UBS: 10’000 emplois supprimés d’ici 2015
La première banque suisse a annoncé mardi des licenciements massifs dans le cadre de la restructuration de sa division banque d'affaires. Quelque 2500 emplois sont concernés en Suisse.
C’est du jamais vu depuis la faillite de Lehman Brothers en 2008. UBS a annoncé 10’000 suppressions d’emplois. Le géant bancaire helvétique a décidé de se concentrer sur la banque privée et la gestion de fortune.
L’information, sortie durant le week-end par le Financial Times, a fait bondir le titre de 7,3% lundi, une hausse qui devrait se poursuivre ce mardi.
L’établissement basé à Zurich, qui comptait environ 63’500 employés à la fin juin, table sur des économies de 5,4 milliards de francs suisses d’ici à trois ans. UBS veut abandonner certaines activités risquées dans la banque d’affaires, notamment l’activité de revenus fixes. D’ici à 2015, elle veut réduire ses effectifs à 54’000 personnes.
Cette réduction drastique de postes devrait particulièrement toucher des centres comme New York, Londres et Singapour. En Suisse même, UBS a annoncé supprimer quelque 2500 emplois.
UBS a subi une lourde perte de 2,2 milliards de francs au troisième trimestre (1,8 milliard d’euros). Les comptes de la banque ont plongé en raison d’une charge exceptionnelle de 3,1 milliards de francs liée à la restructuration de sa division banque d’affaires et d’une charge sur sa dette de 863 millions.
«Cette décision a été difficile à prendre, particulièrement dans une activité comme la nôtre qui est basée sur les personnes, indique le directeur général, Sergio Ermotti dans le communiqué. Certaines réductions de postes seront compensées par le taux de fluctuation naturel et nous prendrons toutes les mesures qui s’imposent pour atténuer l’impact global de ces changements.»
Concernant les résultats au troisième trimestre, le patron d’UBS a déclaré que toutes les activités de la banque «ont enregistré une rentabilité en hausse».
Malgré ces difficultés, la banque a réussi à attirer de nouveaux capitaux. Sa division gestion de fortune a engrangé 7,7 milliards de francs d’argent frais en provenance d’Asie-Pacifique, des marchés émergents et des clients très fortunés, un résultat qualifié de «record».
Au quatrième trimestre, la banque compte attirer de nouvelles entrées de fonds malgré un environnement économique difficile.
Concernant le versement d’un dividende, repris en 2011 après une interruption de quatre ans, le directeur financier a indiqué que le groupe continuait à «accumuler» des fonds sans préciser si la banque redistribuera une partie de son bénéfice de cette année aux actionnaires.
L’action UBS a ouvert en forte hausse mardi à la Bourse suisse, confirmant une tendance déjà observée la veille.
Les investisseurs ont salué l’annonce par le numéro un bancaire helvétique de l’accélération du réalignement de sa banque d’affaires et la suppression de quelque 10’000 emplois d’ici à 2015.
Vers 09h25, le titre du numéro un bancaire helvétique décollait de 6,1% par rapport à la clôture de la vielle à 13,92 francs.
Dans le même temps, l’indice des valeurs vedettes Swiss Market Index (SMI) grappillait 0,54%.
L’action UBS s’était déjà fortement apprécié lundi, sur fond de rumeurs persistantes de suppressions d’emplois massives.
Le titre de l’établissement avait ainsi terminé la séance sur un rebond de 7,28% par rapport à son cours de clôture de vendredi à 13,12 francs.
Source : ATS
Nouvelle réalité
Dans un entretien accordé à l’ATS, Sergio Ermotti a qualifié le redimensionnement de la banque d’affaires d’adaptation à la nouvelle réalité : «Il existe pour UBS la possibilité de sortir renforcée de ce processus. UBS veut rester un gestionnaire de fortune de premier plan à l’échelle mondial ainsi que le numéro un en Suisse. C’est une position que nos concurrents ne peuvent pas facilement atteindre. »
Après la restructuration, UBS sera davantage focalisée, moins complexe, moins gourmande en capital et disposera d’une banque d’investissement moins risquée, totalement adaptée à son modèle d’affaires dans la gestion de fortune, la clientèle d’entreprises et les investisseurs institutionnels, selon Sergio Ermotti.
Face aux nouvelles exigences réglementaires, Sergio Ermotti ne voit pas de possibilité de rendre profitable à l’avenir la banque d’affaires, «telle que nous l’avons connu ces dix ou quinze dernières années . » C’est pourquoi un changement du modèle d’affaires s’impose à ses yeux. « UBS est la seule banque au monde, qui grâce à sa position peut supporter une telle mesure», estime le patron tessinois.
Selon Sergio Ermotti, la réduction de coûts supplémentaires de 3,4 milliards de francs et la réduction d’effectifs liée constitue la dernière étape du repositionnement d’UBS. «Le processus a débuté il y a une année et va durer encore deux ans. Aujourd’hui était donc le bon moment pour clarifier l’avenir », précise-t-il.
Pas de licenciements précipités
L’Association suisse des employés de banque (ASEB) s’inquiète de ses massives suppressions d’emplois. Dans un communiqué publié mardi à la mi-journée, l’ASEB appelle ainsi le numéro un bancaire suisse à renoncer à prononcer des licenciements de « façon précipitée ». Elle fonde son appréciation sur le bénéfice opérationnel réalisé par l’établissement.
La restructuration doit s’opérer dans tous les départements « dans le plus grand respect » des collaborateurs. La période de trois ans mentionnée par UBS pour l’achever « doit être mise à contribution pour assurer à tous les employés une place de travail », insiste l’ASEB.
En supprimant 2500 postes rien qu’en Suisse, UBS va couper un dixième de tous les emplois qu’elle compte dans le pays, rappelle l’ASEB, craignant que la disparition de spécialistes n’entraîne des répercussions négatives pour l’avenir de la banque elle-même.
L’ASEB salue en revanche le redimensionnement de la division banque d’affaires d’UBS. L’organisation de défense du personnel bancaire l’estime bien trop gourmande en capital.
swissinfo et les agences
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