Réchauffement climatique: près de 70% des Suisses pessimistes face aux politiques
Le réchauffement climatique garde une position centrale parmi les préoccupations de la population suisse en 2024. Selon un sondage SSR, 67% des Helvètes sont d’avis que la hausse globale des températures est un problème sérieux et qu’il faut intervenir au plus vite. Mais près de 70% se montrent en outre pessimistes face à la capacité des politiques à prendre des mesures suffisantes.
La population suisse doute sérieusement de la capacité de sa classe politique à répondre aux enjeux climatiques. C’est ce que montre une vaste enquête d’opinion réalisée par l’institut gfs.bern entre la fin du printemps et le début de l’été 2024, commandée par la SSR.
Bien que le besoin d’agir soit reconnu comme réel et urgent par 67% des personnes interrogées, près de 70% des sondés ne croient pas que les politiciens du pays arriveront à prendre des mesures suffisantes pour contrer le réchauffement global des températures lié aux émissions humaines de gaz à effet de serre.
Ce pessimisme se traduit aussi par une moindre conviction que les entreprises et les chercheurs et chercheuses arriveront à développer à temps de nouvelles technologies pour résoudre le problème. Ils ne sont que 37% à le croire, soit 6% de moins par rapport à la même question quand elle a été posée en 2023.
Une tendance à la hausse de la défiance qui pourrait s’expliquer par le non-respect général de leurs engagements climatiques par les États occidentaux, dont notamment la Suisse, condamnée pour inaction climatique par la CEDH au printemps 2024. Une défiance qui se fait aussi ressentir vis-à-vis des grandes COP pour le climat, comme la 29e édition qui se tient actuellement à Bakou, en Azerbaïdjan.
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Une majorité des Suisses disent moins prendre l’avion et la voiture
Trois quarts de la population sont d’avis que la Suisse est responsable d’agir, même si d’autres pays ne participent pas à l’effort collectif. Une majorité se concentre d’abord sur la réduction des émissions en Suisse, pas sur le soutien de projets à l’étranger (72%).
Au niveau individuel, on observe des dispositions à renoncer à certaines choses, plus marquée pour certaines, moins pour d’autres. Une majorité de sondés déclare déjà diminuer les trajets en voiture (51%), moins prendre l’avion (55%), acheter moins de denrées alimentaires provenant de l’étranger (56%) et renoncer à régler son chauffage à plus de 20 degrés (51%).
Juste sous la moyenne, 49% des sondés revendiquent une diminution consciente de la consommation de viande. Et on trouve aussi 43% de personnes qui disent avoir déjà renoncé à une maison individuelle, et 32% à la voiture thermique pour des raisons climatiques.
Le doute, l’optimisme et le climato-dénialisme
Il se distingue cependant de nettes minorités qui n’entrent pas dans la catégorie des personnes jugeant que le réchauffement climatique est un problème bien réel et qu’il faut agir urgemment pour renverser la tendance.
Environ 14% des sondés campent une position de doute, demandant plus de recherches avant de prendre des mesures. Ils sont 9% à considérer que l’être humain pourra sans problème s’adapter à la hausse globale des températures. Enfin, 6% des personnes interrogées pensent que le réchauffement climatique n’est pas imputable à l’activité humaine, à rebours de la climatologie universitaire contemporaine.
Les résultats de l’enquête «Comment ça va, la Suisse?» se basent sur un sondage représentatif réalisé auprès de 51’182 habitants de Suisse. Il a été réalisé par l’institut de recherche gfs.bern en mai et juin 2024 sur mandat de la SSR.
C’est la deuxième fois que ce sondage a lieu. Par rapport à la version de l’année précédente, certaines questions ont été posées de manière nouvelle ou différente, mais la plupart sont identiques.
L’erreur d’échantillonnage est de +/- 1,8% de marge d’erreur dans une situation ou 50% répondent oui et 50% répondent non, avec 95% de probabilité. Donc si un résultat montre que 50% des personnes soutiennent une opinion donnée, le résultat pourrait en réalité varier entre 48,2% et 51,8%.
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