Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, lecteurs de Suisse et du monde,
Mais pourquoi la deuxième vague de coronavirus a-t-elle frappé si fort la Suisse? Le cas fera certainement école dans les facultés où l’on forme les épidémiologistes de demain. Mais en attendant, c’est Daniel Koch, incarnation de la lutte durant la première vague, qui vient à son tour dire ce que tout le monde pressent depuis un certain temps: comme la cigale de la fable, la Suisse a été trop pressée de «chanter tout l’été», pour se retrouver ensuite «fort dépourvue, quand la bise fut venue».
Nous parlerons aussi de l’incidence de la pandémie sur la démocratie directe, du vote des personnes en situation de handicap et du capitalisme d’État chinois qui avance ses pions en Suisse.
Très bonne lecture,
«Nous n’avons pas fait assez attention pendant l’été. Nous nous sommes trop concentrés sur la réouverture». À sa manière, toujours calme et didactique, Daniel Koch, le Monsieur Corona de la première vague, a livré ses observations mardi dans la Matinale de la RTS.
«Ce qui n’a pas joué, c’est la mise en place du traçage. Nous n’avons pas assez réagi à l’augmentation des cas pendant l’été. Nous n’avons pas repensé les stratégies», estime Daniel Koch. Selon lui, il faut éviter un hiver où le nombre de cas reste trop haut, avec le risque permanent d’une troisième vague.
Désormais retraité, l’ancien médecin de 65 ans rappelle que d’autres pays ont réagi «beaucoup plus fort» lors des premiers signes d’une augmentation des cas. «Mais ce n’est pas seulement la Suisse qui a manqué de faire un effort, c’est toute l’Europe», précise-t-il.
- L’article et l’interview de Daniel KochLien externe, par RTS Info
- Coronavirus: la situation en Suisse – mis à jour régulièrement
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La pandémie perturbe tout, y compris la démocratie directe. Pas facile de récolter des signatures au marché en respectant les gestes barrières. Cet état de fait devrait booster la collecte en ligne mais en fait… pas du tout.
En Suisse, signer une initiative ou un référendum sur internet ne peut se faire qu’«à moitié». On télécharge la feuille en ligne, mais il faut toujours l’imprimer, la signer et la renvoyer par la poste. Le Conseil fédéral, qui voulait introduire la signature électronique avec le e-voting, a mis les deux projets au congélateur, à cause des risques.
Du coup, en Suisse comme ailleurs dans le monde, les gens signent sur internet avant tout des pétitions. La pratique est très largement répandue, grâce à des sites comme avaaz ou change.org. Mais une pétition n’a aucune force contraignante. Et la démocratie numérique n’en est encore qu’à ses balbutiements.
- L’article de mon collègue Renat Kuenzi
- Globalement la démocratie se porte mieux, mais elle fléchit en Suisse – un tour d’horizon réalisé par mon collègue Domhnall O’Sullivan en 2019
- Point fort – peut-on mesurer la démocratie?
Les citoyens genevois votent ce week-end sur une réforme qui, si elle est acceptée, pourrait faire tache d’huile dans tout le pays. Il en va des droits civiques pour tous, et en l’occurrence pour les personnes les plus lourdement handicapées.
La Suisse compte environ 15’000 personnes sous curatelle de portée générale en raison de déficience mentale ou psychologique. Celles-ci sont exclues de la démocratie. Elles ne participent ni aux votations ni aux élections.
Cette mise à l’écart de la vie civique serait contraire aussi bien à la Constitution suisse qu’au droit international. Les associations de personnes en situation de handicap comptent sur Genève pour donner un signal en faveur du changement.
- L’article de mon collègue Renat Kuenzi
- «Nous oublions souvent les personnes handicapées» – la Suisse compte encore de nombreuses barrières – par ma collègue Katy Romy (mai 2018)
- Le handicap rend le confinement encore plus compliqué – un point de la situation en début de pandémie, par mon collègue Olivier Pauchard (avril 2020)
36 entreprises suisses passée en main chinoises en dix ans, dont plus de la moitié rachetées par des conglomérats étatiques. Faut-il craindre la mainmise de Pékin sur certains secteurs stratégiques?
Près de 35 milliards d’euros par année en moyenne: c’est le montant des investissements directs chinois en Europe ces cinq dernières années. En 2008, on n’en était encore qu’à 700 millions. Et jusqu’à très récemment, on n’avait qu’une vue partielle des détails de ces transactions. Grâce à une société d’analyse de données néerlandaise, on en sait désormais plus.
Si tout le monde se souvient de Syngenta, une douzaine de prises de participation en Suisse n’ont jamais été rapportées dans la presse du pays. Elles ont eu lieu entre 2010 et 2020, essentiellement dans les domaines des matières premières, mais aussi de la santé, de l’immobilier ou de l’énergie.
Les risques de ces transactions opaques sont multiples: accès de l’État chinois à des secteurs stratégiques, transferts forcés de propriété intellectuelle, risques financiers. L’Europe et la Suisse renforcent leurs défenses légales, mais il est bien tard…
- L’articleLien externe du quotidien Le Temps (abonnés)
- Point fort – la Chine veut peser de tout son poids à l’ONU
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