Moritz Leuenberger veut une taxe mondiale sur le CO2
Le président de la Confédération a lancé mercredi un appel en faveur d'une taxe mondiale sur le CO2 lors de la conférence mondiale sur le climat de Nairobi.
Moritz Leuenberger a par ailleurs accompli un acte symbolique en plantant lui-même un arbre avec la Prix Nobel de la Paix et militante écologiste Wangari Maathai.
Moritz Leuenberger – qui est également ministre suisse de l’Environnement – a appelé mercredi ses homologues à ne pas décevoir les «immenses attentes» qui s’expriment dans le monde entier.
«Nous paierions tous le prix d’une défaite, nous tous et nos enfants, a-t-il dit en ouverture du segment ministériel de la conférence internationale sur le climat organisée dans la capitale kenyane.
«Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous consacrer à combattre les causes (du réchauffement climatique). Nous devons nous protéger des menaces immédiates et, là où nous ne le pouvons pas, supporter les conséquences et organiser leur paiement», a-t-il martelé.
Dans ce contexte, une taxe mondiale sur le dioxyde de carbone (CO2, le principal gaz à effet de serre) aurait un double avantage, selon lui: il inciterait les grands producteurs de gaz à effet de serre à réduire leurs émissions et assurerait des moyens financiers «suffisants et prévisibles» pour combattre les changements climatiques.
«Il est absolument nécessaire qu’une taxe sur le CO2 soit introduite le plus rapidement en Suisse. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons respecter les critères de Kyoto», a lancé Moritz Leuenberger plus tard devant la presse. Le texte, qui prévoit une taxe sur les combustibles, fait encore l’objet de discussions au Parlement.
Menace pour la sécurité
Kofi Annan a soutenu la proposition du président de la Confédération, jugeant qu’une telle taxe sur le CO2 atténuerait l’injustice des changements climatiques. «Ceux qui ont jusqu’ici contribué le moins à ce phénomène sont aussi ceux qui en souffrent le plus aujourd’hui», a-t-il affirmé.
Kofi Annan a néanmoins déploré l’«effrayante absence de volonté» politique dans la lutte contre le réchauffement climatique de la planète. Ce phénomène compte pourtant désormais au nombre des principales menaces envers la paix et la sécurité, au même titre que les conflits, la pauvreté et la prolifération des armes, a-t-il souligné.
L’ONU jouera son rôle, a-t-il assuré, «mais la responsabilité première de l’action incombe aux Etats et dès maintenant à ceux qui sont largement responsables de l’accumulation du CO2 dans l’atmosphère», à savoir les pays industrialisés, sommés de «réduire leurs émissions» de gaz à effet de serre (GES).
L’après-Kyoto
Les participants à la conférence ont convenu de la nécessité de prolonger le protocole de Kyoto au-delà de 2012 mais n’ont fixé aucune échéance pour la conclusion d’un nouvel accord comme le souhaitaient les associations écologistes.
Un comité rassemblant des représentants de 165 pays a réaffirmé l’objectif de terminer les travaux « aussi vite que possible pour qu’il n’y ait pas de vide » entre la fin de la première phase du protocole, en 2012, et la deuxième, qui débute en 2013.
Cet objectif a été convenu mardi par les participants mais doit encore être approuvé par les ministres de l’Environnement qui assisteront aux trois derniers jours de la conférence de Nairobi.
«C’était le minimum requis pour garantir la poursuite du processus», a indiqué à Reuters Jennifer Morgan, du groupe de réflexion sur l’environnement E3G, dont le siège est en Grande-Bretagne.
Un milliard d’arbres
Moritz Leuenberger a rencontré la militante écologiste kenyane et Prix Nobel Wangari Maathai en marge de la conférence. Le président de la Confédération a signé une convention avec le Mouvement Green Belt (Ceinture verte), fondée par la militante, pour financer un projet de reforestation.
La Suisse a accepté de financer un petit projet de reforestation – environ 3000 arbres sur une surface de deux hectares – dans la forêt de Karuna. Située à la périphérie de Nairobi, celle-ci a gravement souffert du bûcheronnage.
«Nous apprécions vraiment ce geste de la Suisse, a pour sa part dit Wangari Maathai. Il est particulièrement significatif dans le cadre de cette conférence sur le changement climatique.»
«Planter un arbre, c’est donner un signe d’espoir, a déclaré Moritz Leuenberger. C’est le signe d’une action politique par laquelle on peut sauver le monde.»
L’organisation de Wangari Maathai, également vice-ministre kényane de l’Environnement, a pour but de planter un milliard d’arbres dans le monde en 2007 en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement. Pour l’heure, elle a déjà reçu des engagements pour 19 millions d’arbres.
swissinfo et les agences
Le ministre suisse de l’Environnement Moritz Leuenberger est présent au Kenya et en Ethiopie du 13 au 17 novembre.
La 12e Conférence de l’ONU sur le climat se tient du 6 au 17 à Nairobi, en présence de quelque 6000 délégués et observateurs de 190 pays.
La Suisse a été le 110e pays à ratifier le Protocole de Kyoto en 2003.
Le mouvement Green Belt (Ceinture verte) a été fondé en 1977 par Wangari Maathai avec pour objectif d’affronter les problèmes de la déflorestation, de l’érosion des sols et du manque d’eau.
Avec le temps, Green Belt a étendu son champ d’action et a proposé la défense de l’environnement comme instrument de promotion des droits humains, de la démocratie et de la paix.
En 2007, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement, Green Belt ambitionne de faire planter un milliard d’arbres dans le monde.
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