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Que fait la Suisse pour enrayer le fléau de la violence faite aux femmes?

Des personnes manifestent en tenant une pancarte, lors d'une manifestation contre la violence envers les femmes à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, à Genève, en Suisse, samedi 24 novembre 2018.
En Suisse, quelles initiatives pour lutter pour lutter contre la violence faite aux femmes? Keystone/Salvatore Di Nolf

En Suisse, près de 25 personnes en moyenne meurent chaque année des conséquences de la violence domestique, et la plupart d'entre elles sont des femmes. Face à ce phénomène, les autorités et la société civile se mobilisent. Ces initiatives portent-elles leur fruit? La situation évolue-t-elle assez vite? Participez à la discussion avec «dialogue».

Dans le monde, 140 féminicides ont lieu chaque jour, ce qui représente une femme tuée toutes les dix minutes. Ce chiffre est issu d’un rapportLien externe publié en début de semaine par l’ONU et intitulé «la terrible réalité mondiale du féminicide». Plus perturbant encore: pour les femmes, l’endroit le plus dangereux est la maison, 60% d’entre elles ayant été victimes de leur conjoint ou d’autres membres de leur famille.

«Les femmes ne sont pas en sécurité dans notre pays»

Elisabeth Baume-Schneider, Conseillère fédérale

La Suisse n’est pas épargnée par le phénomène. Lundi, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, Elisabeth Baume-Schneider a présenté un bilan intermédiaire de la mise en œuvre de la Convention d’IstanbulLien externe. «Les femmes ne sont pas en sécurité dans notre pays», a-t-elle lancé. Depuis 15 ans, le nombre de femmes tuées par une personne de leur entourage stagne en Suisse, oscillant entre 14 et 24 par année.

«C’est une thématique de société grave, triste et révoltante. Il faut mettre des réalités sordides en lumière, l’indifférence est inadmissible», a plaidé la cheffe du Département de l’intérieur, annonçant de nouvelles mesures pour protéger les femmes. Elisabeth Baume-Schneider a néanmoins souligné que des progrès avaient été réalisés ces dernières années. La Suisse est sur la bonne voie, a-t-elle dit, mais il faut «changer de paradigme».

>> Et vous, qu’en pensez-vous? La Suisse a-t-elle fait des progrès jusqu’à présent dans la lutte contre la violence envers les femmes? Participez à la discussion sur notre plateforme multilingue «dialogue»:

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Dans les différentes régions de Suisse, il existe une série d’initiatives consacrées à la lutte contre la violence à l’égard des femmes. L’équipe de «dialogue» vous en présente trois.

A Neuchâtel, des ateliers dans les écoles pour toucher les jeunes

Selon une enquête menée en 2018, 60% des personnes de 15 à 18 ans du canton de Neuchâtel ont subi des violences dans leur couple, et une jeune femme sur deux a enduré des violences sexuelles. Contrôler le style vestimentaire de sa petite amie, inspecter le téléphone de son compagnon ou encore isoler son partenaire de son groupe d’amis sont des exemples de violences qui existent fréquemment au sein des jeunes couples, montre cette étude.

Pour sensibiliser les adolescentes et adolescents à cette question, les autorités cantonales, en lien avec des associations, ont lancé un programme de prévention appelé «Sortir ensemble et se respecter». Des ateliers sur le thème de la violence domestique sont organisés dans les écoles du canton. Objectif: aider les élèves à identifier une relation saine mais aussi les signes avant-coureurs d’une dérive violente.

>> Voir le reportage dans une école du Lycée Jean-Piaget à Neuchâtel:

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Des bénévoles en soutien aux femmes migrantes

Si la prévention commence chez les plus jeunes, la violence domestique n’a toutefois pas d’âge. Ce sont d’ailleurs les personnes âgées qui sont les plus touchées par les féminicides en Suisse. Mais une autre catégorie de la population est fortement exposée à la violence: les femmes migrantes. Leur situation est d’autant plus précaire qu’elles ont tendance à moins solliciter les services d’aide à disposition.

«Cela s’explique par différents facteurs: la barrière de la langue, le manque de liens sociaux, la méconnaissance des lois et des structures en Suisse ainsi que la peur de perdre le permis de séjour», explique Victoria Molina, de la fondation Surgir, à Swissinfo. Cette organisation basée à Lausanne et active dans la défense des droits des femmes a mis sur pied un réseau de bénévoles pour accompagner les personnes migrantes victimes de violence.

Modeste avancée, ces dernières seront bientôt un peu mieux protégées en Suisse, grâce à une modification de la loi sur les étrangers. Cette réforme, qui entrera en vigueur prochainement, permet aux victimes de quitter leur bourreau sans risquer de perdre leur titre de séjour, si celui-ci a été obtenu grâce au regroupement familial.

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Au Tessin, un réseau nommé Athéna

Nommée d’après Athéna, la déesse grecque de la sagesse et de la guerre, une initiative tessinoise vise à aider les victimes de violence domestique «à ne pas se sentir victimes toute leur vie». L’idée est de mettre en réseau tous les services existants dans le canton afin d’offrir aux femmes une protection, un soutien, une reconnaissance, afin de leur faire gagner en autonomie.

«Nous pensons qu’ensemble, nous pouvons faire plus et mieux, sans créer de nouvelles structures», explique Luisella De Martini, l’une des coordinatrices du projet, à nos collègues de RSI. L’un des aspects fondamentaux de la démarche consiste à mettre en place un groupe de soutien aux victimes qui servira d’espace pour lutter contre l’isolement, partager des moments simples comme un café, une visite au musée ou une promenade avec les enfants.

>> Voir le reportage de RSI sur le réseau Athéna:

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«La revanche des femmes »

La culture populaire – les livres, les films et les séries – joue un rôle important dans le façonnement des rôles masculins et féminins dans la société. Selon la recherche, les croyances sexistes, misogynes et patriarcales conduisent les hommes à être violents envers les femmes (lien vers une étude de l’Université de Vienne, en allemandLien externe). Des stéréotypes qui se transmettent de génération en génération par le biais de récits.

Il existe cependant un nombre croissant d’œuvres de fiction qui créent de nouveaux récits en réaction à la violence sexualisée et aux féminicides. Le genre «Female Revenge» («revanche féminine») brise le tabou de la violence féminine. Pour l’Autrichienne Eva Reisinger, autrice du livre «Männer töten» («Tuer des hommes») interrogée par SRF, davantage d’histoires de femmes vengeresses pourraient aider à renforcer la confiance en soi des femmes concernées.

>> Ecouter un extrait du témoignage d’Eva Reisinger à SRF:

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Traduit de l’anglais par Didier Kottelat (RTS)

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