Environ 70 à 80% des étoiles à proximité immédiate du Soleil appartiennent au même type d’étoiles que Proxima du Centaure, à savoir des naines rouges, des étoiles froides », poursuit M. Benz. « Si notre voisin spatial possède une planète jumelle de la Terre, il y a fort à parier qu’il y en ait beaucoup d’autres ».
Propriétés encore inconnues
Les chercheurs n’ont pour l’heure que des indices indirects sur l’existence et les composantes de l’exoplanète. Les astrophysiciens vont désormais s’atteler à mesurer le diamètre de Proxima b. « Pour ce faire, nous avons besoin d’un passage de l’exoplanète devant son étoile, observé de la Terre », précise le professeur bernois.
Selon l’angle de l’obscurcissement de l’étoile, il sera alors possible de calculer le diamètre de l’exoplanète puis, à partir de sa masse, d’en déduire sa densité. « Ce n’est qu’à partir de là que nous saurons s’il s’agit d’une planète rocheuse », explique le scientifique.
Deux autres méthodes permettent de détecter des exoplanètes. La plus évidente, selon Jean Schneider, astrophysicien à l’Observatoire de Paris, est de les prendre en photo. Le télescope américain Kepler utilise la méthode des transits. Lorsqu’une planète passe devant son étoile, elle crée une petite éclipse, le transit. Grâce à cette méthode, plusieurs milliers de planètes ont été détectées.
A Berne
Willy Benz est directeur de la mission de l’Agence spatiale européenne (ESA) CHEOPSLien externe (CHaracterizing ExOPlanet Satellite) qui doit démarrer dans quelques mois. Ce télescope spatial est développé, construit et testé au Center for Space and Habitability de l’Université de Berne.
« Lorsque CHEOPS sera prêt, nous pourrons avec nos instruments fournir des mesures supplémentaires sur Proxima b si cela s’avère nécessaire », assure le professeur. Sinon, la mission s’attaquera aux autres exoplanètes proches de la Terre qui évoluent dans notre voisinage cosmique.
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