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Le nouveau conseiller fédéral Martin Pfister

La semaine en Suisse

Chères lectrices, chers lecteurs,

L’élection d’un nouveau membre du Conseil fédéral aura sans conteste été l’événement phare de l’actualité suisse de la semaine écoulée. Une semaine toujours très politique avec la poursuite de la session de printemps du Parlement.

Si la politique n’est pas votre tasse de thé, cette sélection contient aussi des nouvelles économiques avec la pénurie d’un produit très apprécié à Pâques et un vent glacial qui souffle depuis Washington.

Bonne lecture!

Martin Pfister jouant du trombone devant le Palais fédéral.
Le nouveau conseiller fédéral sait visiblement jouer du trombone, mais ce n’est probablement pas pour ça qu’il a été élu. Keystone / Marcel Bieri

Il faudra s’habituer à un nouveau visage au sein du Conseil fédéral. Mercredi, l’Assemblée fédérale a élu le centriste Martin Pfister. Celui-ci remplacera la ministre démissionnaire Viola Amherd le 1er avril.

Cette élection constitue une surprise. Peu connu sur la scène fédérale, Martin Pfister faisait figure d’outsider. Pourtant, il l’a facilement remporté face à l’autre candidat présenté par Le Centre: le conseiller national Markus Ritter, par ailleurs président de l’influente Union suisse des paysans. Fait assez rare, Martin Pfister a été élu au gouvernement alors qu’il n’est pas membre du Parlement fédéral.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette «remontada» de l’outsider face au favori. Actuellement conseiller d’État en charge de la Santé du canton de Zoug, Martin Pfister bénéficie déjà d’une expérience dans un exécutif. Il vient de Suisse centrale, une région qui n’était plus représentée au sein du Conseil fédéral depuis un certain temps. Enfin, il est colonel, ce qui constituera un atout pour diriger la tête du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et du sport (DDPS).

Boutons de vote au Parlement suisse
Les parlementaires ont eu l’occasion de peser plusieurs fois sur leurs boutons de vote au cours de la semaine écoulée. Keystone / Matthias Waeckerlin

Le Parlement ne s’est pas contenté d’élire un nouveau conseiller fédéral, il a également entamé la deuxième semaine de sa session de printemps. Parmi les différents sujets abordés:

La loi doit être durcie pour les requérants d’asile criminels. Après le Conseil National, le Conseil des États a validé deux textes dans ce sens.

Toujours en matière de criminalité, le Conseil des États a accepté la suppression du délai de prescription de 30 ans pour les assassinats. Le dossier passe maintenant au Conseil national.

Le Conseil des États a refusé de freiner la restructuration de La Poste qui peut aller de l’avant. Le géant jaune avait annoncé vouloir fermer quelque 170 offices d’ici 2028, ce qui avait comme chaque fois suscité de fortes réactions dans les régions concernées.

Affiche dans un magasin signalant un manque d'oeufs suisses.
Dans bon nombre de commerces, des affiches indiquent qu’il manque d’œufs suisses dans les rayons. Keystone / Alessandro Della Valle

Il faudra faire preuve de prévoyance si vous souhaitez teindre ou cacher des œufs à Pâques. Il existe actuellement un risque de pénurie d’œufs suisses. Le manque est déjà perceptible sur les étals des magasins. Mais les importations permettent de combler les manques de la production nationale.

Chaque année, la demande en œufs connaît un bond à l’approche de Pâques; ce n’est donc pas une surprise. Mais si la situation est plus tendue cette année, c’est parce que, de manière générale, on consomme de plus en plus d’œufs. Autrefois accusés d’augmenter fortement le cholestérol, les œufs ont depuis été réhabilités et font figure d’aliment sain. Mais surtout, en cette période d’inflation, l’œuf pèse beaucoup moins que la viande dans le budget des ménages.

On pourrait logiquement imaginer que pour éviter une pénurie, il suffit d’augmenter la production. Certes, mais ce n’est pas si simple. «Augmenter la production indigène est très complexe: c’est cher et cela demande beaucoup de travail et de temps. Et obtenir un permis de construire pour un nouveau poulailler demande deux ou trois ans si tout va bien, ou même jusqu’à dix ans», explique Daniel Würgler, président de l’association des producteurs d’œufs GalloSuisse.

Le problème de l’approvisionnement n’est pas propre à la Suisse. Aux États-Unis, durement touchés par une grippe aviaire depuis 2022, le prix des œufs a plus que doublé. En Europe, le problème est notamment perceptible en France, où la consommation a fortement augmenté en dix ans.    

Guy Parmelin
Pour le ministre suisse de l’Économie Guy Parmelin, il faut garder «la tête froide» face aux menaces de Washington. Keystone / Peter Klaunzer

Depuis longtemps, les milieux économiques suisses caressent l’espoir de signer un traité de libre-échange avec les États-Unis. Des discussions en ce sens avaient été menées durant la première présidence Trump, avant d’être interrompues sous l’administration Biden. Mais le retour de Donald Trump ne va pas forcément relancer le dossier, car le vent a tourné à la Maison-Blanche, où la Suisse économique ne semble plus en odeur de sainteté.

Les États-Unis ont placé la Suisse sur une liste de pays aux «méthodes commerciales déloyales», a indiqué la directrice du Secrétariat d’État à l’économie Helene Budliger Artieda dans la presse dominicale. Figurent dans cette liste des pays qui, comme la Suisse, présentent une balance commerciale fortement bénéficiaire vis-à-vis des États-Unis.

Face à ces reproches, la stratégie helvétique consiste à expliquer que la Suisse n’est pas «déloyale», puisqu’elle a notamment unilatéralement supprimé ses droits de douane industriels. Par ailleurs, la Suisse investit massivement aux États-Unis, ce qui y favorise la création d’emplois. «Nous faisons depuis longtemps exactement ce que le président Trump souhaite», résume la directrice du Seco.

Pour le ministre suisse de l’Économie, il convient de «garder la tête froide». S’exprimant dans une émission de la télévision régionale La Télé, Guy Parmelin a indiqué que la guerre des taxes qui se profile est «une très mauvaise nouvelle pour un petit pays tourné vers l’exportation». Compte tenu de sa taille, la Suisse ne peut évidemment pas compter sur des mesures de rétorsion. Pour Guy Parmelin, la meilleure stratégie consiste donc à expliquer et montrer l’apport de la Suisse pour l’économie américaine, afin de parvenir à une solution «gagnant-gagnant».

Scène du Paléo Festival
Toujours très attendue, la programmation du Paléo Festival sera dévoilée cette semaine. Keystone

En matière de politique, la semaine à venir sera surtout marquée par la troisième et dernière semaine de la session de printemps des Chambres fédérales.

Début d’année oblige, l’actualité économique sera une nouvelle fois rythmée par l’annonce des résultats 2024 de poids lourds de l’économie helvétique, parmi lesquels Julius Bär (banque) et Stadler Rail.

L’actualité culturelle sera marquée par l’annonce de la programmation 2025 du Paléo Festival et par la désignation des Quartz 2025 (Prix du cinéma suisse).

À signaler enfin que le Conseil des Suisses de l’étranger siégera vendredi à Berne. Compte tenu des tensions sans le monde, le conseil se penchera notamment sur le thème du retour des Suisses au pays en cas de crise.

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