L’eau du Léman n’a jamais été aussi chaude
Les hivers sont trop chauds en Suisse et la température du Léman ne cesse d'augmenter. Cette évolution menace la biodiversité du lac.
De quoi parle-t-on? Le Léman est de plus en plus chaud. C’est ce que constate un rapport de la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL), publié récemment.
Depuis 2012, la température au fond du Léman a augmenté d’un degré. En surface, la température moyenne de l’eau a atteint 13,6 degrés en 2022, soit une augmentation de 1,2 degré en 30 ans.
À quoi les scientifiques attribuent-ils cette hausse des températures? «Le climat devient de plus en plus chaud, et cela se répercute sur la température de l’eau des lacs», explique Piet Spaak, chercheur à l’Eawag, l’institut de recherche sur l’eau de l’EPF de Zurich.
Des mesures ont également été effectuées dans le lac de Constance, qui s’est lui aussi réchauffé de 1,2 degré au cours des 30 dernières années.
Quelles sont les conséquences sur l’écosystème du lac? «Lorsque les lacs se réchauffent, cela signifie qu’ils sont davantage stratifiés. L’eau chaude flotte sur l’eau froide», affirme Piet Spaak.
À la surface du lac, il y a des algues. Celles-ci produisent de l’oxygène. «Pour que l’oxygène parvienne dans toutes les zones, un lac doit se mélanger. Normalement, un lac se refroidit en hiver et la couche supérieure devient aussi froide que la couche inférieure», souligne le chercheur.
Or, ce mélange n’a plus lieu assez souvent. La rareté des hivers rigoureux avec des épisodes de vent ou des tempêtes a empêché un mélange complet de l’eau du Léman. Le lac de Constance, par exemple, ne s’est mélangé qu’une seule fois au cours des 15 dernières années.
Que se passe-t-il lorsque les eaux ne se mélangent plus? Les nutriments indispensables au développement du phytoplancton s’accumulent en profondeur. Or, le phytoplancton est à la base de la chaîne alimentaire. La biodiversité du lac est donc menacée.
Faut-il s’inquiéter de cette situation? «Lorsque le lac se réchauffe, certains processus s’y déroulent plus rapidement», affirme Piet Spaak. Si un élément ne fonctionne plus au même rythme, cela a des conséquences sur les autres, poursuit-il. «De manière générale, il est très inquiétant que la température de l’eau augmente si rapidement», estime-t-il.
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