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Viola Amherd et Ursula von der Leyen

Aujourd’hui en Suisse

Chères lectrices, chers lecteurs,

Le traditionnel repas de Noël du Conseil fédéral marquera ce soir le début d’une courte période d’hibernation pour la Berne politique.

Mais d’importantes affaires étaient encore à régler en ce vendredi après-midi – un véritable «Super Friday» du côté du Palais fédéral. Les négociations entre la Suisse et l’Union européenne ont touché à leur fin avec la venue de la présidente de la Commission européenne pour la clôture officielle des pourparlers à Berne.

La grande question va désormais être de savoir comment le paquet négocié sera accueilli par les parlementaires et le peuple. Les premières réactions indiquent que les débats se poursuivront l’an prochain en Suisse.

Toujours dans la capitale, la Commission d'enquête parlementaire sur le naufrage de Credit Suisse a présenté vendredi ses conclusions. Il n'y aura pas de démissions, mais des erreurs – ou des potentiels d'amélioration – ont toutefois été pointées du doigt.

Nous serons de retour lundi, bon week-end!

Viola Amherd et Ursula von der Leyen
Keystone / Alessandro Della Valle

Après 197 séances, les négociations avec l’Union européenne (UE) sont terminées. Tous les objectifs de négociation suisses ont été atteints, s’est réjoui le Conseil fédéral.

La présidente de la Confédération, Viola Amherd, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont souligné lors de leur rencontre vendredi que les bouleversements mondiaux rendaient une bonne relation plus importante, pour la Suisse comme pour l’UE. Car le monde devient plus fragmenté, moins occidental et moins démocratique.

Viola Amherd a affirmé que les nouveaux accords mettront la Suisse «à l’abri des tempêtes». Ursula von der Leyen a de son côté ajouté: «Les tensions géopolitiques ont également un impact sur la Suisse. Des partenariats puissants sont une nécessité.»

Le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, a qualifié le résultat d’«important pour l’économie, la recherche et la sécurité […] La Suisse peut ainsi poursuivre sur une voie bilatérale taillée sur mesure.»

Trois nouveaux accords bilatéraux s’ajoutent aux cinq accords précédents. Ils portent sur l’électricité, la santé et la sécurité alimentaire.

Concernant la libre circulation des personnes, une clause de sauvegarde sera appliquée en cas de besoin. Celle-ci pourra «être activée par la Suisse de manière autonome», a précisé le Conseil fédéral.

Pour la protection des salaires, la Suisse pourra maintenir au niveau actuel ses conditions salariales et de travail pour les travailleurs détachés. Elle sera assurée contre d’éventuels retours en arrière. En revanche, les règles de l’UE seront appliquées pour les frais, ce que les syndicats critiquent.

Au sujet d’Horizon Europe, la Suisse aura à nouveau un accès complet dès 2025 aux programmes européens de promotion de la recherche.

Quant au prix d’entrée sur le marché européen, il sera de 350 millions de francs par an à partir de 2030. Jusqu’à cette date, la Suisse paiera chaque année 130 millions de francs.

Quelle est la suite? L’accord avec l’UE devrait être paraphé au printemps. Les trois nouveaux accords bilatéraux devraient être présentés dans des arrêtés fédéraux séparés. Il pourrait ainsi y avoir jusqu’à quatre référendums et quatre votations populaires séparées. Mais le paquet sera d’abord mis en consultation. Le Parlement s’en occupera en 2026.

l'UDC en veillée devant le Palais fédéral
Union démocratique du centre (UDC)

Les principales formations politiques du pays ont réagi à la clôture des négociations. La gauche se montre sceptique, voire critique; l’UDC y est opposée; et les autres partis saluent le résultat, mais avec prudence.

L’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) parle d’une nouvelle réjouissante pour les plus de 466’000 Suisses de l’étranger qui vivent dans les pays de l’UE/AELE.

L’Union patronale suisse, l’association économique Economiesuisse et l’association industrielle Swissmem saluent également les nouveaux accords. Selon elles, la conclusion des négociations marque un pas important vers la pérennisation d’une voie qui a fait ses preuves.

L’Union syndicale suisse et le syndicat TravailSuisse critiquent quant à eux l’accord. Ils affirment qu’il démantèle la protection des salaires.

Du côté des cantons, on salue le franchissement d’une étape avec à la clé l’ouverture d’un nouveau chapitre.

La droite conservatrice (UDC) a catégoriquement rejeté ces nouveaux accords et dénonce un «traité de soumission à l’UE». Les cadres du parti avaient d’ailleurs tenu une «veillée» dès le matin devant le Palais fédéral (photo) en signe de protestation.

