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Tsunami: controverse sur l’aide de la Croix-Rouge

Keystone

Un ancien chef de délégation de la Croix-Rouge suisse (CRS) émet de sévères critiques sur la reconstruction au Sri Lanka. Des millions de francs auraient été employés de manière inefficace à cause d'erreurs de gestion.

La CRS considère ces reproches sans fondements. Un porte-parole a néanmoins reconnu qu’il aurait peut-être été possible de réagir plus rapidement sur la question de l’envoi d’ingénieurs.

«La Croix-Rouge suisse a commis des erreurs de gestion au Sri Lanka», a déclaré lundi à l’agence de presse suisse ATS Max Seelhofer. Selon lui, des millions de francs provenant des donateurs ont été mal utilisés.

Ces griefs ont été publiés lundi par le quotidien alémanique ‘Tages-Anzeiger’. L’ancien délégué reproche notamment à la CRS d’avoir envoyé beaucoup trop tard des ingénieurs chargés de la coordination de la reconstruction de maisons.

D’après Max Seelhofer, les coûts des matériaux de construction et les salaires avaient entretemps fortement augmenté, provoquant des dépenses inappropriées.

Licenciement en cause

Max Seelhofer, qui était chef de la délégation de la CRS dans l’île depuis mars 2005, dit avoir très tôt informé de ces «dysfonctionnements» les responsables de l’organisation. Ces derniers auraient ignoré ses «appels à l’aide».

Il affirme avoir été licencié en septembre dernier en raison de ses critiques. Un porte-parole de la CRS, Karl Schuler, conteste que le départ de Max Seelhofer soit dû aux critiques formulées par celui-ci.

Il s’agit bien plus d’une «perte de confiance» entre le chef de délégation et la centrale de la CRS en Suisse ainsi qu’avec son équipe sur place, a-t-il expliqué à l’ATS.

Le porte-parole n’a pas voulu entrer plus en détails sur les raisons de ce licenciement.

Accusations «sans consistance»

Selon lui, les reproches de Max Seelhofer sont personnels. Les griefs qu’il rend publics ont pour origine la «rancune» qu’il nourrit à l’égard de la CRS, ajoute Karl Schuler.

La plupart de ses accusations sont «sans consistance», estime le porte-parole. Il rejette totalement l’accusation portant sur des «erreurs de gestion».

Sur la question de l’envoi d’ingénieurs, Karl Schuler suppose par contre qu’il «aurait peut-être été possible de réagir plus rapidement».

Toutefois, en mai 2005, presque six mois après le tsunami, un ingénieur du bâtiment était déjà sur place. Deux mois plus tard, un second le rejoignait, tempère-t-il.

6000 constructions d’ici fin 2007

«Juste après la catastrophe, il fallait se concentrer sur l’aide d’urgence. Il était de plus parfaitement impossible de parler de reconstruction dans ce chaos. Dans un premier temps, il s’agissait de nettoyer le terrain et de réparer les infrastructures», poursuit Karl Schuler.

Jusqu’ici, 500 maisons ont été construites ou rénovées par la CRS au Sri Lanka. Quelque 3600 autres ont été édifiées par la population locale avec le soutien de l’organisation suisse.

D’ici fin 2007, ce sont 6000 constructions qui auront été menées à bien, pour un montant de 43 millions de francs, grâce à l’aide de la CRS, conclut le porte-parole.

swissinfo et les agences

Pour tout le territoire dévasté par le tsunami le long de l’Océan indien, l’aide suisse a atteint un total de 220 mio. de francs.
La Chaîne du Bonheur a pu récolter une grande partie des ces fonds auprès de donateurs privés. Elle finance actuellement 112 projets par le biais d’organisations partenaires à hauteur de 187,9 mio. de francs.
La contribution de la Confédération se monte à 35 mio.
La Direction du développement et de la coopération (DDC) a investi environ 16 mio. au Sri Lanka et 12,5 mio. en Indonésie.

Deux ans après le tsunami, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont utilisé près de la moitié des dons reçus, soit 1,4 mia de francs sur un total de 2,8 mia.

La plus grande partie de la somme récoltée, soit 600 mio. de francs, a été destinée à l’Indonésie. 230 mio. ont été consacrés au Sri Lanka.

Au total, la Croix-Rouge a prévu la reconstruction de 50’000 maisons. Près de 8200 d’entre elles sont terminées et 13’000 sont encore en construction.

Jusqu’ici, 89 hôpitaux et cliniques ont également été reconstruits. 212 établissements hospitaliers supplémentaires doivent encore être terminés.

Sur 132 écoles qu’il est prévu de remettre en état, 16 ont déjà été remises à neuf.

Le travail d’aide à la reconstruction s’étendra sur deux ans encore.

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