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Guy Parmelin dans la rue

Aujourd’hui en Suisse

Chères lectrices, chers lecteurs,

Accrochez-vous: la valse des droits de douane se poursuit du côté de la Maison-Blanche. Un appel téléphonique entre la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter et le président américain Donald Trump concernant le commerce et les droits de douane fait la une des journaux en Suisse et à l’étranger.

La Suisse est de retour, du moins dans les principaux programmes de recherche de l’Union européenne. Les journalistes étrangers restent toutefois à l’écart de la Confédération, craignant d’être interrogés, voire détenus, en vertu des lois suisses sur le secret bancaire.

Bonne lecture!

Karin Keller-Sutter
Le fait que le Washington Post cite nommément la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter est «tout à fait remarquable», estime l’historien Jérôme Gygax. Keystone / Anthony Anex

Un appel téléphonique de 25 minutes entre la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter et son homologue américain Donald Trump a-t-il influencé le revirement spectaculaire de ce dernier sur les droits de douane américains? C’est la question que se posent les médias suisses et internationaux.

Voici ce que nous savons: l’appel a eu lieu hier à 9 heures précises, heure de Washington, soit 15 heures en Suisse. Quelques heures plus tard, Donald Trump annonçait faire volte-face sur la plupart des nouveaux droits de douane, épargnant ainsi tous les pays sauf la Chine.

Sous un flot de critiques, Donald Trump aurait été soumis à une pression importante sur plusieurs fronts. S’exprimant à la télévision publique suisse RTS, l’historien Jérôme Gygax a identifié trois sources de pression qui ont probablement poussé le président américain à changer de cap: les dommages économiques aux États-Unis, les dissensions au sein du parti républicain et les contre-mesures imminentes de la Chine et de l’UE.

Pourtant, dans le tourbillon de la diplomatie internationale, une seule dirigeante étrangère a été citée dans le Washington Post: la présidente de la Confédération suisse Karin Keller-Sutter. «C’est tout à fait remarquable», a estimé Jérôme Gygax. Selon le Département fédéral des finances, Karin Keller-Sutter a souligné au cours de son entretien le rôle de la Suisse en tant que sixième investisseur étranger aux États-Unis, notamment dans le domaine de la recherche et du développement, en grande partie grâce à des géants pharmaceutiques tels que Roche et Novartis. Elle a aussi souligné la décision de la Suisse d’abolir les droits de douane sur les produits industriels américains l’année dernière.

Guy Parmelin
Le ministre de l’Économie Guy Parmelin a annoncé que la Suisse sera à nouveau associée aux programmes de formation, de recherche et d’innovation de l’UE. Keystone / Anthony Anex

Un autre revirement majeur a fait la une des journaux ce jeudi: la Suisse réintègre officiellement les programmes de recherche et d’éducation de l’UE Horizon Europe et Erasmus+.

Le Conseil fédéral a approuvé l’accord négocié avec Bruxelles. Avec effet rétroactif au 1er janvier 2025, la Suisse sera à nouveau associée aux programmes de formation, de recherche et d’innovation de l’UE, notamment Horizon Europe, Euratom et Digital Europe, a annoncé ce jeudi le ministre de l’Économie Guy Parmelin lors d’une conférence de presse à Berne. La Suisse doit contribuer à hauteur de 630 millions de francs pour participer à l’année de programme 2025.

L’accord devrait être signé en novembre et pourra être appliqué provisoirement jusqu’à la fin de l’année 2028. D’ici là, le peuple suisse devrait s’être prononcé sur le paquet d’accords avec l’UE.

Logo de Credit Suisse
En 2022, plus de 100 journalistes ont publié une enquête sur les comptes sensibles des clients de Credit Suisse. Keystone / Michael Buholzer

Les journalistes d’investigation étrangers évitent la Suisse, craignant des conséquences juridiques en vertu des lois strictes du pays sur le secret bancaire. Le fait d’écrire sur des données bancaires provenant de lanceurs d’alerte reste un délit pénal en Suisse.

«Les journalistes peuvent être poursuivis s’ils publient des données qu’ils ont reçues sur une personne qui a violé le secret bancaire», a confirmé le Secrétariat d’État aux finances internationales (SIF) au quotidien alémanique Tages-Anzeiger.

En 2022, plus de 100 journalistes – notamment de la Süddeutsche Zeitung, du Guardian, du Monde et de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) – ont publié des articles issus d’enquêtes sur des comptes sensibles de clients de Credit Suisse. Les différents articles ont révélé, entre autres, des comptes de Credit Suisse détenus par d’anciens chefs des services de renseignement égyptiens accusés de torture et de violations des droits de l’homme, écrit le Tages-Anzeiger.

L’une des journalistes, Cecilia Anesi, du Centre italien pour le journalisme d’investigation (IRPI), a décliné une invitation à donner une conférence à Lugano après s’être vu «déconseiller de se rendre en Suisse» en raison de ses reportages. Elle n’est pas la seule: Antonio Baquero, de l’OCCRP, et le journaliste allemand Frederik Obermaier ont également déclaré qu’ils évitaient désormais la Suisse, refusant même les vols avec escale à Zurich.

En décembre 2022, le Conseil fédéral a autorisé le Ministère public de la Confédération à enquêter sur d’éventuelles violations du secret bancaire dans l’affaire de Credit Suisse. Le lanceur d’alerte qui a divulgué les données est toujours recherché.

Après la fuite de données, des questions ont été soulevées quant à savoir si la législation sur le secret bancaire viole la liberté de la presse. En février 2023, la ministre des Finances Karin Keller-Sutter avait reconnu le problème: «Le Conseil fédéral reconnaît l’importance de la liberté des médias garantie par la Constitution et est prêt à procéder à l’examen demandé.»

Groupe de jeunes dans un centre de détention
Une séance de groupe dans le centre de réhabilitation pour jeunes d’Arxhof. Keystone / Gaetan Bally

Au cours de la dernière décennie, l’âge moyen des jeunes délinquants admis dans les centres de réhabilitation en Suisse a baissé, passant de plus de 21 ans à moins de 19 ans. Dans le même temps, la violence au sein de ces centres a augmenté, ce qui a entraîné des améliorations coûteuses en matière de sécurité.

Francesco Castelli, directeur du centre de réhabilitation pour jeunes d’Arxhof, dans le canton de Bâle-Campagne, a déclaré à la Neue Zürcher Zeitung (NZZ) qu’il y a quatre ans, deux détenus ont brutalement attaqué un membre du personnel, ce qui était «impensable» il y a 15 ans. Selon lui, les jeunes délinquants d’aujourd’hui souffrent souvent de troubles psychologiques plus graves, ont des capacités cognitives plus faibles, de mauvaises compétences linguistiques et des problèmes de toxicomanie, autant de facteurs qui augmentent le risque de violence.

Selon Philipp Eder, président de l’Association des directeurs de foyers de jeunes de Suisse alémanique, l’origine du problème se trouve plus largement dans la société: «Les jeunes que la société exclut se retrouvent dans nos centres. Nous assistons à une rupture structurelle.»

Toutefois, Francesco Castelli invite la société à ne pas perdre de vue la situation dans son ensemble: «Ces garçons deviennent des hommes, et ces hommes deviennent nos voisins. Si nous ne travaillons pas avec eux pendant leur détention, les risques de récidive et d’augmentation du nombre de victimes ne feront qu’augmenter.»

Texte traduit de l’anglais à l’aide de DeepL/op

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