Chefs-d’oeuvre surréalistes à la Fondation Beyeler à Riehen (BS)
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La Fondation Beyeler présente en première mondiale une sélection d'oeuvres surréalistes de la Collection Hersaint. Une cinquantaine d'oeuvres majeures d'artistes tels que Max Ernst, Salvador Dali et René Magritte sont exposées à Riehen (BS).
(Keystone-ATS) « La Clef des songes » présente en première mondiale de nombreuses oeuvres de la collection privée de Claude Hersaint (1904-1993) qui n’ont jamais été exposées en public, a indiqué vendredi Raphaël Bouvier, de la Fondation Beyeler. L’exposition, visible depuis dimanche jusqu’au 4 mai, a été réalisée avec le soutien d’Evangéline Hersaint, la fille du collectionneur.
La liste des artistes présentés à Riehen est un « who’s who » du mouvement surréaliste: Max Ernst, Salvador Dali, René Magritte, Joan Miro, Pablo Picasso, Man Ray, Jean Dubuffet, Alberto Giacometti, Henri Rousseau, Yves Tanguy, Balthus, Louise Bourgeois, pour ne citer que les plus connus.
Première acquisition à 17 ans
Claude Hersaint a acquis sa première oeuvre surréaliste à 17 ans. C’était « Cage et oiseau » (vers 1920), de Max Ernst, un petit tableau exposé à l’entrée de l’exposition. Au fil des années, le banquier a constitué une collection de quelque 150 oeuvres surréalistes « parmi les plus remarquables au monde », a souligné Raphaël Bouvier.
Tout au long de sa vie, Claude Hersaint a noué des liens d’amitié avec de nombreux artistes, tout particulièrement avec Max Ernst. « Entre mon père et Max Ernst, c’était une histoire d’amour », a déclaré Evangéline Hersaint lors de la présentation de l’exposition.
Parmi les oeuvres majeures de l’exposition figure notamment « L’Ange du foyer (Le Triomphe du surréalisme) » que Max Ernst a peint en 1937. On peut aussi y admirer « Le Jeu lugubre » (1929), de Salvador Dali, ou « Passage du Commerce-Saint-André » (1952-1954), de Balthus, une oeuvre en prêt permanent à la Fondation Beyeler depuis plusieurs années.
Parmi les autres oeuvres iconiques du surréalisme de la collection Hersaint, on peut citer « La Clef des songes » (1930) et « La Gravitation universelle » 1953, de René Magritte. « Ce tableau était dans ma chambre quand j’étais enfant », raconte Evangéline Hersaint en passant devant « Bocal à vache » (1943), de Jean Dubuffet, et « là c’est mon portrait réalisé par Max Ernst quand j’avais environ cinq ans », glisse-t-elle en montrant « Evangeline », une oeuvre de 1957.
Amitié entre Hersaint et Beyeler
Les oeuvres de la collection Hersaint sont présentées avec plusieurs toiles et sculptures provenant de la collection de la Fondation Beyeler. Une longue amitié a lié Claude Hersaint et Ernst Beyeler, a rappelé Evangéline Hersaint. Les deux collections présentent à la fois des similitudes et des différences, mais elles se complètent « idéalement », a souligné Raphaël Bouvier.
Claude Hersaint est né à Sao Paulo, au Brésil, où sa famille originaire d’Alsace-Lorraine avait émigré au milieu du 19e siècle. Il s’est installé à Paris à son adolescence et a étudié le droit. Il est ensuite devenu banquier. En 1941, il a quitté la France en raison de la guerre et s’est réfugié à Rio de Janeiro, puis à New York.
Claude Hersaint est revenu en France après la guerre. A partir de 1948, il a vécu à Paris et à Montreux avant de s’installer à Crans-Montana (VS) où il est décédé en 1993. Son épouse Françoise Hersaint s’est alors engagée pour que la collection ne soit pas dispersée. C’est aujourd’hui Evangéline Hersaint qui est la tête de la collection et qui la rend pour la première fois accessible au grand public avec l’exposition « La Clef des songes » à la Fondation Beyeler.