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Les Suisses sont satisfaits de leur vie mais redoutent l’avenir, selon le grand sondage SSR

Le Palais fédéral à Berne, Suisse.
Les habitants de la Suisse se montrent plus pessimistes qu'il y a un an, selon le grand sondage SSR. Keystone/Gaetan Bally

Si dans l'ensemble les Suissesses et Suisses sont plutôt satisfaits de leur quotidien, leur vision de l'avenir est plus sombre qu'il y a un an. C'est ce que révèle la grande enquête d'opinion "Comment ça va, la Suisse?", réalisée pour la deuxième fois par la SSR. 

“Les enfants d’aujourd’hui peuvent grandir dans l’insouciance, plus qu’aucune génération avant la leur.” Un quart seulement des personnes ayant répondu au sondage sont tout à fait ou plutôt d’accord avec cette affirmation, soit 7 points de moins que l’an dernier. A l’inverse, elles sont 72% à penser le contraire (+8 points). Pour une très large majorité, le temps de l’insouciance est révolu et le monde actuel est sur la voie du déclin.

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Les attentes de la population suisse à l’égard de l’avenir se sont assombries en l’espace d’un an, montre la deuxième vague de l’enquête d’opinion “Comment ça va, la Suisse?”, réalisée par l’institut gfs.bern pour le compte de la SSR. Plus de 50’000 personnes venues de tout le pays y ont participé et ont répondu aux 300 questions couvrant tous les aspects de la vie (voir encadré).

Satisfaction quant à la vie quotidienne

Le pessimisme quant à l’avenir contraste avec la satisfaction dans le présent. Une nette majorité des personnes interrogées se disent en effet satisfaites de leur vie en général. Elles sont 59% à donner à leur existence une note entre 8 et 10 (sur une échelle de 0 à 10). C’est quasi la même part que lors du premier sondage.

Bien que le coût de la vie ait augmenté par rapport à l’an dernier, environ deux tiers des personnes interrogées déclarent toujours que leur situation financière ne leur pèse pas ou peu. Pour une nette majorité des Suisses, les soucis financiers ne sont pas une réalité vécue, commente Urs Bieri de gfs.bern. Cependant, un gros tiers de la population déclare ressentir fortement ou très fortement le poids du coût de la vie, en légère hausse (+4 points).

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Les personnes interrogées tirent davantage leur satisfaction de leur vie privée que de leur vie professionnelle. Dans le monde du travail, le stress et le rythme soutenu sont un important facteur d’insatisfaction. Plus de 80% des sondés ont déclaré en souffrir. La moitié de la population estime qu’elle se sentirait mieux si elle devait travailler moins. Si l’on ne considère que les actifs, cette part grimpe à 58%.

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La peur de perdre la prospérité

Alors que le sentiment global est plutôt positif en ce qui concerne le présent, on sent poindre dans la population une certaine préoccupation quant au futur. Seuls 14% des Suissesses et des Suisses pensent que leur situation financière s’améliorera dans les années à venir. A l’inverse, 37% personnes des interrogées pensent que leur situation se dégradera. Elles sont un peu moins de la moitié (45%) à penser qu’il n’y aura pas de changement dans les prochaines années.

Plus de six personnes sur dix estiment que leur situation financière personnelle sera une de leurs préoccupations dans les prochaines années. Cette crainte d’une détérioration des conditions de vie peut notamment s’expliquer par l’augmentation des primes d’assurance maladie. Mentionné par plus de 85% des personnes interrogées, ce sujet est la principale préoccupation des Suisses.

Répondez aux questions suivantes et comparez votre point de vue avec celui d’autres Suisses et Suissesses:

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Pour Urs Bieri de l’institut gfs.bern, le pessimisme quant à l’avenir est le revers de la médaille de la prospérité de la Suisse. “C’est la peur de perdre quelque chose qui se manifeste ici  (…) Nous nous situons à un niveau très élevé et la population exprime la crainte que cela ne continue pas éternellement.”

Parmi les autres sujets qui inquiètent la population, les thèmes de la sécurité et du terrorisme (59%, +13 points), de l’immigration (61%, +6) et des guerres (81%, +5) sont ceux qui ont connu la plus forte évolution depuis l’année passée. A l’inverse, la pénurie énergétique (53%, -8 points) et la situation de l’économie suisse (54%, -7) sont les questions qui ont perdu le plus d’importance par rapport à 2023.

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La crainte du changement climatique n’a pas disparu

Contrairement à ce qu’aurait pu laisser penser la débâcle des Vert-e-s aux élections fédérales l’automne dernier, le changement climatique reste l’une des principales préoccupations de la population (70%). Deux tiers des Suissesses et des Suisses estiment d’ailleurs qu’il faut “intervenir au plus vite” face à ce problème.

Plus de 70% des personnes interrogées sont d’avis que la Suisse doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre au niveau national et non chercher à améliorer son bilan carbone en soutenant des projets de réduction des émissions à l’étranger. Pour 64% de la population, face à la crise climatique, nous devrions d’ailleurs revoir à la baisse nos standards de confort.

Les résultats de l’enquête “Comment ça va, la Suisse ” sont basés sur une enquête représentative menée auprès de 51’182 résidentes et résidents suisses, réalisée par l’institut de recherche gfs.bern du 22 mai au 16 juin 2024 sur mandat de la SSR. C’est la deuxième fois que cette enquête a été menée. Par rapport à la version de 2023, certaines questions ont été ajoutées et d’autres reformulées, mais la plupart d’entre elles sont identiques.

Trois mille des personnes interrogées ont été sélectionnées à partir d’un panel en ligne de gfs.bern de manière à créer une image représentative de la population suisse (16 ans et plus). L’échantillon a été stratifié selon la région linguistique et cité en fonction de l’âge et du sexe. Les autres participants ont rempli un questionnaire en ligne. Ils ont été sollicités via les canaux de la SSR, mais ont décidé eux-mêmes s’ils souhaitaient participer ou non à ce sondage.

Le questionnaire contenait environ 300 questions. Afin d’éviter qu’un entretien ne dure plus d’une vingtaine de minutes, gfs.bern n’a pas posé les mêmes questions à tous les participants. La marge d’erreur est de +/- 1,8 point de pourcentage.

Texte traduit de l’allemand par Didier Kottelat (RTS)

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