Aujourd’hui en Suisse

Chères et chers Suisses de l’étranger,

Tout d’abord, bonne Saint-Valentin! Car en Suisse comme dans bien d’autres pays, ce vendredi 14 février est placé sous le sceau de la fête de l’amour et de l’amitié.

Mais cela n’empêche pas l’actualité, pas toujours joyeuse, de poursuivre son cours. Pour cette sélection du jour, nous avons retenu la procédure judiciaire liée aux «Corona-Leaks» qui se termine avec une décision du Tribunal fédéral.

Nous nous plongerons aussi trente ans en arrière, lorsque le site du Letten à Zurich était évacué. Alors que les villes suisses sont à nouveau confrontées à une recrudescence de ces scènes ouvertes de la drogue, des témoins se souviennent du cas zurichois.

Avec Petra Tschudin, membre de la direction de la Banque nationale suisse, nous explorerons l’importance des taux d’intérêt négatifs pour la «petite économie ouverte» qu’est la Suisse. Enfin, nous nous rendrons à Lauterbrunnen, où près d’un quart des logements sont proposés sur Airbnb – avec des effets aussi bien positifs que négatifs pour la commune.

Bonne lecture!

KEYSTONE/Walter Bieri

Il y a trente ans jour pour jour, la scène de la drogue à ciel ouvert du Letten à Zurich était évacuée. Mais des scènes similaires refont désormais surface dans plusieurs villes suisses.

Dans les années 1990, le «Needle Park» du Platzspitz à Zurich avait acquis une triste renommée mondiale. Des centaines de personnes s’y injectaient de l’héroïne. Après son évacuation, la scène s’est reformée sur le site du Letten, dans des conditions encore plus précaires, plus violentes et plus mortelles qu’avant.

Aujourd’hui, les médias suisses reviennent sur cet épisode sombre. «Dès mon premier jour au Platzspitz, j’étais à la seringue», confie Stefan, 57 ans, au quotidien Blick. Il avait découvert la place à 18 ans, avant de rejoindre plus tard le Letten. Les images des toxicomanes ont alors marqué les esprits et ont conduit à une politique moderne en matière de drogues: la toute première distribution contrôlée d’héroïne par l’État.

Mais aujourd’hui, les scènes ouvertes de la drogue réapparaissent, notamment à Coire ou à Genève. Dans le Tages-Anzeiger, Frank Zobel, directeur adjoint d’Addiction Suisse, affirme que la politique suisse en matière de drogues est confrontée, pour la première fois depuis les années 1990, à un «choc systémique». Le crack, un dérivé de la cocaïne, domine la scène. Et des opioïdes synthétiques comme le fentanyl, responsable de milliers de décès aux États-Unis, commencent à faire leur apparition en Suisse.

• Lire l’article du Tages-AnzeigerLien externe sur la recrudescence des scènes de drogue
• Quatre anciens toxicomanes témoignent dans BlickLien externe

Keystone / Alessandro Della Valle

Le Tribunal fédéral a tranché: le Ministère public de la Confédération n’a pas le droit d’accéder aux courriels que se sont échangés durant la pandémie, le Département fédéral de l’intérieur (DFI) et le groupe de presse Ringier.

C’est par hasard qu’un enquêteur fédéral était tombé sur des échanges suspects entre Marc Walder, patron de Ringier, et Peter Lauener, alors chef de la communication du DFI. Il soupçonnait ce dernier d’avoir délibérément informé Marc Walder des décisions du Conseil fédéral sur la politique sanitaire, de façon à permettre au département d’Alain Berset d’exercer une pression sur le Conseil fédéral via les médias. Le Ministère public de la Confédération avait alors ouvert une enquête pour violation du secret de fonction.

En interdisant au MPC d’accéder aux données de l’ancien chargé de communication du DFI, le Tribunal fédéral donne plus de poids à la protection des sources journalistiques qu’à la nécessité de faire la lumière sur l’affaire.

