Les cantons seront bientôt autorisés à abattre les castors – à certaines conditions
Le Conseil fédéral a clarifié la réglementation sur le castor dans l'ordonnance sur la chasse. Mais les organisations de protection de la nature sont inquiètes et considèrent les nouvelles règles comme inutiles et dangereuses.
Le 1er février, le Conseil fédéral mettra en vigueur les dispositions définitives relatives à la régulation des loups. Jusqu’à présent, la régulation des castors a suscité beaucoup moins de discussions que l’abattage des loups, mais le gouvernement a également reformulé les règles les concernant.
À partir de février, les cantons pourront abattre des castors individuels s’ils causent des dommages considérables ou s’ils mettent des personnes en danger. Par exemple, si les dégâts qu’ils causent font déborder les cours d’eau et inondent les prairies et les bâtiments.
Les nouvelles règles du Conseil fédéral ont été critiquées par les organisations de protection de la nature. Pro Natura, le WWF Suisse et Birdlife estiment qu’il n’y a pas lieu d’agir. Selon elles, les mesures sont formulées de manière trop vague et sans seuil de dommage clairement défini. «Cela ouvre la porte à des abattages arbitraires», affirme Raffael Ayé, directeur de Birdlife.
Les castors individuels pourront être abattus s’ils causent des dommages considérables ou s’ils mettent des personnes en danger. Cette disposition ne s’appliquera que si les dégâts et le danger ne peuvent être évités par d’autres mesures. En cas de dégâts, la Confédération et les cantons participeront également davantage aux frais.
Le castor restera un animal protégé, mais cette protection ne sera pas absolue. Depuis plus de 30 ans, tous les animaux sauvages peuvent être tués à certaines conditions. Mais cela n’a jamais été nécessaire, c’est pourquoi le service conseil castor de l’Office fédéral de l’environnement ne s’attend pas à ce que des castors soient tués, même en vertu des nouvelles règles.
Diverses organisations de protection de la nature et des animaux ont donc lancé une pétition «Save the beaver» (sauvez le castor). Celle-ci demande aux cantons de maintenir leur approche raisonnable vis-à-vis de ces animaux et de ne pas appliquer les nouvelles règles.
Raffael Ayé estime que ces nouvelles règles sont même illégales. Selon lui, la loi sur la chasse ne peut pas être supplantée par une telle ordonnance. Il ajoute que les cantons prennent de nombreuses mesures alternatives pour se protéger des dégâts causés par les castors et que personne n’a jamais eu à tirer sur un de ces rongeurs, alors que cela est autorisé depuis longtemps à certaines conditions.
Ces sympathiques rongeurs sont appréciés par beaucoup, mais pas par les propriétaires de terrains et de forêts. En effet, les castors aiment ronger les arbres et manger leurs branches. Ils peuvent également endiguer les cours d’eau et endommager les barrages de protection contre les inondations jusqu’à ce que l’eau déborde, inondant les pelouses ou les maisons.
Mais le castor est aussi un animal très utile. Selon un projet de recherche de l’Office fédéral de l’environnement, il contribue de manière significative à la biodiversité. Constructeur infatigable, il a par exemple créé un écosystème à Marthalen (canton de Zurich), dans lequel amphibiens, libellules, poissons et plantes aquatiques sont revenus. Christof Angst, spécialiste du castor, le qualifie de «meilleur promoteur de la biodiversité».
Le castor est également le plus grand rongeur d’Europe et peut devenir plus lourd qu’un chevreuil. Le castor avait par ailleurs disparu de Suisse, mais il a été réintroduit avec succès. Aujourd’hui, on compte environ 5000 castors dans la Confédération.
Pour Christof Angst, directeur du service conseil castor, il n’y a pas de risque que ces animaux soient soudainement abattus de manière arbitraire. Personne ne peut simplement prendre un fusil, sortir et tirer sur l’un d’entre eux. Au contraire, avec les nouvelles règles, les critères sont désormais clairs: «des règles ont été établies pour savoir qui peut intervenir dans quelles circonstances, de sorte qu’il ne s’agit pas d’un Far West», explique-t-il.
Les modifications s’alignent sur la loi sur la chasse et proposent des lignes directrices plus spécifiques dans le cadre d’une ordonnance supplémentaire. Contrairement à la réglementation sur le loup, l’objectif n’est pas de réduire la population de castors en Suisse, qui compte actuellement environ 5000 animaux.
Impact sur les familles de castors
Les cantons ne peuvent intervenir que si les castors causent des dégâts importants. Or, les castors vivent en groupes familiaux, ce qui complique les choses. Si tous les membres d’une famille sont impliqués dans les dégâts, le groupe entier peut être abattu.
Alors que le gouvernement affirme que ces règles apportent une clarté indispensable, les groupes de protection de la nature soutiennent qu’elles sont à la fois inutiles et dangereuses, et qu’elles constituent un risque pour la population de castors en Suisse.
Traduit de l’allemand à l’aide de DeepL/dbu
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.