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Martin Pfister juste après son élection au Conseil fédéral

Aujourd’hui en Suisse

Chères lectrices, chers lecteurs,

L’événement du jour en Suisse, c’est bien sûr l’élection d’un nouveau membre du Conseil fédéral. Mercredi matin, l’Assemblée fédérale a porté son choix sur Martin Pfister, jusqu’à présent membre du gouvernement du canton de Zoug.

Surnommé le «grand inconnu» par la presse en raison à la fois de sa grande taille et de sa relative obscurité sur la scène politique fédérale, Martin Pfister se retrouve désormais sous les feux de la rampe.

Bonne lecture!

La prestation de serment de Martin Pfister
Première étape après l’élection pour Martin Pfister: la prestation de serment devant l’Assemblée fédérale. Keystone / Anthony Anex

Encore inconnu il y a quelques semaines, le conseiller d’État zougois Martin Pfister accède au gouvernement suisse. Il a devancé l’influent député saint-gallois et chef de file des paysans, Markus Ritter.

Le suspense aura été de courte durée mercredi matin sous la Coupole fédérale. L’Assemblée fédérale a élu, au deuxième tour, Martin Pfister pour remplacer la ministre sortante de la Défense, Viola Amherd, au Conseil fédéral. Le centriste zougois de 61 ans a obtenu 134 voix, alors que son rival Markus Ritter en a obtenu 110. Il s’agit d’un exploit, puisque la dernière élection d’un non parlementaire au gouvernement remonte à l’élection d’Eveline Widmer-Schlumpf en 2007.

«J’ai souvent dit que je connaissais mieux les casernes que le Palais fédéral. Aujourd’hui, je me sens à ma place aux deux endroits», a assuré le nouveau conseiller fédéral, au moment de s’adresser au Parlement à la suite de son élection. Le Conseil fédéral joue un rôle central pour la confiance de la population dans la politique, a encore relevé Martin Pfister en soulignant l’importance de la collégialité.

Colonel à l’armée, Martin Pfister devra certainement reprendre le Département fédéral de la défense, de la protection civile et des sports (DDPS), laissé vacant par la conseillère fédérale sortante. Une mission qui s’annonce difficile, car ce département est confronté à de nombreux problèmes: projets en retard, dépassements de budget et démissions successives du chef de l’armée et de celui du service de renseignement.

L'élection de Martin Pfister au Conseil fédéral
Martin Pfister salue sa famille et la délégation zougoise qui ont assisté à son élection depuis les tribunes. Keystone / Anthony Anex

Les partis ont réagi à l’élection du centriste Martin Pfister au Conseil fédéral. Après avoir félicité le nouvel élu, certaines voix ont exprimé leur scepticisme, surtout à gauche de l’échiquier politique.

Les Vert-e-s se sont montrés particulièrement critiques vis-à-vis du nouveau ministre. Avec l’élection de Martin Pfister, le gouvernement vire encore plus à droite, a estimé le parti écologiste dans un communiqué. Il considère que le renforcement du bloc bourgeois et conservateur menace à la fois la protection de l’environnement et la justice sociale.

Le Parti socialiste interprète également cette élection comme «un inquiétant virage à droite» du Conseil fédéral. La coprésidente du parti Mattea Meyer a également regretté le fait que le gouvernement ne compte désormais plus que deux femmes. «Cela fait mal à une époque où la domination masculine commence à nouveau à s’imposer», a-t-elle déclaré à la radiotélévision alémanique SRF.

Le Parti libéral radical (PLR / droite) a exigé du Zougois qu’il agisse rapidement dans le cas où il reprendrait le DDPS. «Notre industrie d’armement est au bord du gouffre. Une stratégie globale de la Suisse fait défaut», a estimé le PLR sur le réseau social X. La députée PLR Jacqueline de Quattro a qualifié l’élection de Martin Pfister de «choix de la confiance», estimant qu’il a laissé une impression de consensus.

«Il y a beaucoup d’inconnues avec ce nouveau conseiller fédéral. Il sera attendu au tournant», a réagi, pour sa part, le député de l’Union démocratique du Centre (UDC) Nicolas Kolly. Le parti de la droite conservatrice avait affiché sa préférence pour Markus Ritter.

Conseillère nationale du Centre et membre du comité de l’Organisation des Suisses de l’étranger, Elisabeth Schneider-Schneiter estime pour sa part que cette élection est une bonne nouvelle pour la Cinquième Suisse. «Martin Pfister sait ce que cela signifie d’être expatrié. Il a également un lien familial avec l’étranger. Avec cette élection, le Parlement a donné aux Suisses de l’étranger une voix au Conseil fédéral.»

Le Palais des nations de Genève
Le Palais des nations de Genève, siège de plusieurs organisations onusiennes. Keystone / Martial Trezzini

Des organisations internationales établies à Genève ont reçu des questionnaires de Washington, soulevant des inquiétudes quant à leur alignement sur les intérêts américains. L’information est révélée par le journaliste genevois Philippe Mottaz, co-auteur du livre Hashtag Trump. De la démagogie en Amérique.  

Parmi les 36 questions posées, citons: «Pouvez-vous confirmer que votre organisation ne travaille pas avec des entités associées au communisme, au socialisme, au totalitarisme ou à n’importe quelle autre entité qui épouse des croyances antiaméricaines?», «Ce projet renforce-t-il la souveraineté des États-Unis en réduisant la dépendance à l’égard des organisations internationales ou des structures de gouvernance mondiale?» ou encore «Les projets des partenaires sont-ils liés au changement climatique ou à l’avortement?». Les organisations contactées doivent soumettre leurs réponses avant la fin du mois d’août.

Ce questionnaire qui circule à Genève ressemble étrangement à celui envoyé par Elon Musk, conseiller du président Trump, aux agences gouvernementales américaines. Le patron de Tesla prétend qu’il vise à accroître l’efficacité du gouvernement et à réduire la bureaucratie, mais dans la pratique, il semble s’agir d’une refonte complète.

Pendant ce temps, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a annoncé lundi qu’il fermerait 83% de tous les programmes de l’USAID, rendant de fait le gel des paiements du gouvernement américain – initialement déclaré temporaire – permanent pour la plupart des organisations partenaires.

Coffre de voiture rempli de viande de contrebande
Coffre de voiture rempli de viande de contrebande. OFDF

La contrebande de viande en Suisse se professionnalise de plus en plus. L’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF) a indiqué que 263 tonnes de viande importée illégalement ont été détectées en 2023, soit plus du double des 120 tonnes enregistrées en 2022.

La viande de contrebande est achetée à l’étranger à bas prix et revendue en Suisse à des tarifs nettement plus élevés, en contournant les taxes et les droits de douane. Selon Jean-Claude Duvoisin, haut fonctionnaire de l’Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières, ce commerce est si lucratif qu’il peut être plus rentable que le trafic de drogue, en raison des risques moindres qu’il comporte.

Les viandes les plus couramment introduites en contrebande sont le bœuf, le poulet et l’agneau, ainsi que les viandes exotiques et le gibier sauvage, dont certaines enfreignent les lois sur la sécurité alimentaire et la protection des espèces. Toutefois, les autorités assurent que le risque que de la viande contaminée parvienne aux consommateurs reste faible.

À titre de comparaison, les importations légales de viande en Suisse se sont élevées à 105’000 tonnes l’année dernière. La viande de contrebande ne représentant que 0,2% de l’offre globale. Les autorités ont intensifié les enquêtes et déployé des équipes spéciales pour lutter contre ce trafic.

Traduit de l’anglais à l’aide de DeepL/op

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