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Artistique et populaire, le festival de Locarno revient à ses racines

Une femme et deux hommes assis à une table
De gauche à droite: Raphaël Brunschwig, directeur opérationnel du festival, Lili Hinstin, directrice artistique, et Marco Solari, président du festival, à la présentation du programme 2019. Keystone / Francesca Agosta

Lili Hinstin, nouvelle directrice artistique du Festival international du film de LocarnoLien externe, a dévoilé sa première programmation – l’une des plus audacieuses et des plus prometteuses depuis de nombreuses années. La manifestation tessinoise débute ce mercredi.

«Vitrine» du cinéma européen, mais également «périphérique» (films réalisés hors Europe et Etats-Unis), la 72ème édition du Festival international du film de Locarno promet des surprises et des changements. Jeunes cinéastes et œuvres expérimentales de réalisateurs confirmés, sans oublier films grand public, seront à l’honneur.

Lili Hinstin a su résister à la vague des «feel-good movies». Ces films emplis de bons sentiments, s’adressant au large public, ne tiendront pas le haut de l’affiche des soirées en plein air sur la Piazza Grande qui peut accueillir jusqu’à 8000 personnes.

Quelques changements

La Française entend proposer des films de qualité qui captivent le plus grand nombre. Parmi ceux-ci figurent Once Upon a Time… in HollywoodLien externe de Quentin Tarantino, présenté à Cannes en mai dernier et Diego MaradonaLien externe. Ce documentaire sur les années sombres du footballeur argentin qui a joué à Naples a été réalisé par Asif Kapadia, auteur du célèbre SennaTo the End of the EarthLien externe, du cinéaste japonais Kyoshi Kurosawa connu pour ses films d’horreur, et le thriller germano-autrichien 7500 de Patrick Vollrath sont également au programme. 

C’est le premier long-métrage de Ginevra Elkann, MagariLien externe, qui ouvrira cette 72ème édition. La réalisatrice italienne est la petite-fille de Gianni Agnelli, patron de Fiat décédé en 2003.

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Pour donner un caractère inédit aux deuxièmes parties de soirée sur la Piazza Grande, Lili Hinstin a créé une nouvelle section, les projections «Crazy Midnight», avec des œuvres cultes du réalisateur coréen Bong Joon-hoLien externe et des Américains Jack HillLien externe et John WatersLien externe notamment. Ce dernier recevra un Léopard d’honneur le 16 août. Une rétrospective de ses œuvres ainsi qu’une projection spéciale de l’un de ses films préférés, Show People (1928) de King Vidor, sont prévues. 

La section «Signs of Life», consacrée aux films expérimentaux et novateurs, est désormais intitulée «Moving Ahead»: un hommage à Jonas Mekas, mécène de longue date des films expérimentaux et fondateur des Anthology Film Archives de New York. Le nom de cette section fait référence au film de John Mekas As I Was Moving Ahead Occasionally I Saw Brief Glimpses of BeautyLien externe (2000).

Une nouvelle section consacrée à la réalité virtuelle, «Gender Bender», présentera des œuvres de Suisse, du Canada, de Grèce, d’Ukraine et de France, sélectionnées, selon Lilli Hinstin, moins pour leurs prouesses technologiques que pour leur «perspective artistique contemporaine». Ces films tiendront une place de plus en plus importante dans les prochaines éditions du festival.

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Jeunes talents

Depuis de nombreuses années, le Festival développe des programmes parallèles, dédiés aux jeunes talents. La Locarno Academy propose aux réalisateurs, producteurs et critiques en herbe des formations. swissinfo.ch est l’un des partenaires médias de la Critics Academy, avec Filmexplorer.chLien externe, Film Bulletin, MUBI, Variety et Indiewire.

Autre nouveauté cette année: le «Base Camp». Une ancienne caserne de l’armée hébergera 200 créateurs (cinéastes, artistes, designers, poètes, etc.), âgés de 18 à 30 ans, venus du monde entier. Ces jeunes pousses auront droit à l’accès complet au Festival et à ses coulisses. Nul ne peut deviner ce qui ressortira de cette expérience, mais la nouvelle direction semble prête à prendre quelques risques créatifs. swissinfo.ch présentera à ses lecteurs les résultats les plus aboutis. 

Portée internationale

Le «Swiss Panorama», section traditionnellement consacrée aux œuvres helvétiques, demeure, mais Lili Hinstin précise que tout film suisse ne sera pas automatiquement sélectionné.

Mentionnant «l’impressionnante qualité des œuvres d’une nouvelle génération de cinéastes suisses», la directrice artistique a opté pour des films helvétiques dans les différentes sections du Festival, parallèlement aux films internationaux. «C’est un choix très pertinent», relèvent Giuseppe Salvatore et Ruth Baettig, critiques et éditeurs de Filmexplorer.ch, une revue en ligne d’origine bâloise.

Parmi les films suisses qui seront projetés à Locarno figurent 21 coproductions de la Société suisse de radiodiffusion, maison mère de swissinfo.ch. Beaucoup traitent des questions d’actualité telles que la migration, la diaspora et les questions interculturelles, comme O Fim do MundoLien externe du cinéaste genevois d’origine portugaise Basil da Cunha, sélectionné dans la catégorie «Compétition internationale». Baghdad in my ShadowLien externe, de Samir, réalisateur basé à Zurich né en Irak, ainsi que Shalom AllahLien externe de David Vogel, une enquête sur les Suisses convertis à l’islam qui renvoie le réalisateur à ses racines juives, sont aussi à l’affiche.

Traduction de l’anglais: Zélie Schaller

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