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En Suisse aussi, il faudra manger moins de viande pour ne pas suffoquer

Viande dans une assiette
La viande: c'est certainement très bon pour les yeux et le ventre, mais moins pour le climat. Keystone

Il faut manger différemment et réduire la viande pour préserver les terres et limiter le changement climatique. Les efforts sur les transports, l'énergie et les usines ne suffiront pas, souligne le nouveau rapport du GIEC présenté jeudi à Genève. La Suisse n'y échappera pas. 


Dans son dernier rapport, le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC) met l’accent sur le secteur agricole et la protection des sols. Tout scénario pour limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C d’ici 2100 «demande une atténuation liée aux terres et un changement dans l’utilisation des terres», estiment ces dizaines d’experts internationaux. 

Au total, plus de 70% des terres émergées sont utilisées pour satisfaire le besoin des populations. L’exploitation humaine des sols pour l’agriculture rassemble jusqu’à un tiers environ des émissions de gaz à effet de serre en prenant en compte les transports et la préparation. Et près de la moitié du méthane dégagé. Cette activité est responsable de la dégradation de 25% des terres émergées. 

La Suisse est aussi concernée par le problème. En effet, la plus grande part du territoire (35,9%) reste consacrée aux activités agricoles. 

graphique sur l utilisation des surfaces en Suisse
Kai Reusser / swissinfo.ch

Moins de viande dans l’assiette

Cette synthèse, dotée de 1200 pages, montre aussi que la consommation de viande actuelle et les pertes et gâchis de nourriture, estimées de 25 à 30%, demanderont davantage de terres sans diversification des habitudes alimentaires. Alors que graines, fruits, légumes et une nourriture animale durable sont responsables de peu d’émissions de gaz à effet de serre. 

Le problème, c’est que depuis 1961, la production de viande par habitant a plus que doublé. Même si la production de viande reste insuffisante dans les pays pauvres, elle a atteint des sommets dans les pays riches, avec 100 kg par an et par habitant. L’augmentation de la consommation est également conséquente dans les puissances émergentes, au premier rang desquelles la Chine. 

Pays riche, la Suisse a elle aussi une consommation assez importante. L’an dernier, chacun des plus de 8,5 millions d’habitants y a en moyenne consommé 52,06 kg de viande, ainsi que 8,72 kg de poissons et crustacés. 

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Selon le GIEC, des habitudes de nourriture plus durables pourraient contribuer à libérer jusqu’à des millions de km2 de terres et, par an, à une atténuation de jusqu’à 8 gigatonnes d’équivalents de CO2 d’ici 2050. Amélioration d’accès aux marchés ou encore émancipation des agricultrices et extension d’accès aux prestations agricoles sont aussi mentionnées. 

«Nous ne recommandons pas de changement de régime alimentaire» parce que cette responsabilité n’est pas celle du GIEC, a affirmé le président du groupe, Hoesung Lee. L’un des experts ajoute toutefois qu’une réduction de la consommation de viande est «une bonne chose», sans chiffrer l’effort à accomplir. 

De son côté, l’ONG Greenpeace va jusqu’à estimer que cette diminution devrait atteindre 50% dans le monde et même de 70 à 90% en Suisse. Elle souhaite que le Conseil fédéral lance une politique alimentaire qui prenne en compte ces défis.

–> L’interview de Pascal Boivin, agronome suisse et spécialiste des sols, interrogé dans le 19:30 de la RTS

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