En Australie, les voyageurs du Capricorne
«Carte postale» de la Cinquième Suisse... Fabrice Rochat nous écrit de Brisbane, en Australie. Et évoque les inondations bibliques qui ont durement frappé ce pays-continent.
Des records de froid et de la neige précoce en Europe du nord, du blizzard en Amérique du nord et des pluies torrentielles dans le nord de l’Australie terminent l’année 2010. Au sud du Queensland, les pluies incessantes atteignent leur point culminant le 11 janvier 2011, avec un violent orage près de la plus grande ville intérieure de Toowoomba (nom signifiant «marécage» dans la langue aborigène locale). Un soudain torrent d’eau dévaste la rue principale de cette communauté, et continue sa mortelle progression en aval.
Sécheresse puis inondation
Ces inondations terribles ont emporté une trentaine de vies humaines, engendré des dégâts matériels et économiques considérables dans cette partie rurale du sud-est du Queensland. Le lendemain 12 janvier, toute cette eau se déversa dans la rivière Brisbane qui ensuite déborda et inonda plus de 20’000 propriétés dans la troisième plus grande ville d’Australie. Après plusieurs années de sécheresse, ce sont les pires inondations que Brisbane ait connues depuis celles de 1974.
Comme la grande majorité des habitants, nous vivons loin de la rivière et n’avons pas été directement touchés par ce désastre. Nous avons regardé à la télévision les images diffusées en boucle pendant plusieurs jours. Les mêmes qui ont passé dans les journaux télévisés suisses et du monde entier.
Enfin, après une semaine de pluie continue, le soleil refait son apparition. J’en profite pour enfourcher mon vélo et aller me rendre personnellement compte des dégâts dans les quartiers affectés. Là, je vois les rues boueuses avec des amas de détritus devant les immeubles et les maisons touchés par la colère du fleuve.
Dans un élan d’entre-aide généralisé, plus de 22’000 volontaires se sont munis de balais, brosses et seaux pour nettoyer la saleté. L’ensemble de la population australienne a aussi contribué avec des donations de plusieurs millions de dollars pour la reconstruction.
Le camping, un sport national
Dès que les routes pour le nord sont réouvertes, nous partons pour nos vacances de camping dans la petite station balnéaire d’Agnes Water, à 600 km au nord de Brisbane. Sur la route, en direction du tropique du Capricorne, nous remarquons la boue sur les arbres et buissons pendant plusieurs dizaines de kilomètres. Où quelques jours plutôt l’eau recouvrait le paysage sur une hauteur de plus de deux mètres à certains endroits.
Si chaque ville suisse a son café de la gare, sa fontaine et son bureau de poste, chaque village australien a son pub, son club de bowling et bien entendu son camping. Celui d’Agnes Water est juste au bord de l’océan Pacifique. Donc, nous profitons quotidiennement d’une baignade rafraîchissante. Nous visitons aussi la petite bourgade de 1770, et faisons un tour de la crique sur un véhicule amphibie, anciennement utilisé par l’armée américaine pour le transport du matériel militaire. Peint en rose, il a été réaménagé pour faire découvrir les beautés de la région à la plus grande joie des touristes.
Le guide et conducteur nous apprend que le village a été baptisé ainsi en l’honneur du capitaine anglais James Cook, qui s’amarra à cet endroit en mai 1770 avec son bateau l’Endeavour, avant d’aller s’abîmer sur la grande barrière de corail.
Une partie des croisières quotidiennes pour aller voir cette merveille naturelle ont d’ailleurs été annulées par manque de touristes, ceci dû indirectement aux récents caprices de la nature.
Les traces des aborigènes
Durant cette période de grandes vacances scolaires, comparables aux vacances de juillet-août en Suisse, le camping est presque désert. Mais comme le camping est un sport national en Australie, il y a toujours dans la catégorie amateurs, les impondérables «Backpackers», sac au dos avec juste une petite tente comme refuge.
Le haut du classement est occupé par les professionnels en camping-car ou autres caravanes aménagés avec cuisine, douche et toilettes. Au milieu, les semi professionnels tirant leur remorque contenant lits et matériel de camping. Mais la médaille d’or revient incontestablement aux campeurs, que j’ai vu une fois arriver avec un camion de déménagement contenant leur sofa, télévision, aspirateur, réfrigérateur, sans oublier un projecteur surpuissant éclairant tout le camping et empêchant le voyageur fatigué de dormir dans la noirceur de la nuit.
Au retour sur Brisbane, nous nous arrêtons quelques jours dans une vallée verdoyante, due aux bienfaits des pluies antérieures. Nous visitons à pied des gorges magnifiques aux falaises colorées de tons multiples allant du gris sombre au rouge vif. Dans les grottes environnantes, les aborigènes ont laissés les traces de leur passage il y a plus de 20’000 ans par des peintures rupestres.
Le pays des extrêmes
En 1824, les aborigènes avaient déjà averti John Oxley, le premier explorateur pour la couronne britannique qui fonda Brisbane, des caprices de la rivière et de ses crues gigantesques.
Ces peuples de nomades parcourraient inlassablement ce continent aux climats extrêmes, allant du désert intérieur aux forêts tropicales. Le concept de vie des premiers habitants était diamétralement opposé à celui des Européens, puisque les aborigènes appartiennent à leur environnement naturel et ne possèdent pas la terre où ils vivent.
Malgré toutes nos nouvelles technologies, nous restons bien peu de chose devant les grandes catastrophes naturelles.
Alors que l’est du pays est sous l’eau, des feux de brousse ravagent la côte ouest près de la ville de Perth. Et la saison des cyclones vient à peine de commencer dans le nord de l’Australie!
Vaudois. Fabrice Rochat est né en 1968 à Prilly, près de Lausanne. Il passe sa jeunesse à Bussigny.
Voyageur. Apprentissage de commerce, Ecole d’informatique de gestion, deux années de travail à l’UBS. Et la passion du voyage: à 19 ans déjà, il fait, sac au dos, le tour de l’Australie. Suivront d’autres voyages, surtout en Amérique.
Australie. Fabrice Rochat et sa compagne Sandra arrivent en Australie fin 1995 et s’installent à Sydney, où ils vivent jusqu’en 2002. Ils déménagent alors à Brisbane.
Métiers. Sandra travaille pour le gouvernement du Queensland, au «Département de l’Audit». Fabrice Rochat, après avoir passé plus de quatre ans à la maison pour s’occuper de leur fille Magali, a travaillé à l’Office des impôts fédéral comme employé administratif.
Queensland. Avec environ 1,8 millions d’habitants, Brisbane, capitale de l’Etat du Queensland, est la 3ème ville d’Australie, derrière Sydney et Melbourne.
Origine. Elle est située à environ 950 kilomètres au nord de Sydney sur le fleuve Brisbane. A l’origine, l’endroit fut un centre pénitentiaire, créé en 1824.
Tropical. Brisbane bénéficie d’un climat idéal presque tout au long de l’année en raison de sa situation tropicale (température moyenne de 25° C).
Touristique. Son architecture est inspirée d’un style mêlant période victorienne, style colonial et architecture moderne. Perçue longtemps comme une simple ville de province, la ville est aujourd’hui la capitale de l’Etat le plus touristique de l’Australie.
Secondaire et tertiaire. Plusieurs industries s’y sont développées (raffinage pétrolier, travail du métal, manufacture diverses). Le tertiaire y est également bien représenté: informatique, services financiers, hautes écoles et administration publique se concentrent dans le «Central business district» de Brisbane.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.