Chefs-d’oeuvre de la peinture suisse présentés chez Gianadda (VS)
(Keystone-ATS) La peinture suisse est à l’honneur à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny (VS). Les oeuvres sont issues de la collection de l’ancien conseiller fédéral Christoph Blocher. Elles sont visibles jusqu’au 14 juin 2020.
L’exposition « Chefs-d’oeuvre suisses » réunit cent vingt-sept tableaux réalisés aux alentours de 1900. Ils sont issus de la collection de Christoph Blocher, l’un des plus importants collectionneurs de la peinture helvétique.
A la Fondation Gianadda, la visite débute par une dizaine d’oeuvres de Johann Gottfried Steffan, Alexandre Calame, Edouard Castres, Robert Zünd, Benjamin Vautier et Rudolf Koller. Elles représentent essentiellement des paysages et des scènes de genre, soit des scènes de la vie quotidienne.
Histoires du village d’Anet
L’exposition se poursuit avec quarante-huit oeuvres d’Albert Anker (1831-1910) et quarante-cinq signées Ferdinand Hodler (1853-1918). Christoph Blocher est « le principal prêteur privé de toute rétrospective de l’un ou l’autre de ces deux grands artistes suisses », précise le commissaire de l’exposition Matthias Frehner dans le catalogue officiel de l’exposition.
Anker puise son inspiration notamment dans son village natal d’Anet (Ins en allemand), près de Berne. Il représente la vie paysanne, le quotidien des fermiers, des artisans ou encore des paysages. Il est aussi « l’un des plus importants créateurs de représentations enfantines » dans la peinture européenne du XIXe siècle.
Parmi les oeuvres exposées figure « La petite amie ». Elle représente deux jeunes filles, l’une, habillée en noir et ayant perdu sa soeur cadette, l’autre, plus jeune, lui présentant ses condoléances. De cette huile sur toile réalisée en 1862, Christoph Blocher confie: elle « est vraiment l’une de mes peintures préférées d’Anker ».
L’homme simple, ce héros
Ferdinand Hodler est l’un des chefs de file de l’art moderne. Influencé à ses débuts par le réalisme, il s’impose ensuite comme une figure majeure du symbolisme.
Les oeuvres présentées à la Fondation Gianadda sont essentiellement des paysages: lacs, montagnes, horizons infinis, comme autant de « métaphores intemporelles de l’existence ».
Hodler « s’intéresse à la nature où qu’elle se trouve. De même, ses représentations de figures donnent le plus souvent à voir des comportements humains universels et non pas spécifiquement suisses ». Après 1900, il devient l’un des portraitistes les plus demandés en Suisse.
Le collectionneur Christoph Blocher apprécie la façon dont Hodler fait « de l’homme simple un héros »: « (…) Ayant appris le métier de paysan, j’ai moi-même fauché les champs et je sais à quel moment précis il faut prendre de l’élan et abattre la faux pour couper l’herbe. Et le bûcheronnage ne m’est pas non plus étranger. Hodler a sur rendre ce sujet de manière géniale! ».
De la copie à l’original
L’exposition se termine avec des oeuvres de l’époque moderne suisse représentée par Ernest Biéler, Augusto Giacometti, Giovanni Segantini, Félix Vallotton, Adolf Dietrich, Max Buri, Cuno Amiet ou encore Alberto Giacometti.
Dans un entretien avec Matthias Frehner publié dans le catalogue de l’exposition, Christoph Blocher indique que son père accrochait de nombreuses reproductions de tableaux dans la maison familiale. Le collectionneur possède aujourd’hui certains originaux de cette décoration murale.
Il s’est offert ces premières oeuvres, « modestes », dans les années 1970. « Je n’ai jamais collectionné des oeuvres d’art. L’achat de mes tableaux n’a jamais reposé sur un raisonnement rationnel. C’est l’inconscient qui en était le moteur, comme pour tant d’autres choses dans la vie. La beauté en était le ressort essentiel, la beauté intérieure ou extérieure (…) », note Christoph Blocher.