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Pourquoi le chiffre d’affaires de l’armement suisse baisse alors que le monde s’arme

Des tanks sur un train
KEYSTONE/© KEYSTONE / Gian Ehrenzeller

Alors que les dépenses militaires sont en hausse dans un monde tourmenté par les guerres, la Suisse vend moins d’armes. L'explication se trouve notamment du côté du Qatar.

2443 milliards de dollars, soit près de 2300 milliards de francs suisses: c’est le montant que le monde a dépensé l’année dernière pour s’armer. Avec la progression de la demande mondiale, le chiffre d’affaires global des entreprises d’armement, qui fabriquent toutes sortes de matériel de guerre, augmente lui aussi.

Mais en Suisse, leur chiffre d’affaires régresse. Les exportations d’armement de la Suisse s’élevaient à près de 700 millions de francs en 2023, en baisse de 27% par rapport à l’année précédente. Un recul qui s’explique notamment par le durcissement des dispositions en matière d’exportations de matériel de guerre. La Suisse est très stricte en la matière.

Il faut aussi regarder en direction du Qatar pour expliquer cette baisse. Le pays du Golfe a organisé la Coupe du monde de football en 2022 et s’est équipé en conséquence. Pour protéger ses stades, le pays a acquis des systèmes de défense antiaérienne à hauteur de 120 millions de francs. Cette commande n’a pas été renouvelée l’an dernier, ce qui explique en partie la baisse du chiffre d’affaires du secteur en 2023.

Des exportations interdites dans les pays belligérants

«Les départements de vente des entreprises suisses ont nettement moins de travail», confirme Matthias Zoller de Swiss ASD, le regroupement – sous l’égide de Swissmem – des entreprises actives au niveau international dans les domaines de la sécurité, de la défense et de l’aéronautique. Ces entreprises fabriquent aussi bien des produits militaires que civils.

Les durcissements politiques impactent également le secteur. Le groupe allemand Rheinmetall, par exemple, fabrique en Suisse moins de munitions qu’avant pour les chars Guepard. En effet, il est interdit en Suisse d’exporter du matériel vers des pays en guerre. Cette interdiction s’applique également aux États qui pourraient transmettre ces armes à d’autres pays.

«Nos voisins européens, qui sont aussi nos principaux clients, ont perdu confiance en la Suisse et ne nous passent plus de commandes. Les Pays-Bas, par exemple, ont décidé de ne plus acheter de matériel militaire suisse», poursuit Matthias Zoller.

14’000 personnes sont employées dans le secteur

Cette interdiction a divisé l’opinion publique dans le cadre du débat sur la livraison de chars Leopard hors d’usage à l’Allemagne pour un transfert en Ukraine. Dans le secteur, on craint pour les affaires.

L’«interprétation dogmatique de la neutralité» menace l’industrie de l’armement, a déclaré le président de Swissmem Martin Hirzel en octobre dernier dans les colonnes de la Neue Zürcher Zeitung.

On estime à 14’000 le nombre de personnes travaillant dans le secteur suisse de l’armement. Et la tendance n’est probablement pas à la hausse. Les associations de la branche s’activent en conséquence au niveau politique pour obtenir un assouplissement des lois strictes sur les exportations d’armes.

Texte traduit de l’allemand à l’aide de DeepL/dbu

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