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Les glaciers suisses reculent plus vite que prévu

Depuis 1850, le glacier d'Aletsch a perdu 3,2 km. Keystone

Depuis 1985, ils ont perdu 20% de leur longueur. L'importance du recul inquiète les scientifiques. Dangers naturels en perspective.

En 1850, Aletsch, le plus grand glacier des Alpes, dans le canton du Valais, mesurait 26,5 km de long. En un siècle et demi, il en a perdu 3,2 si l’on en croit les relevés du Service Mondial de Surveillance des Glaciers (WGMS), à Zurich.

Durant la même période, le glacier du Morteratsch, en Engadine, a reculé de 2,2 km et ne fait plus guère que 6,7 km de longueur. Les glaciers rétrécissent à une vitesse plus grande qu’on ne l’avait prévu, note Martin Hoelzle du WGMS.

Jusqu’ici, les chercheurs estimaient généralement que les glaciers européens auraient fondu de moitié en 2025 par rapport à 1970. En réalité, les glaciers ont déjà diminué de 20% en comparaison des données de 1985.

Cure d’amaigrissement mal venue

Les variations saisonnières d’un glacier dépendent avant tout des précipitations et des températures. Peu de neige en hiver et un été chaud annoncent une sérieuse cure d’amaigrissement.

Mais le recul d’un glacier est en revanche tributaire d’une modification climatique à plus long terme et qui dépend de la taille de la masse glaciaire. Aujourd’hui, les petits glaciers ressentent déjà les effets du réchauffement planétaire.

«Durant le 20e siècle, ce réchauffement a été plus important qu’au cours des 1000 ans précédents», relève le professeur Christoph Schaer, de l’Institut de recherche sur l’atmosphère et le climat à l’École polytechnique fédérale de Zurich.

Selon lui, la Suisse devra revoir à la hausse ses tabelles de températures. Il faudrait même compter sur un réchauffement d’au moins 2 degrés supérieur à la moyenne mondiale. Cela en raison de la situation continentale du pays.

Eboulis et autres menaces en vue

Parmi les conséquences prévisibles de la fonte des glaciers, on notera d’abord la réduction du volume des torrents de montagne et le déficit d’eau dont souffriraient les centrales hydroélectriques.

Le danger d’éboulements et de glissements de terrain est plus grave, estime Hugo Aschwanden, de l’Office fédéral des eaux et de la géologie. En se retirant, la langue de glace abandonne des débris de roche qui peuvent dévaler les pentes en cas de fortes précipitations.

Géologues et géographes attirent également l’attention sur la possible formation de retenues d’eau derrière les nouvelles moraines. En 1995, la commune valaisanne de Saas Balen a dû mener d’importants travaux pour éviter la formation d’un lac indésirable.

Le réchauffement fait aussi peser des menaces sur ce que les scientifiques appellent le «permafrost», c’est à dire les sols gelés en permanence qui contribuent à la stabilité des écosystèmes alpins. Des affaissements et des éboulements sont à redouter.

Nouveaux dangers pour les sports de montagne

D’où un accroissement des risques aussi pour les randonneurs de montagne et pour les alpinistes. Des parcours autrefois facilement accessibles ne sont plus à l’abri des chutes de pierres.

Certaines parois de glace ne sont plus praticables, explique Andrea Bianchi, guide de montagne à Malix, dans les Grisons. Faute d’une solide couche de neige, le ski de randonnée doit être abandonné au printemps déjà alors qu’il se pratiquait jadis jusqu’à l’arrivée de l’été.

swissinfo avec les agences

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