Une croissance moins vigoureuse que prévu

Les nuages plus nombreux dans le ciel conjoncturel. swissinfo.ch

Le Secrétariat d'Etat à l'économie (seco) revoit sa copie et révise nettement à la baisse ses prévisions de croissance pour l'année 2005.

Il table désormais sur une progression du produit intérieur brut (PIB) de 1,5%, alors qu’il prévoyait encore un taux de 2% en octobre dernier.

Pas de stagnation ou de forte anémie à l’horizon du premier semestre, assure le groupe d’experts économiques de la Confédération. Mais un léger tassement de la croissance, clairement oui.

Trois raisons à cet optimisme désormais tempéré du seco: la faiblesse du dollar, la diminution de la croissance dans la zone euro et la situation peu propice du marché du travail.

Ces facteurs «handicapent pour l’instant la poursuite de l’expansion conjoncturelle en Suisse», constatent les experts. Et «toutes les composantes de la demande» devraient être touchées par le ralentissement attendu.

Côté exportations, le manque de dynamisme qui caractérise actuellement l’activité sur le continent et les défaillances du billet vert pèseront de tout leur poids.

Le pétrole en revanche ne devrait plus venir jouer les troubles fêtes. Apparemment, les soudaines et vertigineuses oscillations de prix sont oubliées. Le seco estime que le baril devrait se stabiliser autour des 40 dollars, tant cette année qu’en 2006.

Stagnation du chômage

Sous l’angle des investissements, le seco prévoit une progression moins marquée dans la construction et les biens d’équipements. Et cela, malgré le niveau plancher persistant des taux d’intérêt.

Autre composante de la demande, la consommation des ménages (60% du PIB) devrait «ralentir dans un premier temps». La faute au chômage, dont la baisse se fait attendre (il stagne à quelque 4% depuis l’automne 2003).

Le seco est en effet clair sur ce point: «il ne faut guère tabler sur une amélioration rapide et soutenue du marché du travail en 2005».

Cette année, les emplois créés seront largement absorbés par les nouveaux actifs. Conséquence: le taux de chômage moyen devrait se situer à 3,7%. Contre 3,9% en 2004. Une légère baisse donc, mais qui découlera surtout des personnes se retirant pour une raison ou une autre de la vie active (retraite anticipée, par exemple).

La forte hausse de la productivité de la main-d’œuvre – conséquence d’une «meilleure exploitation des effectifs» et de l’attitude «hésitante en matière d’embauche de la part de beaucoup d’entreprises» – explique cette stagnation du chômage, précise le seco.

Sans surprises

Secrétaire d’Etat à l’économie, Jean-Daniel Gerber avait déjà évoqué en début d’année que les perspectives seraient revues à la baisse, sans donner d’ordre de grandeur de la révision.

Le haut fonctionnaire avait insisté une nouvelle fois sur la nécessité de réformer la Suisse (en particulier son système social) pour garantir la croissance.

En réalité, la révision à la baisse du pronostic du seco ne prend personne de court. «Ces prévisions du seco sont en ligne avec les développements économiques récents», estime Bernard Lambert, économiste à la banque Pictet, qui table sur une croissance de 1,7% cette année.

Indicateur avancé sur l’évolution à six mois de la valeur ajoutée de l’économie nationale, le baromètre du KOF publié vendredi s’affiche lui aussi à la baisse en janvier.

swissinfo et les agences

Faits

Prévisions du seco:
Croissance du PIB en 2005: 1,5%
Croissance constatée du PIB en 2004: 1,8%
Taux de chômage en 2005: 3,7%
Taux de chômage constaté en 2004: 3,9%

En bref

– Le Secrétariat d’Etat à l’économie réduit ses perspectives de croissance d’un demi-point et corrige ses estimations du chômage vers le haut.

– Cette réduction des perspectives de croissance devrait entraîner une détérioration du budget de l’Etat de quelque 360 à 520 millions de francs. Le déficit (entériné par le Parlement à 1,798 milliard) devrait donc largement dépasser les 2 milliards.