Joseph Deiss découvre le drame de Banda Aceh
En mission en Asie du sud-est, Joseph Deiss, ministre de l’Economie, a visité samedi la ville indonésienne de Banda Aceh, ravagée par le tsunami de décembre.
Le conseiller fédéral a aussi pris connaissance des projets d’aide mis en place par la Suisse, avant de poursuivre son voyage en Indonésie.
Trois mois après la terrible catastrophe, les traces du tsunami sont persistantes à Banda Aceh, au nord de l’île de Sumatra, même si la reconstruction a démarré.
«Ce terrain, à votre gauche, abrite les corps de 20’000 personnes». Calmement, la guide désigne la tombe commune à la délégation helvétique. L’étendue de terre, sans pierre tombale et sans indication, est leur premier contact avec le tsunami qui a ravagé le 26 décembre Banda Aceh, au nord de l’île de Sumatra.
La visite se poursuit à travers un quartier préservé, où la vie paraît normale. Mais à l’approche de la mer, tout semble avoir été écrasé par un énorme bulldozer. Il ne reste que les fondations des maisons, des détritus et d’immenses flaques d’eau, traces des gigantesques vagues de décembre.
«Inimaginable»
Avant de l’avoir vu, on ne peut pas s’imaginer qu’il s’agit d’une catastrophe d’une telle dimension, a déclaré Joseph Deiss, visiblement affecté par le spectacle. «Il était important de venir».
Les regards de son épouse Elisabeth, des représentants du monde économique et des membres du DFAE présents dénotent le même sentiment. «C’est pire qu’un tremblement de terre», laisse échapper un chef d’entreprise.
Quelques rares bâtiments ont survécu. Mais ils portent les stigmates du tsunami: des pans de murs effondrés, des escaliers suspendus dans le vide, des fenêtres brisées. Ailleurs, des tentes sont dressées.
Malgré la volonté du gouvernement de ne plus construire d’habitations dans la zone sinistrée, les survivants sont de retour. Ce sont des pêcheurs et ils souhaitent rester près de leur lieu de travail, explique la guide.
«J’ai été impressionné par leur volonté de recommencer et d’aller de l’avant», a déclaré Joseph Deiss. La vie de tous les jours doit reprendre et les activités économiques redémarrer.»
La coopération est à pied d’oeuvre
Joseph Deiss a également pu se rendre compte des projets de reconstruction soutenus par la Confédération.
Plusieurs ont démarré et d’autres sont en cours d’élaboration, a indiqué Daniel Beyeler, responsable de la Direction du développement et de la coopération (DDC) sur place.
La DDC participe notamment à un programme permettant aux plus chanceux d’accueillir des familles démunies et leur offrent l’hospitalité contre de l’argent. Il devrait démarrer la semaine prochaine. Ce projet a déjà été mis en place dans plusieurs pays des Balkans et de l’Europe de l’est.
Ce programme «Cash for Shelter» devrait bénéficier à quelque 7500 familles sur trois mois. Elles recevront 40 francs par mois. Le premier payement aura lieu le 13 avril, a précisé Daniel Beyeler.
Projet pour les PME
Les entreprises sont également détruites et une grande partie de la main-d’oeuvre a disparu sous les vagues.
Retrouvant son rôle de ministre de l’économie, Joseph Deiss a apporté son soutien à un programme de la fondation pour la coopération technique Swisscontact en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) d’Aceh. Celles-ci constituent 90% des entreprises de la région.
En collaboration avec le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco), Swisscontact a élaboré un projet d’un budget de 8 millions de francs sur trois ans pour offrir des conseils et des moyens financiers aux PME, indique Peter Bissegger, chef de projet en Indonésie.
Avant le tsunami, la fondation n’avait aucun projet dans la province d’Aceh fermée jusque là en raison de la rébellion des indépendantistes du GAM, ajoute-t-il.
Le seco, qui dans un premier temps avait décidé de rayer l’Indonésie de la liste de ses pays prioritaires, a aussi revu ses intentions après le désastre de décembre. Le projet d’aide de Swisscontact correspond à l’engagement de
l’office qui a décidé d’y participer.
Signature d’un accord lundi
Joseph Deiss se trouve en Indonésie jusqu’à lundi. Il accompagne une délégation économique venue intensifier les relations commerciales avec l’Indonésie après avoir oeuvré dans le même sens à Singapour.
Dimanche, il a rencontré la ministre indonésienne du commerce Elka Pangestu à Djakarta.
Selon sa porte-parole, un accord sur l’aide à la reconstruction devrait aboutir lundi lors d’une entrevue avec le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono.
swissinfo et les agences
Située au nord de l’île indonésienne de Sumatra, Banda Aceh a été la plus touchée par le raz-de-marée provoqué par un tremblement de terre le 26 décembre dernier.
Le raz-de-marée a fait 125’000 victimes en décembre dans la province d’Aceh.
– Swisscontact est l’organisation d’aide au développement de l’économie privée. Elle a injecté 37 millions de francs en 2004. Quelque 80 % sont financés par la Confédération, le reste par l’économie et par des mandataires internationaux ou locaux.
– Avec le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco), Swisscontact a élaboré un projet de 8 millions de francs sur trois ans d’aide aux PME indonésiennes, qui sont 90% de l’économie locale.
– De son côté, la DDC consacre 29,5 millions de francs à l’aide d’urgence et aux premières mesures de reconstruction en Indonésie, Thaïlande et Sri Lanka.
– Elle s’occupe aussi de l’assainissement de l’eau potable et de la reconstruction des centres d’approvisionnement.
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