Selon la justice, la protection des sources ne s’applique pas en cas de meurtre ou de menace grave. En revanche, dans une affaire de violation du secret de fonction comme celle-ci, un journaliste n’est pas tenu de révéler ses sources. Garantir leur anonymat est essentiel, sous peine de décourager d’éventuelles futures personnes de s’adresser aux médias.

Pour Urs Saxer, professeur de droit des médias, ce verdict renforce le secret des sources, qui est «essentiel pour que des informations importantes parviennent au public».

Que se passe-t-il maintenant? Le Ministère public a annoncé qu’il analyserait le jugement avant de décider des suites à donner. Toutefois, sans ces courriels, il semble peu probable qu’il dispose de preuves suffisantes pour étayer ses accusations.

• L’affaire analysée par SRFLien externe et le Tages-AnzeigerLien externe (en allemand)

Keystone / Peter Schneider

C’est le retour d’un concept redouté: les taux d’intérêt négatifs. Petra Tschudin, membre de la direction de la Banque nationale suisse (BNS), insiste sur l’importance des taux d’intérêt négatifs pour une «petite économie ouverte» comme la Suisse.

Dans un entretien avec la NZZ, elle explique que cet outil permet de maintenir un différentiel de taux suffisant pour éviter que le franc suisse ne s’apprécie trop fortement par rapport aux autres devises.

Interrogée sur une éventuelle politique de soutien aux exportations, Petra Tschudin répond: «Nous menons une politique monétaire dans l’intérêt général du pays», sans soutenir un secteur économique particulier. Le taux de change joue un rôle majeur dans la stabilité des prix en Suisse, que la BNS veut assurer en visant une inflation entre 0 et 2%. «Si l’inflation passait régulièrement sous zéro, il faudrait réduire les salaires de manière récurrente», ajoute-t-elle.

Fin janvier, le président de la BNS, Martin Schlegel, n’avait pas exclu le retour des taux négatifs, précisant qu’ils ne seraient réintroduits «qu’en cas de nécessité absolue».

• L’interview complèteLien externe de Petra Tschudin dans la NZZ (en allemand, abonnement)

Keystone / Anthony Anex

Près d’un quart des logements de Lauterbrunnen, dans l’Oberland bernois, sont en location sur Airbnb. Un record pour cette destination touristique prisée.

Ce phénomène n’est pas un hasard. Il y a une dizaine d’années, la commune, où 60% des logements sont des résidences secondaires, a encouragé leurs propriétaires à les louer pour éviter le problème des «lits froids». «Maintenant, il y en a moins», se félicite Karl Näpflin, président de la commune.

Mais il y a un revers à la médaille. Des acheteurs extérieurs spéculent sur les biens. «Ils ont surenchéri sur les locaux et les ont parfois mis à la rue», regrette Karl Näpflin, tout en insistant sur le fait que ces cas restent rares. Pour limiter ces effets, la commune a mis en place plusieurs mesures, comme la construction de logements abordables réservés aux résidentes et résidents.

Le phénomène s’observe aussi au Tessin, notamment à Prato Leventina, où 7% des logements étaient disponibles sur Airbnb en 2024. Le maire Davide Gendotti y voit aussi l’avantage de lutter contre les «lits froids».

• Lire l’article de SRFLien externe (en allemand) et de RSILien externe (en italien)

La Suisse en image

Keystone / Ti-Press / Pablo Gianinazzi

Les travaux de la deuxième galerie du tunnel routier du Gothard s’accélèrent: à Airolo et Göschenen, deux grands tunneliers ont commencé aujourd’hui leur percée.

«Un jalon pour la plus importante liaison nord-sud de Suisse», a déclaré le conseiller fédéral Albert Rösti lors de la cérémonie de mise en service à Airolo.

Chacune de ces machines mesure 150 mètres de long et possède une tête de forage d’un diamètre de douze mètres.

Le percement des 17 kilomètres du tunnel devrait être achevé d’ici 2027. La nouvelle galerie sera entièrement terminée en 2030 et, dans un premier temps, mise en service en circulation bidirectionnelle pendant trois ans. Cette période permettra la rénovation de la première galerie, ouverte en 1980.

Traduit de l’allemand à l’aide de ChatGPT/dbu