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Cinq bisons sont arrivés dans la forêt de Suchy (VD)

Cinq bisons d'Europe sont arrivés jeudi dans la forêt de Suchy. KEYSTONE/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) Cinq bisons d’Europe, un mâle et quatre femelles, sont arrivés jeudi dans la forêt de Suchy (VD). Ils constituent la première cellule de conservation génétique de Suisse.

« Je suis très ému, après douze ans d’attente », a confié Alain Maibach, biologiste et membre de l’association Bisons d’Europe de la forêt de Suchy (ABEFS). « Je suis passé par tous les états d’âme. » Un camion à plaques polonaises vient alors tout juste d’arriver.

Après près de trois heures d’attente – le camion est resté bloqué à la douane -, une quarantaine de personnes, dont les membres de l’ABEFS, des sponsors de l’association privée, les services de la faune ou des habitants de la région, voient cinq caisses être déchargées du véhicule. On devine où se trouve le mâle: sa caisse est plus grande et porte les marques de coups de sabots.

Encore une heure plus tard, les animaux sont libérés dans un parc de trois hectares et demi, où ils seront en quarantaine durant 20 à 30 jours. Après avoir été confinés pendant plus de 24 heures, les bisons s’enfoncent dans les bois.

Définition du bison

En attendant leur arrivée, M. Maibach a expliqué que les procédures ont été compliquées. « La définition d’un bison n’est pas la même pour une douane, l’Office fédéral de l’environnement ou un vétérinaire », a-t-il indiqué. « Il a fallu expliquer aux douaniers qu’on n’importait pas les animaux pour les manger ou faire du commerce. »

Le biologiste a précisé que l’ABEFS ne possède pas les animaux, elle n’en est que l' »hôtelière ». « Ils n’ont pas de prix, ils appartiennent à la collectivité », a-t-il dit. Logique différente à la frontière: il a fallu « inventer » une facture de 100 euros par animal, pour l’encaissement de la TVA.

Ces bisons ont été sélectionnés par l’European Bison Survival Group (EBSG), basé à Varsovie (Pologne), afin de former une cellule de conservation génétique. L’objectif est de pérenniser l’espèce, en délocalisant de petits groupes appelés à se reproduire, sous contrôle vétérinaire et génétique, et en la protégeant des épizooties.

Une fois qu’ils ne seront plus reproducteurs, les bisons – qui vivent 20-30 ans – seront naturellement exclus du groupe et finiront leur vie en solitaire ou seront « éliminés » sur place. « De toute façon, il faudra éliminer certains bisons à un moment donné, pour éviter la consanguinité », a glissé M. Maibach.

« Pas un parc zoologique »

« Ce n’est pas un parc zoologique », a indiqué M. Maibach. « On ne va rien faire pour que les gens puissent voir les bisons, mais on ne va rien faire non plus pour qu’ils ne puissent pas les voir. » Après leur période en quarantaine, les bêtes seront lâchées dans un enclos de 50 hectares dans la forêt.

Les animaux seront donc en semi-liberté mais pas à proprement dit introduits en Suisse. Deux autres parcs, de 48 et de 23 hectares, ont aussi été prévus. « On va analyser l’impact des bisons sur la biodiversité », a développé le biologiste. « Si l’impact est négatif, on déplacera les bêtes de l’autre côté de la forêt. »

Un gardien d’animaux passera une fois par jour. Les femelles auront une puce GPS, ce qui permettra de savoir quelles parties de la forêt seront préférées par les bêtes. Des panneaux indiqueront aux promeneurs de ne pas nourrir les bisons ou de tenir les chiens en laisse.

« Mélanger le contenu génétique »

Cinq bisons seront présents au début, mais il pourrait y en avoir 25. Lorsque des petits naîtront, des adultes seront déplacés vers d’autres cellules en Europe et des jeunes viendront à Suchy. C’est l’EBSG qui fait les sélections, le but étant toujours de « mélanger le contenu génétique ».

Les bisons d’Europe ont presque disparu au début du XXe siècle. Grâce à des démarches de sauvegarde menées depuis les années 1920, quelque 6000 individus vivent aujourd’hui en liberté ou semi-liberté. Sous l’égide de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et de l’EBSG, des cellules similaires se trouvent notamment en Espagne, en France et en Suède. Ils sont toutefois les plus nombreux en Pologne et en Biélorussie.

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