Centenaire, la Fédération de la Croix-Rouge met le cap sur 2030
(Keystone-ATS) La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) célèbre ses 100 ans dimanche. Plus grande institution humanitaire au monde, elle doit adopter en fin d’année sa politique jusqu’en 2030, notamment face au changement climatique.
Le 5 mai 1919, les représentants des Croix-Rouge des cinq puissances alliées (Etats-Unis, Japon, Italie, France et Grande-Bretagne) décidaient de mettre en commun leur expertise à la sortie de la Première Guerre mondiale. La Ligue des sociétés de la Croix-Rouge devait permettre de continuer en temps de paix une assistance humanitaire auprès des personnes vulnérables.
La Croix-Rouge Suisse (CRS) avait rejoint dès 1920 l’organisation. Et Genève a abrité le siège depuis le début, avec une interruption de plus de 16 ans jusqu’en 1939.
« C’était une approche visionnaire aux côtés des Etats », dit dans un entretien à Keystone-ATS le secrétaire général actuel de la FICR, le Sénégalais Elhadj As Sy. Bien avant le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et la malaria, ces pathologies et les pandémies étaient déjà au centre des préoccupations. La gestion et le partage des données des bénéficiaires étaient aussi abordés bien avant les nouvelles technologies.
Cent ans plus tard, le contexte est très différent. Rebaptisé Fédération au début des années 90, le réseau rassemble 191 sociétés nationales et plus de 13,5 millions de bénévoles. Pour ses 100 ans, la FICR veut renforcer l’unité de ce dispositif.
Changement climatique ou encore migrants
« Quand on parle à New York et à Genève de changement climatique, c’est très théorique. Quand je suis auprès de la société nationale des Iles Marshall, je vois les vagues progresser d’année à d’année. C’est une réalité », dit M. Sy. D’où le besoin de collaborer pour partager compétences et ressources pour un impact plus important.
La CRS collabore par exemple avec 30 autres sociétés nationales et aide celles qui ont moins de moyens ou de savoir-faire, explique sa présidente Annemarie Huber-Hotz, elle-même vice-présidente de la FICR. Sur les désastres, « nous mettons à disposition nos équipes » mais la Fédération garantit la coordination, insiste-t-elle.
D’ici 2025, la FICR veut, avec ses partenaires, sortir de la vulnérabilité un milliard de personnes. L’effort face au changement climatique, préoccupation principale des jeunes volontaires, sera l’une des priorités de sa nouvelle politique jusqu’en 2030. Présentée cette semaine devant le Conseil de direction, celle-ci devrait être adoptée en décembre à Genève.
Outre le réchauffement climatique, elle va porter sur des défis comme les désastres, la santé, la migration et l’extension du rôle des communautés locales dans l’assistance humanitaire alors que des gouvernements sont réticents à l’action des organisations internationales. Récemment, la FICR a acheminé un cargo d’aide médicale au Venezuela, où le président Nicolas Maduro dément toute crise humanitaire. D’autres devraient suivre dans les prochaines semaines.
Selon Mme Huber-Hotz, la FICR devra aussi réussir à continuer à attirer des bénévoles et garantir ses ressources financières. Plus largement, l’organisation veut cibler les jeunes et va aussi davantage prendre en compte les nouvelles technologies. Les personnes vulnérables « n’ont pas besoin seulement d’eau » mais elles veulent aussi rapidement être connectées, dit M. Sy.
Pas la distinction avec le CICR
Dans son fonctionnement, la FICR utilise désormais les données de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) pour anticiper les désastres. Un Fonds de prévention pour oeuvrer en amont a été lancé en 2018 et a déjà reçu environ 3 millions de francs, notamment de la Suisse et du secteur privé. La FICR sécurise par ailleurs ses opérations par le recours à la blockchain.
Autant de défis qui seront aussi portés devant l’ensemble du Mouvement de la Croix-Rouge qui se réunira en décembre à Genève pour sa conférence internationale comme tous les quatre ans. Aux côtés de la FICR et des sociétés nationales, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et les Etats doivent renforcer l’application du droit international humanitaire (DIH).
La FICR ne se formalise pas sur l’attention portée au CICR. Sur le terrain et « en dehors de Genève », « les gens ne font pas la distinction », dit M. Sy. Il est souvent félicité, y compris dans sa famille, pour des actions qui ont été menées par le Comité.
Une situation également observée par Mme Huber-Hotz. « Le plus important est que les gens connaissent le mandat de la Croix-Rouge », quelle que soit la composante à laquelle ils donnent de l’argent, dit-elle.