Des perspectives suisses en 10 langues

50 ans de télévision, trois cultures distinctes

Dès ses débuts, la télévision a changé la vie familliale. Museum für Kommunikation Bern

L’exposition «Prime Time» commémore les 50 ans de la télévision suisse au Musée de la communication de Berne. Ou comment le petit écran est devenu la vedette du salon.

Elle présente sur le mode du divertissement et de l’interactivité un aperçu des cultures télévisuelles selon les régions linguistiques.

Les premières images télévisées officielles furent transmises à partir de Zurich en 1953. Un an plus tard, en 1954, Genève prend le relais et se lance dans la diffusion d’un programme romand.

En 1958, la télévision suisse a été inaugurée officiellement, en même temps que le studio tessinois.

Autant de cultures du petit écran différentes qui font que les Suisses, selon leur appartenance linguistique, ne regardent pas la même télévision depuis 50 ans, malgré la proximité géographique.

Conçue avec la collaboration de SRG SSR Idée suisse, l’exposition reflète ces particularités par le choix des extraits d’émission, de présentateurs vedettes ou même d’habitudes de consommation.

Pour faciliter le décodage, chaque télévision sera donc définie par sa couleur, rouge (alémanique), vert (romande) et bleu (italienne). Ce sont d’ailleurs les trois couleurs de base de la télévision couleur.

Trois cultures cathodiques



Dès l’entrée, les visages de présentateurs ou de journalistes connus dans leur région linguistique se superposent. Tous sont les icônes de la Télévision Suisse Romande (TSR), de Schweizer Fernsehen (SF-DRS), ou de Televisione Svizzera di lingua italiana (TSI).

«On s’est en effet rendu compte que les Romands ne connaissaient pas du tout la télévision suisse alémanique, ni tessinoise et inversement», constate Kurt Stadelmann, directeur du projet. «Prime Time» prend d’ailleurs pour point de départ le spectateur et ses expériences télévisuelles.

Et, si cela peut surprendre, on a délibérément joué sur l’irritation que peut provoquer la méconnaissance de la télévision de l’autre.

Un exemple: quatre salles représentent chacune une décennie. Sur le mur du fond, la photo d’un salon typique de l’époque, afin de montrer que la télévision a tout de suite pris la place d’honneur dans les foyers.

Dans chaque «salon», une langue domine aussi bien sur l’écran principal diffusant des extraits de l’époque, qu’au travers d’accessoires télévisuels ou des textes explicatifs. Les deux autres langues sont aussi présentes, notamment par des bornes interactives, mais minorisées.

Les écrans sont plus petits et les textes, – c’est voulu -, presque illisibles, vert sur rouge par exemple.

Flot d’images

«Nous avons voulu provoquer un questionnement, une réaction et si possible, l’envie de découvrir la culture cathodique de l’autre», rétorque Kurt Stadelmann.

Utopique? Au visiteur de juger. Mais il risque d’être effectivement agacé de ne pas trouver les informations qu’il aurait souhaité sur la télévision qu’il ne connaît justement pas…

«Rappelons toutefois que l’effet recherché est essentiellement visuel et auditif, précise encore Kurt Stadelman. Nous avons voulu plonger le visiteur dans un flot d’images.»

Et effectivement, à la fin de l’exposition, l’effet d’immersion cathodique est complet lorsqu’on passe dans un anneau d’écrans diffusant des programmes actuels pêle-mêle. C’est même plutôt affolant.

Reine du salon



En visitant «Prime Time», on se rend compte que la télévision a, dès ses débuts, fasciné le public. Pour preuve l’augmentation constante et relativement rapide du nombre de téléspectateurs.

Alors que dans les médias, les pro ou anti télévision se lançaient dans la bataille. Et les craintes d’alors – que la télévision ne vampirise la vie privée, que la forme ne soit privilégiée au détriment du contenu ou encore la question de la violence et de son influence sur les enfants – sont toujours d’actualité.

Mais cet «enfant prodigue qui a soulevé beaucoup de méfiance a réussi à atteindre sa maturité, soutient Josepha Haas, cheffe de la communication de SRG SSR. Il a prouvé son sérieux et son ouverture sur le monde».

Et on se rend compte que la télévision, d’objet culte trônant fièrement au centre du salon, est devenue un objet anodin, parfaitement intégré dans nos activités les plus quotidiennes.

C’est ce que démontre le «boulevard de la télévision», une rue stylisée et son front de vitrines de magasins allant des années cinquante à nos jours, où la télévision prend une place de plus en plus prépondérante.

swissinfo, Anne Rubin

L’exposition «Prime Time» dure jusqu’au 25 juillet 2004.

– Les premières images télévisées officielles furent transmises à partir du studio Bellerive de Zurich, le 20 juillet 1953 à 20h30.

– La première année, la station Uto, située sur le Uetliberg près de Zurich, n’émet que le lundi, le mercredi et le vendredi.

-L’année suivante, elle émet tous les jours sauf le mardi.

– En 1954, le studio TV de Genève se lance dans la diffusion d’un programme romand.

-En 1958, ce fût au tour du Tessin d’avoir sa chaîne. Et il faudra attendre 1963 pour que Televisiun Rumantsch se lance à son tour dans l’aventure télévisuelle.

-Le premier spot de publicité est diffusé en 1968.

– Jusqu’à sa régionalisation dans les années 1980, le téléjournal était produit à Zurich en trois langues.

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SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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