Cannes ou la mort
Derrière les stars et les prétendants à la Palme d’or, Cannes est aussi l’inéluctable rendez-vous des fabricants du septième art. Suisses compris...
La présence la plus révélatrice est celle de Swiss Films qui, sous une tente face à la mer, oeuvre pour le rayonnement du cinéma suisse.
«Cannes a de plus en plus d’importance, lance Micha Schiwow, directeur de Swiss Films. C’est un festival sans concurrence, qui dicte un peu sa loi, il faut bien le reconnaître aussi.»
«Mais Cannes est incontournable, poursuit le patron de cet organisme voué à la diffusion à l’étranger et au rayonnement international de la production suisse. Il serait suicidaire de ne pas être sur place. Il faut s’y faire voir, des milliers de professionnels du cinéma sont là, sur place.»
Cette année, dans la sélection officielle, il faut sortir ses grosses lunettes pour tomber sur un peu de «suissitude». Micha Schiwow ne peut que déplorer. Mais il n’en tire aucune conclusion.
«C’est le fruit du hasard, seuls deux films étaient prêts pour la sélection. Pour un pays qui produit entre dix et quinze longs métrages pas an, il est normal que sa présence varie fortement d’un an à l’autre. La probabilité d’être sélectionné reste toutefois très faible.»
Seul film africain
Après la présentation hors compétition de son dernier long métrage Notre Musique l’an dernier, Jean-Luc Godard est à nouveau là. Et cette fois dans la section «Cannes classics» par l’intermédiaire de Morceaux choisis des Histoire(s) du cinéma, une réflexion sur cette histoire justement.
Mais la Suisse est aussi derrière le seul film africain en compétition – Lève-toi et marche (Delwende) – concourrant dans la section «Un certain regard». Plutôt bien accueilli, ce long métrage réalisé par le Burkinabé S. Pierre Yameogo dénonce certaines traditions et superstitions meurtrières ayant cours sur le contient noir.
La photographie de Delwende est signée Jürg Hassler et le film a été post-produit en Suisse. «Le cinéma suisse est ouvert sur le monde, note Micha Schiwow. A Cannes, il est assez fréquent que des co-productions suisses soient sélectionnées. Cela à aussi à voir avec l’engagement de la Direction pour le développement et la coopération (DDC) dans le cinéma.»
Le court métrage aussi
Pour la troisième année, Swiss Films (avec le Festival de Locarno) tient donc pavillon dans le village international.
Sous une tente de 50 m2 plantée face à la mer, une grande majorité (entre 30 et 40) des producteurs suisses sont là pour trouver des partenariats, finaliser des projets, conclure des accords. Et à quelques heures de la fin du festival, les échos sont positifs, assure Micha Schiwow.
Sa participation cannoise (budget de 50’000 francs) permet aussi à Swiss Films de rencontrer les responsables de tous les grands festivals de cinéma. «Le but est de faire connaître les films achevés, susceptibles d’être sélectionnés. Nous sommes en pleine préparation de festivals comme Locarno et Venise.»
Le cinéma suisse est à Cannes par l’intermédiaire du court métrage aussi, l’un des points forts de la création helvétique avec le documentaire. Huit films – un best of des quelque 150 courts métrages suisses réalisés chaque année – sont présentés sur la Croisette au Short Film Corner, un marché lancé il y a deux ans.
Présentés en projection par Swiss Films, ces courts métrages ont pour certains participé à un mini-concours de trois jours en salle ou/et à une compétition en ligne mise sur pied par le Short Film Corner et Silenceoncourt.tv (projet de l’office national du film du Canada).
14’000 internautes auraient joué le jeu, indique Laure Geissbühler, de Swiss Films. Recherche de diffuseurs, exploration de nouvelles voies pour montrer ces courts métrages, voilà l’ambition.
La Suisse, lieu de tournage
Autre institution helvétique présente à Cannes cette année: Film location Switzerland, mais par l’intermédiaire de Swiss Films uniquement, dont elle fait partie. Là aussi, l’intérêt est patent, des contacts s’établissent chaque jour, note Micha Schiwow.
Sorte d’office du tourisme pour producteurs de cinéma, selon la définition de son directeur Cyril Jost, Film location Switzerland cherche à attirer les tournages sur territoire confédéral. Elle l’a fait en avril dernier à Los Angeles lors du traditionnel «AFCI Location Tradeshow». Mais avec ses moyens limités (165’000 francs pour le budget 2005), elle doit procéder par choix.
Présence réduite, donc, à Cannes cette année, d’autant que Cyril Jost ne disposait pas de grosse production lui permettant de venir greffer un quelconque événement promotionnel.
En partie tournée en Suisse, il a été un temps question que la superproduction Syriana, avec Matt Damon et George Clooney, soit présentée sur la Croisette. Mais sa sortie n’interviendra finalement qu’en septembre.
swissinfo, Pierre-François Besson
Ce 58e Festival de Cannes s’achève dimanche, après l’annonce du palmarès samedi
1540 longs métrages de 97 pays ont été visionnés pour établir une sélection de 53 films de 28 pays
Pour la Suisse, ont été retenus:
Morceaux choisis des Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard dans la section «Cannes classics»
Et en co-production, le film du Burkinabé S. Pierre Yameogo Lève-toi et marche (Delwende) dans la section «Un certain regard»
– Cannes, c’est aussi cette année un retour en arrière sur les précédentes éditions du festival, par l’intermédiaire des photos du Suisse Steeve Iunker. Son exposition s’intitule «Un certain regard».
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