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L’ONU et l’UE font des progrès sur le climat

Lançant le «yes we can!» cher à Barack Obama, Al Gore a fait un discours remarqué vendredi à Poznan. Keystone

La Suisse a salué samedi le programme adopté lors de la conférence de l'ONU, vendredi à Poznan, en vue d'un nouvel accord sur l'après-Kyoto, ainsi que le plan climat convenu par l'UE à Bruxelles. Mais Berne reconnaît que le fonds pour les pays pauvres n'a pas obtenu les ressources espérées.

L’accord conclu vendredi à Bruxelles par le conseil européen à vingt-sept sur le plan climat et l’intervention enthousiaste du Prix Nobel de la Paix Al Gore, vendredi à Poznan (Pologne), ont donné un coup de fouet aux délégués à la conférence des Nations Unies, qui ont conclu leurs travaux vendredi soir.

Les discussions sur le climat à Poznan ont été «constructives» aux yeux de la Suisse. Selon l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), un accord international incluant tous les pays, y compris les Etats-Unis, la Chine, l’Inde et le Brésil est «sur la bonne voie» en vue du sommet de Copenhague en 2009 sur l’après-Kyoto.

Les délégués repartent avec un calendrier de négociations en vue de la conclusion d’un nouvel accord sur le changement climatique pour après 2012, mais les questions de financement ont accentué les divisions entre pays industrialisés et ceux en développement.

Comme prévu, «les résultats ne sont pas spectaculaires, mais la substance sera à Copenhague», a déclaré le chef de la délégation suisse, Thomas Kolly. Cette réunion était «procédurale» et le processus de négociations est probablement l’un des plus complexes sur la scène internationale, a-t-il ajouté.

«Intérêt» pour les idées de la Suisse

Le programme esquissé à Poznan est «ambitieux», selon le chef de presse de l’OFEV, Adrian Aeschlimann. Ce plan regroupe des propositions afin de limiter les émissions de CO2 et de s’adapter aux changements climatiques ainsi que des mesures ayant trait au financement et aux transferts de technologies vers les pays en voie de développement.

Ce paquet contient notamment le projet d’une taxe mondiale sur le CO2 du ministre suisse de l’environnement Moritz Leuenberger. Une idée qui «suscite un vif intérêt», selon M. Aeschlimann, et qui sera négociée dans le courant de l’année prochaine.

Les délégués présents en Pologne ont en effet convenu de plusieurs rencontres intermédiaires en 2009 afin de parvenir à un accord contraignant dans la capitale danoise l’année prochaine, a ajouté l’OFEV.

Tous les Etats doivent s’engager

Berne relève par ailleurs que si le Fonds pour l’adaptation des pays en développement aux conséquences des changements climatique a reçu à Poznan le feu vert pour entamer ses travaux, il ne s’est pas vu octroyer les fonds espérés. Il n’est en effet doté que de 80 millions de dollars, alors que plusieurs dizaines de milliards seront nécessaires d’ici 2030, selon l’ONU.

Pour parvenir à un nouveau régime efficace en matière climatique, il est indispensable aux yeux de la Suisse que tous les Etats s’engagent en fonction de leurs possibilités.

Berne a relevé que les regards se portent notamment vers les Etats-Unis, qui n’ont pas ratifié le protocole de Kyoto, ainsi que la Chine, l’Inde et le Brésil, pays nouvellement industrialisés qui n’ont jusqu’ici contracté aucune obligation.

L’après-Kyoto semble, lui aussi, susciter de grands espoirs puisque, tout comme l’Union européenne, M. Leuenberger a promis une réduction 20% des émissions de gaz à effets de serre en Suisse d’ici 2020. Ce chiffre pourrait même atteindre 30% si les autres pays en font de même.

Du côté des organisations non gouvernementales, de Greenpeace à Oxfam en passant par le WWF, se sont dit déçues par les résultats de la conférence.

Un conseil européen «historique»

Pendant que les délégués de l’ONU étaient réunis en Pologne, le conseil européen à 27 s’est conclu vendredi à Bruxelles sur un triple accord sur le paquet climatique, la ratification du traité institutionnel de Lisbonne ainsi que le plan de relance européen.

Après deux jours d’intenses tractations en coulisse, le président français a pu annoncer la conclusion d’un accord sur le paquet «énergie climat», qui doit concrètement mettre en oeuvre les objectifs dits «3 fois 20»: réduire de 20% d’ici 2020 (par rapport en 1990) les émissions de gaz à effet de serre (GES), faire passer à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique totale de l’UE, contre 8,5% actuellement, et réaliser 20% d’économie d’énergie.

Ce conseil «restera dans l’histoire de l’Europe», s’est félicité Nicolas Sarkozy, qui achève sa présidence de l’Union européenne en fanfare. «Nous sommes le seul continent du monde qui se soit donné des règles aussi contraignantes», a ajouté le président français, particulièrement satisfait du consensus sur le climat.

swissinfo et les agences

1992: signature de la 1re Convention de l’ONU sur le changement climatique lors du Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro.

1997: adoption du Protocole de Kyoto (Japon) contenant des mesures concrètes contre le réchauffement entre 2008 et 2012.

2007: la 13e Conférence de l’ONU approuve à Bali (Indonésie) un agenda visant à conclure un nouvel accord international sur la réduction des gaz à effet de serre à appliquer après 2012.

2009: un nouvel accord international sur le climat devrait être signé lors de la conférence de l’ONU, en décembre à Copenhague (Danemrk).

En 2006 à Nairobi, le ministre Moritz Leuenberger avait évoqué une taxe sur les émissions de CO2 lors de la Conférence sur le climat de Nairobi.

En 2007 à Bali, il a fait une première proposition de financement qui a été approuvée par la Suisse en 2008.

Proposition: la taxe fixée en Suisse à 2 dollars par tonne de CO2(environ 0,5 centime par litre de pétrole) générerait quelque 60 millions de francs.

Dans le cadre de la conférence de l’ONU à Poznan, l’organisation écologique Germanwatch a présenté son classement annuel de performance climatique, incluant 57 pays.

La Suisse, pointée du doigt en raison notamment de «l’augmentation de ses gaz à effets de serre» et en raison de sa politique «basée sur des mesures volontaires et non pas contraignantes», y chute de la 9e à la 16e place.

Les engagements pris à Kyoto ne sont pas pour autant remis en cause, selon l’OFEV, qui n’a pas souhaité commenter ce classement. «Nous sommes optimistes quant à une réduction du volume de nos émissions de 8% d’ici 2010, par rapport à 1990», a affirmé M. Aeschlimann, porte-parole.

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