Colonel, le ministre zougois Martin Pfister se verrait bien au DDPS
"Je veux devenir conseiller fédéral. J'aime agir, prendre des responsabilités et diriger." Le ministre zougois Martin Pfister s'est adressé ainsi aux médias réunis à Baar, où il est domicilié. Colonel à l'armée, il reprendrait volontiers le département de la défense.
(Keystone-ATS) « Aujourd’hui encore, me promener dans une caserne m’est plus familier que de traverser le Palais fédéral », a admis le conseiller d’Etat en clin d’oeil. En cas d’élection le 12 mars prochain et de désignation comme successeur de Viola Amherd au département de la défense, il mettrait d’abord l’accent sur la mission de l’armée et analyserait les défis géopolitiques des prochaines années.
Une armée mieux équipée
Martin Pfister s’est dit favorable à une augmentation rapide des moyens financiers de l’armée tout en respectant l’équilibre budgétaire de la Confédération. Il faut emmener l’armée là où sont ses objectifs, a-t-il insisté. Elle n’est pas suffisamment équipée actuellement, d’après lui.
Interrogé sur les problèmes existants au sein du département, il a déclaré vouloir se faire d’abord une opinion, mener des entretiens et des analyses avant de prendre des décisions. Et de rappeler que Viola Amherd a eu beaucoup de succès dans son travail, notamment en votation fédérale sur l’achat d’avions de combat.
Selon lui, la collaboration de la Suisse avec l’OTAN est « absolument nécessaire », notamment dans le cadre d’exercices communs. L’alliance transatlantique est prépondérante pour la sécurité en Europe, a-t-il soutenu jeudi face aux journalistes.
Pour une Suisse moderne, libérale et sociale
Au Conseil fédéral, Martin Pfister s’engagerait pour une Suisse « moderne, innovante et sûre » ainsi que pour les relations bilatérales avec l’Union européenne. Et d’ajouter que l’UE est importante pour la sécurité et l’économie du pays.
En outre, il soutient l’équilibre entre une économie libérale forte et un Etat social. Ce contrat est « décisif », a souligné le centriste. « En tant que conseiller d’Etat zougois, il a toujours été clair pour moi qu’un canton riche devait aussi être un canton social. »
Le tour de la Suisse centrale
Le candidat a aussi insisté sur la possibilité d’élire au Conseil fédéral un représentant de la Suisse centrale après plus de 20 ans d’absence de cette région au sein du gouvernement. Le dernier en date était le Lucernois Kaspar Villiger (PLR) qui a quitté le gouvernement en 2003.
Martin Pfister a annoncé sa candidature lundi, quelques heures avant la clôture du délai imposé par son parti, Le Centre. Le fait que des papables se sont désistés les uns après les autres a ouvert la porte à d’autres candidatures potentielles, a-t-il expliqué. Et d’ajouter qu’il avait pris son temps pour mûrir sa décision et l’annoncer « avec beaucoup d’humilité ».
Agé de 61 ans, le Zougois dirige le département de la santé de son canton depuis 2016. Père de quatre enfants aujourd’hui adultes, cet historien et germaniste a étudié à l’Université de Fribourg avant de se lancer dans l’enseignement, puis de travailler pour des organisations faitières.
Pour au moins sept ans
En cas d’élection au Conseil fédéral, Martin Pfister entend y rester pour au moins sept ans, a-t-il confié. Si un autre département que celui de la défense devait se libérer après un ou deux ans, un changement de ministère lui semblerait inopportun, a-t-il souligné. Rester au gouvernement durant deux législatures oblige à réfléchir à long terme et à assumer ses responsabilités, a-t-il invoqué.
Le conseiller d’Etat a aussi confié qu’il désapprouvait tout esprit de blocs au sein d’un gouvernement. « Contribuer à ce que le collège fonctionne serait un de mes grands buts. »
Français hésitant mais appliqué
Aussi appliqué qu’hésitant en français dans ses déclarations, le Zougois a admis qu’il devait améliorer ses connaissances linguistiques. « J’ai appris le français principalement à l’armée, lorsque j’ai dirigé une compagnie romande à Genève, il y a longtemps. » Martin Pfister a promis qu’il retrouverait un niveau plus fluide en la matière en y étant confronté au quotidien.
Comme son rival st-gallois, le conseiller national Martin Ritter, le ministre zougois a fait appel à une agence de relations publiques pour encadrer sa candidature. Une équipe de spécialistes l’entourera quand il sera auditionné par les groupes parlementaires. Il s’efforcera aussi de soigner ses relations sous la Coupole fédérale.
En outre, le cumul entre ses fonctions de conseiller d’Etat et sa campagne pour le Conseil fédéral constitue un grand défi, mais ne durera pas longtemps et constituera un bon test en matière de surcharge, a commenté Martin Pfister. Et d’ajouter que même un conseiller fédéral doit prendre le temps de faire d’autres choses que de travailler.