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L’ozone au secours de l’eau

La qualité de l'eau passe par des mesures complexes. Keystone

Des mesures d'assainissement mises en place ces trente dernières années ont permis de stabiliser l'état de santé des lacs et des cours d'eau suisses.

Mais de nouveaux défis se profilent déjà, par exemple la lutte contre les micropolluants. Un essai pilote, basé sur un système d’ozonisation, a été lancé dans le canton de Zurich.

L’urbanisation qui a transformé nos paysages au cours des dernières décennies a entraîné des comportements humains, dont certains ont eu des répercussions négatives sur les réserves aquatiques. Ainsi, des substances difficilement ou pas dégradables étaient déversées dans les eaux usées.

Dans le courant des années septante, la situation avait même atteint un degré particulièrement alarmant. Face à cette situation, les autorités avaient mis en place une série de mesures destinées à corriger ces déséquilibres.

Et, jusque dans les années nonante, la qualité des eaux s’est améliorée peu à peu. Aujourd’hui, les prélèvements font état d’une situation plutôt satisfaisante. Pour améliorer les systèmes d’assainissement des eaux usées, il a fallu mettre en œuvre des efforts et des moyens importants.

Mais, malgré cette vigilance renforcée, de nouveaux défis se dessinent déjà à l’horizon.

Lutte contre les micropolluants

Un problème délicat reste encore à résoudre: la présence d’éléments-traces organiques dans les eaux usées. Ces micropolluants proviennent des résidus de produits chimiques phytosanitaires, de cosmétiques ou de détergents, ainsi que de substances entrant dans la composition des médicaments.

Ces substances sont appelées micropolluants parce qu’elles sont présentes dans l’eau en concentrations extrêmement faibles (de l’ordre du microgramme ou du nanogramme par litre). A titre de comparaison, un milliardième de gramme par litre correspondrait approximativement à la concentration du principe actif d’une seule compresse analgésique répandue dans une piscine de 25 mètres.

Même à faibles doses, la présence de ces micropolluants peut représenter une source de danger pour les écosystèmes aquatiques et les organismes qui y vivent. Ils peuvent notamment engendrer des dysfonctionnements sexuels chez les poissons.

Les centrales traditionnelles d’épuration des eaux ont été conçues pour éliminer des substances telles que les phosphates et les nitrates. Ces agents, solubles dans l’eau, provoquent une prolifération excessive des algues et des plantes aquatiques, ce qui a pour conséquence de d’anéantir les réserves naturelles en oxygène contenues dans l’eau.

De nombreux agents micropolluants échappent ainsi à l’épuration ou ne sont que partiellement éliminés.

Une cure à base d’ozone

Pour optimiser ces systèmes d’assainissement classiques, un projet pilote vient d’être lancé par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), auprès de la station d’épuration de Regensdorf (Zurich). L’essai, qui doit durer 18 mois, prévoit de rajouter une étape supplémentaire dans le cycle d’épuration avec une traitement de l’eau par ozonisation.

De l’oxygène liquide (02) est vaporisé et transformé en ozone (03) dans un générateur avant d’être mélangé aux eaux usées. L’ozone ainsi obtenue par le biais de systèmes électrochimiques se dissocie en radicaux d’oxygène, qui détruisent à leur tour les molécules les plus résistantes, autrement dit les organismes micropolluants.

«Ces eaux se retrouvent ainsi privées de substances polluantes et prêtes à être reversées dans des réceptacles naturels», explique Alberto Barbieri, responsable de l’Office de la protection et de l’épuration des eaux dans le canton du Tessin.

Lutter à la source

Mais les moyens techniques déployés pour assainir les eaux ne sont qu’un aspect du problème. Au départ, les micropolluants sont présents dans des produits dont nous faisons largement usage (médicaments, cosmétiques et détergents), même lorsque ce n’est pas absolument indispensable.

«Le véritable défi consiste à modifier les réflexes de consommation de la population, en ramenant les proportions à des niveaux plus raisonnables, par exemple en ne recourant à certains produits que lorsque c’est vraiment nécessaire», souligne Alberto Barbieri.

Un constat qui prévaut pour l’essentiel des problèmes de protection de l’environnement. Des comportements humains plus responsables permettraient de lutter au moins aussi efficacement que toutes les techniques sophistiquées et coûteuses qui doivent être utilisées en aval.

swissinfo, Andrea Clementi
(Traduction de l’itlaien: Nicole della Pietra)

L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a lancé l’an dernier le projet «Stratégie MicroPoll», pour lutter contre la présence de micropolluants dans les eaux usées. Plusieurs acteurs de la Confédération, des cantons, de la recherche et de l’économie privée y participent.

Il s’agit notamment d’évaluer l’efficacité des centrales d’épuration. Le procédé d’ozonisation lancé à Regendensdorf (Zurich) en fait partie.

D’autres projets ont été lancés pour analyser les conditions d’un traitement préliminaire des eaux usées provenant de structures sanitaires.

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