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Près de Cancún, un village pour sauver la planète

Le village du changement climatique inclut la population locale. swissinfo.ch

A quelques km du Sommet sur le climat de Cancún, des discussions sont menées à un niveau plus terre à terre, dans un village du changement climatique érigé à côté de la route principale qui traverse la ville. Son but: promouvoir le dialogue entre ONG, entreprises et public.

L’approche de la problématique est également différente. Alors que le sommet est une boutique à paroles frénétique, le village cherche davantage à faire sentir et comprendre les enjeux du changement climatique.

Les visiteurs entrent dans le village via «Le Mexique par vos sens», une exposition consacrée à l’identité mexicaine qui avait également été présentée au pavillon mexicain de l’exposition universelle de Shanghai. Cette exposition a déjà fait le tour du monde et a été jusqu’à présent vue par environ 10 millions de personnes.

Apprendre aux enfants

Dans le pavillon suivant, une exposition interactive consacrée au changement climatique est présentée par le Musée pour les enfants de Papalote. Gonzalo Cetima a visité cette exposition cinq jours de suite, car sa fille de trois ans lui demande sans cesse de revenir.

«C’est génial pour les enfants. Ici, à Cancún, nous n’avons rien de tel. Je pense qu’il est très important que les enfants grandissent en apprenant comment recycler», déclare-t-il, pendant que sa fille est justement en train de mettre différents objets dans les bons conteneurs.

«Mais je pense à ce qu’il va se passer dans dix jours, dans une semaine, lorsque tout sera terminé, poursuit-il. C’est très important, parce que dans 20 ans, je ne sais pas quel genre de monde sera laissé à ma fille.»

Trois pourcents pour le climat

C’est d’ailleurs une question que le Forum des jeunes s’est posée. Quelque 200 jeunes en provenance de 50 pays ont pris part à une conférence de cinq jours à l’intérieur de la tente principale du village pour élaborer une déclaration destinée à être remise au Sommet de l’ONU par le gouvernement mexicain.

Ces jeunes en sont arrivés à la conclusion qu’il convient d’établir une taxe de 3%, arguant qu’il faudrait 3% du revenu mondial pour résoudre les problèmes du changement climatique. Dans leur déclaration, ils proposent donc d’ajouter une taxe de 3% sur tous les produits de consommation, afin de financer les investissements en faveur de l’environnement et de l’éducation.

«C’est l’objectif du Village du Changement climatique: permettre à la société civile de s’impliquer dans une thématique qui concerne le monde entier», commente Antonio Montano, l’organisateur du Forum de la jeunesse.

Prise de conscience

Etudiant âgé de 22 ans, Samuel Segura est l’un de ces jeunes qui a participé au forum. Il a dû faire un voyage de 16 heures en bus pour se rendre à Cancún. «J’étais très intéressé par ce qui se passe et je voulais entendre les idées que ce Sommet propose aux jeunes, raison pour laquelle j’ai décidé de venir. J’ai essayé de suivre ce qui se passe au sommet, mais nous sommes trop éloignés de l’endroit où ont lieu les négociations.»

Dans les pays développés, le changement climatique n’est pas une priorité et l’éducation autour de ces problèmes fait défaut, juge-t-il. «Les gens ne connaissent pas les débats actuels, poursuit-il. Le résultat, c’est qu’il n’y a pas de prise de conscience sur les dossiers importants auxquels nous devrons faire face dans 10 à 20 ans. Ce devrait être un signal d’alarme pour la plupart des gens.»

Répartis dans le reste des tentes du village, on trouve également les stands d’entreprises actives dans l’écologie (panneaux solaires, voitures électriques les plus récentes, etc.). C’est là aussi que les organisations non gouvernementales présentent des exemples de leurs projets.

Les stands qui sont de loin les plus fréquentés sont le bar qui distribue gratuitement du café bio de la région du Chiapas et le «Mur climatique», une installation vidéo qui relie le village au bâtiment où les délégations gouvernementales négocient. Les écoliers y font la queue pour poser des questions aux délégués par le biais de Twitter.

Ambiance familiale

A l’extérieur de la tente, le ténor mexicain Fernando de la Mora était mercredi en train de se chauffer la voix en préparation de son concert du soir avec l’Orchestre symphonique national. Des concerts gratuits sont en effet organisés tous les jours. Et chaque soir, la foule des écoliers est remplacée par des familles et des couples qui naviguent entre les stands en attendant le début du concert.

Ce soir là, alors que la zone réservée au concert se remplit, le responsable de Greenpeace International, Kumi Naidoo, participe à son dernier séminaire de la journée. Il faut comprendre le changement climatique comme un problème humain qui touche tout le monde, déclare-t-il à l’audience.

«C’est un combat pour les droits humains», déclare-t-il, ajoutant qu’il est important de réunir toutes les forces pour atténuer et prévenir les effets du changement climatique. Mais il ne pourra y avoir de progrès que lorsque «les honnêtes gens de lèveront et diront qu’assez c’est assez», avertit-il.

Le gouvernement mexicain a décidé de créer le Village du changement climatique sous la forme d’un espace destiné à promouvoir le dialogue sur les questions liées à l’environnement entre les organisations non gouvernementales, le secteur privé et la société civile.

Le village est situé à 13 kilomètres du Moon Palace Hotel, où ont lieu les négociations au niveau gouvernemental.

Le village est en activité depuis le 12 décembre. On y attend 12’000 visiteurs par jour.

C’est là que sera remis un prix au photographe et cinéaste environnemental Yann Arthus-Bertrand pour son film «Home».

Les manifestations culturelles y ont lieu chaque soir dans le cadre d’un festival de musique baptisé «Chanter pour la planète».

Le village abrite aussi des forums quotidiens des ONG sur des projets en lien avec le changement climatique.

(Traduit de l’anglais par Olivier Pauchard)

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