Chine: les PME peinent à redémarrer malgré les coups de pouce
(Keystone-ATS) Les petites et moyennes entreprises chinoises peinent à reprendre le travail dans un pays toujours paralysé par l’épidémie du coronavirus, au risque de se trouver à court de liquidités en dépit de nouvelles mesures de soutien.
Les congés du Nouvel an lunaire, prolongés de facto jusqu’au 10 février, sont officiellement terminés depuis deux semaines, mais la plupart des petites entreprises restent à l’arrêt. Seules 30% environ des PME ont repris leur activité, a indiqué lundi Tian Yulong, haut responsable du ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information. Et ce alors que les PME, tous secteurs confondus, représentent 60% de l’économie chinoise.
La principale difficulté pour les PME est l’absence d’un « redémarrage simultané » des entreprises et usines selon les régions et secteurs, ce qui paralyse des chaînes de production, a expliqué M. Tian lors d’une conférence de presse. Les restrictions de circulation perturbent les approvisionnements de matières premières et la livraison de produits finis, a-t-il ajouté. Et les consommateurs calfeutrés chez eux désertent les commerces.
Surtout, les bras font cruellement défaut: nombre de villes confinent toujours leurs résidents et les restrictions de transports empêchent le retour des employés partis pour les congés. Mi-février, un vice ministre des Transports avait estimé que, sur environ 300 millions de « travailleurs migrants » rentrés dans leur région d’origine, moins d’un tiers étaient à cette date revenus dans la ville où ils travaillent.
Du mieux du côté des grands groupes
Au-delà des PME, la situation des grands groupes semblait néanmoins bien meilleure dans deux provinces très industrialisées du pays. Plus de 90% des entreprises industrielles de grande taille dans le Zhejiang (est) et 70% de celles du Guangdong (sud) ont repris leur activité, a indiqué lundi Cong Liang, haut-responsable de la puissante agence de planification chinoise sans préciser toutefois à quelle cadence de production.
Plusieurs secteurs stratégiques s’avèrent bien lotis: l’industrie sidérurgique fonctionne à 70% de ses capacités de production, tandis que le fret ferroviaire opère quasi-normalement, selon M. Cong. Mais pour les PME, la pression financière s’intensifie, au point d’agiter le spectre de faillites en cascades.
Plus de 60% des PME ne peuvent couvrir leurs charges et échéances de paiement que pendant un à deux mois avant de se trouver à court de liquidités, selon une étude de la Fédération chinoise des PME, rapportée par le quotidien officiel Jingji Ribao (Economic Daily). Inquiètes, les autorités multiplient les coups de pouce.
Certaines autorités locales commencent à lever leurs restrictions de circulation pour « faciliter la reprise de l’activité », a indiqué lundi l’agence Chine nouvelle. De même source, les barrages routiers aux limites provinciales du Jiangsu (est) ont été levées dimanche.
Prêts spéciaux
Surtout, près d’un millier de firmes ont déjà bénéficié de nouveaux prêts spéciaux, puisés dans de vastes fonds réservés par la banque centrale chinoise (PBOC) pour aider les entreprises, a indiqué lundi un vice-gouverneur de l’institution. Et le seuil de tolérance pour les volumes de créances douteuses au bilan de certaines banques sera relevé, pour ne pas décourager les établissements à prêter aux firmes en difficultés, a insisté la CBIRC, régulateur du secteur financier.
Enfin, les secteurs les plus frappés, comme les transports, la restauration ou le tourisme, bénéficieront de rabais fiscaux préférentiels. Alors que le président Xi Jinping a de nouveau assuré dimanche que l’impact économique resterait « de court terme » et gérable, des économistes anticipent malgré tout une forte chute de la croissance sur l’année.