«Une meilleure représentativité donnerait plus de crédibilité au Conseil des Suisses de l’étranger»
Comment mieux faire valoir les points de vue de l’ensemble des plus de 813'000 membres de la diaspora au sein du Conseil des Suisses de l’étranger? C’est la question à laquelle plusieurs de ses représentantes et représentants ont tenté de répondre lors d’un débat Let’s talk.
Alors que l’Organisation des Suisses de l’étranger célèbre son 100e congrès annuel en juillet, la représentativité au sein de son Conseil est une nouvelle fois remise en question. La réforme du système d’élections souhaitée par une partie des membres est redoutée par l’autre.
Pour Antoine Belaieff, Suisse du Canada et membre du Conseil des Suisses de l’étranger, il est clair qu’«une meilleure représentativité donnerait plus de crédibilité au Conseil des Suisses de l’étranger à Berne». Le Suisse fait partie du groupe de déléguées et délégués qui souhaitent réformer le système électoral.
Actuellement, seules les personnes membres d’un club suisse reconnu par l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) peuvent élire et se porter candidates au Conseil. Celui-ci est désigné pour quatre ans et représente les intérêts des Suisses du monde entier. «Il est comparable au Parlement fédéral qu’on élit tous les quatre ans», déclare Ariane Rustichelli, directrice de l’OSE.
Le souhait de réforme est motivé par le fait que seule une minorité des Suisses à l’étranger fait partie de clubs et d’associations. Pour que le plus grand nombre soient représenté, le groupe de travail aimerait que chaque personne de plus de 18 ans inscrite au registre des Suisses de l’étranger soit informée des élections et ait la possibilité de voter pour son ou sa représentante au Conseil des Suisses de l’étranger (CSE).
Fondamentalement, l’OSE est favorable à une meilleure représentativité au sein du Conseil. Mais «le système de vote traditionnel s’inscrit aussi dans une histoire», indique Ariane Rustichelli, qui rappelle que, pendant des décennies, la socialisation s’est faite par le biais des clubs. Il fallait se rendre sur place pour participer aux élections. Aujourd’hui, la numérisation permet d’envisager de nouvelles formes de vote.
Pour Sean Müller, politologue spécialisé en démocratie à l’Université de Lausanne, il existe deux façons de juger si une réforme est pertinente: d’une part, à l’interne, s’il existe une volonté au sein même de l’organisation; d’autre part, si les actrices et acteurs extérieurs avec qui l’organisation traite considèrent que celle-ci reflète suffisamment bien la diaspora.
Si la direction de l’OSE et une partie des déléguées et délégués sont favorables à une réforme, une frange plus conservatrice craint de perdre des prérogatives. Marie Silletta, membre du club suisse de Mulhouse et déléguée au CSE, estime que la crainte d’une perte de pouvoir des clubs est infondée: «Ils peuvent être actifs dans bien d’autres domaines, notamment dans la passation auprès des jeunes». Elle considère toutefois qu’il serait important que les déléguées et délégués du Conseil continuent d’être membres de clubs, «afin de savoir ce qu’il se passe».
Pour informer et motiver le plus possible de Suisses à s’engager, Antoine Belaieff espère pouvoir s’appuyer sur la Revue Suisse, swissinfo.ch, les groupes Facebook ou encore le bouche-à-oreille. Le groupe de travail est en discussion avec le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), seul à disposer des adresses électroniques de l’ensemble des Suisses inscrits dans une représentation consulaire. «Nous travaillons avec le DFAE afin d’établir une stratégie de communication», déclare le délégué.
Le sujet est à l’ordre du jour du Congrès annuel de l’OSE du 11 juillet à Lucerne.
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