Chorégraphe suisse en vogue

"Under Construction". Manuel Vason

A 38 ans, Gilles Jobin et sa compagnie n'arrêtent pas de se produire, dans toute l'Europe, avec des spectacles d'avant-garde déconcertants.

Le danseur-créateur vaudois se produit en cette fin de semaine, au Théâtre de l’Arsenic à Lausanne.

Tout a été très vite pour Gilles Jobin. Un passage remarqué au ‘Montpellier Danse’ en 1999, une critique élogieuse dans ‘Le Monde’, et le danseur-chorégraphe vaudois était lancé sur le plan international.

Pour preuve, le prestigieux Théâtre de la Ville à Paris a coproduit sa dernière création «Under Construction». «En tant qu’indépendant, j’ai pu ainsi bénéficier de meilleures conditions de travail», constate-t-il.

Avec sa cinquième chorégraphie, Gilles Jobin dit avoir terminé un cycle de danseur esquissant des pièces, pour courir le risque d’endosser une carrière de chorégraphe à part entière.

Organiquement hypnotique

«Under Construction» est une pièce mélancolique qui traite de nos émotions et sensations provenant du tréfonds de nos âmes. Sur une musique de Franz Treichler, des Young Gods.

Et Gilles Jobin de préciser: «Je me suis intéressé aux phénomènes de groupes, aux colonies de fourmis, aux bancs de poissons, aux nuées d’oiseaux. Ce genre de fonctionnement organique, hypnotique».

Cela paraît incroyable, mais «nous n’avons pas encore compris tout ce que l’on fait sur scène…» Sûr que le danseur-chorégraphe suisse se situe dans les nouvelles tendances de la danse!

Gilles Jobin travaille avec un maximum de simplicité, sans costumes, sans décors, sinon un tapis sous et dans lequel se glissent les quatre danseuses et trois danseurs de la troupe.

Jeux d’enfants dans le miroir

«C’est à la fois un retour à l’intérieur du ventre de la mère et une manière de se mouvoir, comme, lorsque enfants, nous jouions à cache-cache».

Car Gilles Jobin part du principe que les images que sa troupe produit sur scène seraient déjà contenues dans le subconscient du spectateur. Son spectacle n’en serait donc que le miroir.

Il suggère ainsi au public de donner, par lui-même, un sens aux glissements et contorsions des corps en mouvements sur scène. «Souvent les gens ne me parlent que bien plus tard de ce qu’ils ont ressenti et compris lors de mes spectacles».

Etonnamment, Gilles Jobin déplore le fait de n’avoir pas été programmé dans d’autres salles de Suisse. Alors qu’il se produit dans les plus grands théâtres, de Londres à Berlin, en passant par Paris, Milan ou Helsinki.

swissinfo/Emmanuel Manzi

Théâtre de l’Arsenic, Lausanne, jeudi 17, vendredi 18 à 20h30 et samedi 19 à 19h. Réservations au 021/ 625.11.36.