Le Centre salue le fait que le Conseil fédéral soumette les nouveaux accords à des discussions séparées. Il s’agira selon lui maintenant d’examiner si le résultat des négociations prévoit des solutions acceptables.

À gauche, le parti socialiste (PS) salue la conclusion de l’accord. Il estime que le Conseil fédéral a maintenant le devoir de présenter un paquet global équilibré qui garantisse la protection des salaires.

Le Parti libéral radical (PLR) estime de son côté que le résultat est meilleur que lors des tentatives précédentes, il ne veut pour l’instant ni se réjouir ni condamner les accords.

Les Vert-e-s se sont dits «très heureux» de la conclusion des négociations. Selon eux, l’accord est un coup de pouce pour la place scientifique et économique suisse.

Enfin, les Vert’libéraux indiquent que ce paquet «sur mesure» rend la Suisse apte à affronter l’avenir et assure sa prospérité.

Enquête parlementaire
Keystone / Peter Klaunzer

La Commission d’enquête parlementaire (CEP) sur Credit Suisse arrive à la conclusion que la banque a provoqué sa propre fin, mais que l’État l’a laissée faire.

Vous souvenez-vous de la chute de Credit Suisse? C’était en mars 2023, la situation de la banque s’était aggravée en quelques jours, alors que de plus en plus de clients retiraient leurs avoirs. Face à l’urgence, la Confédération et la Banque nationale suisse (BNS) organisaient le rachat de la deuxième banque suisse par UBS. Une prise de risque pour l’État. Vendredi, la Commission d’enquête parlementaire a présenté ses conclusions à ce sujet.

Le management de Credit Suisse est le principal responsable de la chute de la banque. C’est lui qui a conduit l’institution à une crise de confiance fondamentale.

Le Département fédéral des finances, dirigé alors par le conseiller fédéral Ueli Maurer, a minimisé la crise et n’a pas suffisamment informé le reste du Conseil fédéral. Et il n’a pas réussi à mettre à disposition à temps des aides de trésorerie.

L’autorité suisse de surveillance des marchés financiers (Finma) a accordé à Credit Suisse des allègements en matière de prescriptions sur les fonds propres, faussant ainsi les bilans. La Finma n’a pas non plus réussi à mettre suffisamment de garde-fous à la banque. Mais c’est aussi cette dernière qui a fait preuve d’une «réticence fondamentale» à l’égard de l’organe de surveillance.

La BNS et le Conseil fédéral obtiennent quant à eux dans l’ensemble de bonnes notes pour la gestion de la crise. Certes, il manquait un «plan B», mais la fusion d’urgence a été la bonne décision.

Principales leçons de la débâcle: la CEP recommande une amélioration des règles «too big to fail» pour la mégabanque UBS et une meilleure communication au sein du Conseil fédéral.

Les initiants manifestent à Berne
Keystone / Peter Schneider

Mauvais départ pour l’initiative sur la responsabilité environnementale des Jeunes Vert-e-s qui se dirige vers un «non» lors des prochaines votations, selon le premier sondage SSR.

Il s’agit de l’unique objet de la votation du 9 février. L’initiative sur la responsabilité environnementale exige que l’économie suisse évolue dans le cadre des limites de la nature.

Un premier sondage de la SSR, maison-mère de SWI swissinfo.ch, montre que seules 28% des personnes interrogées sont résolument favorables à la proposition et 17% plutôt favorables. 49% d’entre elles y sont résolument ou plutôt opposées.

Mais si l’initiative ne semble aujourd’hui pas convaincre une majorité des personnes, nombreuses sont celles qui reconnaissent son objectif fondamental. Deux tiers des personnes interrogées par  l’institut gfs.bern partagent l’avis selon lequel nous consommons aujourd’hui les ressources de demain et mettons ainsi en péril nos moyens de subsistance.

Claude Nicollier et Marco Sieber
Keystone / Martial Trezzini

La Suisse en image

Les astronautes suisses Claude Nicollier et Marco Sieber étaient à Lausanne jeudi pour le spectacle «De la Suisse à la lune». Claude Nicollier, qui vient de fêter ses 80 ans, est le seul Suisse à être allé dans l’espace. Il y a passé plus de 1000 heures lors de quatre vols en orbite. Marco Sieber s’entraîne auprès de l’Agence spatiale européenne (ESA) en vue de son premier vol dans l’espace.

Texte traduit de l’allemand à l’aide de DeepL/dbu

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