Un Suisse au Nicaragua: Yanick Iseli arrive dans son nouveau pays
Yanick Iseli vit depuis maintenant un mois au Nicaragua. Voyons comment se passent ses premiers jours sur place et jetons un œil à la question budgétaire.
«C’était probablement la première fois que je voyais mon père pleurer.» Il y a quatre semaines, Yanick Iseli se trouvait à l’aéroport de Zurich. Cela lui paraît une éternité, tant de choses se sont passées depuis. Aujourd’hui, le trentenaire se trouve à plus de 9 000 kilomètres de là, dans sa nouvelle maison, et sourit à la caméra de son téléphone portable. Il se sert des appels vidéo et applications de messagerie pour informer sa famille et ses amis sur son nouveau chez lui. Et s’enthousiasme: «Il est midi et il fait 28 degrés dehors. La saison sèche de quatre mois vient de se terminer et celle des pluies va doucement commencer. Les plantes sont heureuses!»
Cet article fait partie d’une série sur l’émigration. Swissinfo accompagne le Suisse Yanick Iseli dans son aventure au Nicaragua et fournit par-là même de précieux conseils sur l’expatriation dans ce pays.
Yanick Iseli aussi est heureux. Il est enfin à l’endroit de ses rêves. Son avion a bien atterri au Costa Rica, mais il n’a pas été autorisé à récupérer la voiture de location qu’il avait réservée pour se rendre à la frontière du Nicaragua – il lui aurait fallu une carte de crédit. Mais il n’en avait pas, il a donc fallu trouver une autre solution.
Une nuit devant le poste frontière
Prendre le bus pour le Nicaragua n’était pas une option, car la caisse de transport de son chien Xo ne rentrait pas dedans. Le Suisse a donc fait appel à un chauffeur qui l’a conduit à la frontière, pour le double du prix. En raison de tous ces rebondissements, il est arrivé trop tard au poste frontière, qui était déjà fermé. Il a dû passer la nuit devant le poste de douane.
Le lendemain matin, après avoir présenté son test Covid négatif et les papiers du chien, Yanick Iseli a enfin obtenu son laisser-passer et a été autorisé à traverser la frontière. Un ami nicaraguayen est venu le chercher en voiture, et quelques heures plus tard, ils sont enfin arrivés à San Ramon, dans le nord du Nicaragua.
Les premiers jours, Yanick Iseli est resté chez cet ami en attendant de trouver une maison en location. La tâche n’a pas été ardue, car l’offre est supérieure à la demande. Il habite désormais dans une maison moderne de 3 pièces avec cour et terrasse ainsi qu’une place de parking pour un loyer de 120 francs par mois – le prix d’une nuit d’hôtel en Suisse.
Les petits ruisseaux font les grandes rivières
Avant d’émigrer, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) recommande de tenir compte du coût de la vie dans la planification du budget. Celui-ci englobe non seulement des éléments de base tels que la nourriture, les impôts ou le loyer, mais aussi des salaires, les cotisations sociales ou les frais scolaires et de formation. D’une part, ces coûts dépendent des conditions locales; d’autre part, ils varient évidemment en fonction des produits ou des services choisis, ainsi que des habitudes et du cadre de vie de chaque personne.
La référence en la matière est le Programme de comparaison internationale (PCI). Il compare le produit intérieur brut (PIB) par habitant ajusté au pouvoir d’achat et le niveau des prix de différents pays. Selon les dernières statistiques mondiales de 2011 (les chiffres de 2017 n’ont pas encore été publiés), le niveau des prix au Nicaragua est environ quatre fois inférieur à celui de la Suisse. Toutefois, il faut aussi dire qu’il s’agit de chiffres globaux et que la qualité des biens et des services est souvent difficilement comparable. En outre, cela dépend du secteur: en Suisse, par exemple, les voitures ne sont pas très chères en comparaison mondiale, mais les coûts de la santé et les prix des logements sont hauts. Il faut tenir compte de tout cela lorsqu’on établit des comparaisons, les statistiques fournissant au mieux un ordre de grandeur.
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Yanick Iseli mène un train de vie modeste et part du principe qu’il pourra s’en sortir avec peu d’argent – en partie parce qu’il compte subvenir à ses besoins grâce à son propre potager. Les fruits et légumes qu’il ne consomme pas, il prévoit de les vendre sur le marché local.
Il continuera également de travailler pour l’entreprise de torréfaction de café en Suisse où il était employé jusqu’à son départ. En tant qu’indépendant, il sera rémunéré à l’heure. Il s’occupera du site internet, de la newsletter et de la création de graphiques – des travaux qui ne nécessitent pas sa présence en Suisse.
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Un Suisse au Nicaragua: le rêve de Yanick Iseli
En outre, le Suisse perçoit 50 % de rente AI. En effet, pour un degré d’invalidité compris entre 50 et 100%, les ressortissants suisses ont le droit de percevoir cet argent, quel que soit leur lieu de résidence. Ainsi, Yanick Iseli dispose de 800 francs par mois. Le salaire moyen au Nicaragua n’atteint même pas la moitié de ce chiffre.
Investissements de départ
L’année dernière, le Biennois a acheté un terrain pour 8500 francs et une voiture pour 4700 francs. Ces derniers jours, il a dépensé environ 2000 francs pour meubler la maison vide qu’il loue et acheter des matériaux et outils de construction pour sa propriété.
Pour sa future maison, qu’il veut construire lui-même, il compte investir 7000 francs. Pour l’instant, il ne souhaite pas toucher l’argent de ses 2e et 3e piliers auquel on a droit lorsqu’on émigre.
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Un Suisse au Nicaragua: les derniers jours de Yanick Iseli en Suisse
Mais avant de pouvoir commencer à construire, il doit régler les questions administratives. Il s’est déjà rendu au consulat suisse de la capitale Managua, s’est enregistré et a demandé un permis de séjour pour remplacer le visa touristique de trois mois. «Outre quelques documents, j’ai également reçu un papier confirmant que je suis en vie et que j’ai une adresse ici au Nicaragua. Ce document repart maintenant en Suisse aux caisses de 2e et 3e piliers, et ce n’est qu’à ce moment-là qu’elles verseront l’argent sur mon compte».
Couper les mangues au couteau suisse
Pour l’instant, la Suisse ne manque pas vraiment à Yanick Iseli. «Sauf hier, où j’ai eu une furieuse envie d’une bière brune, une bière qui a vraiment du goût, comme celle que fait mon ami à Delémont». «La bière ici ressemble à de l’eau noire, et elle a le goût de l’eau minérale.» Il regrette également de ne pas avoir pris de fromage avec lui. Au moins, il a apporté une boîte de chocolat. «Et je peux cueillir des mangues sauvages dans mon jardin, les éplucher avec mon couteau suisse et les manger directement. C’est divin!», dit-il. Ce n’est pas grave que sa belle-mère lui ait récemment envoyé la photo d’une soirée fondue. «Chaque pays a ses propres avantages.»
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Emilie Ridard
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